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Les fantômes du passé

L’engagement de la communauté internationale en Somalie aujourd’hui est indissociable d’une histoire faite d’échecs et de traumatismes pendant la première moitié des années 1990.
Le 3 décembre 1992, alors que les chefs de guerre alors au pouvoir et leurs combattants accaparent l’aide humanitaire, l’ONU vote la Résolution 794 autorisant l’envoi d’une force militaire pour instaurer les conditions de sécurité nécessaires aux opérations humanitaires en Somalie. Le 9 décembre, les militaires de l’UNITAF (United Allied Forces) débarquent dans le cadre de l’opération Restore Hope. Filmée par les caméras des grands médias internationaux, l’arrivée des soldats américains sur les plages somaliennes se fait avec la conviction que la mission se déroulera sans problème. Pour le président Bill Clinton fraîchement élu, ses équipes de la Maison Blanche et le Pentagone, elle est en effet techniquement facile – bien plus facile en tout cas qu’une mission en ex-Yougoslavie, qu’il s’agit alors d’éviter en intervenant en Somalie – car jamais les bandes armées somaliennes n’oseront s’opposer à une force bien organisée et bien équipée. Mieux, le relief plat parcouru d’épineux épars incite l’administration américaine à considérer qu’il sera très difficile pour les chefs de guerre de monter des embuscades contre les unités escortant les convois de ravitaillement dans l’intérieur du pays (1).

Les débuts de la mission internationale semblent confirmer les anticipations de l’administration américaine mais, rapidement, la mission des forces armées se transforme en une tentative pour écarter les chefs de guerre d’un hypothétique processus de paix et une campagne infructueuse contre le général Muhammad Farah Aïdid, membre du clan Hawiye et chef du Congrès de la Somalie Unie depuis juillet 1991 (2). Dans ce contexte, la situation sur le terrain se tend. Le 5 juin 1993, 24 soldats pakistanais sont tués et, douze jours plus tard, un détachement français doit intervenir pour porter secours à des troupes marocaines encerclées. Ces affrontements culminent avec les événements des 3 et 4 octobre 1993, durant lesquels deux hélicoptères américains UH-60 et 18 militaires des forces spéciales sont tués. Malgré le retrait des unités américaines, les troupes de l’ONU, devenues entretemps par la Résolution 814 du 26 mars 1993 ONUSOM II, restent sur place jusqu’au 6 mars 1995. À ce moment, la situation est pourtant loin d’être réglée. Durant les deux années d’intervention de l’ONU, les Américains et la communauté internationale ont fait preuve d’une totale méconnaissance de la situation locale et de son fonctionnement. Certes, les médiateurs internationaux ont envisagé de s’appuyer sur les clans pour obtenir la cessation des combats, mais ils ont placé sur un pied d’égalité les représentants de l’ensemble des factions sans tenir compte des usages alors en vigueur et de la représentativité et des rapports de force entre les différents clans. Plus grave, la force internationale n’a pas compris – ou pas voulu comprendre – que les chefs de guerre étaient également des chefs de clans (3).

Lorsque la Somalie revient sur le devant de la scène après les attentats du 11 septembre 2001, les États-Unis privilégient ainsi une approche indirecte, maritime d’abord puis terrestre. En 2002, ils mettent en place la Combined Task Force 150 (4) dans le cadre de l’opération Enduring Freedom en Afghanistan, dont l’une des missions est de mener des opérations maritimes dans le golfe d’Aden et sur la côte orientale de la Somalie. Quelques années plus tard, ils appuient également auprès de l’ONU l’Éthiopie dans ses projets d’intervention pour rétablir l’autorité du gouvernement fédéral de transition. L’entrée des forces éthiopiennes dans Mogadiscio le 28 décembre 2006 ne met cependant pas fin aux combats et, lorsqu’elles quittent le pays le 26 janvier 2009, les 8 000 soldats de l’AMISOM, mandatés par l’Union africaine et chargés de la relève, ne contrôlent qu’une petite partie de la capitale.




Notes
(1) Jean-Christophe Mabire, ibid., p. 66.
(2) Pendant le règne de Siad Barré, Aïdid a occupé le poste d’ambassadeur en Inde et de directeur des services secrets somaliens, avant d’être arrêté et emprisonné pendant six années pour traîtrise. Le Congrès de la Somalie Uni a été créé en 1989 avec pour objectif de mettre fin au pouvoir de Siad Barré.
(3) Jean-Christophe Mabire, art. cit., p. 68.
(4) Force opérationnelle navale multinationale dont le quartier général se trouve à Bahreïn, la Combined Task Force 150 est chargée d’assurer une mission de surveillance de l’océan Indien afin de dissuader et d’empêcher les déplacements de groupes terroristes et de lutter contre les trafics qui les financent. En janvier 2009, une autre force internationale, la Combined Task Force 151, est mise en place pour lutter tout particulièrement contre la piraterie au large de la Somalie.

 

SOMALIE: L’historique d’un drame

 



NAIROBI, 29 août 2011 (IRIN) - La Somalie n’a plus de gouvernement effectif depuis janvier 1991, date à laquelle l’ancien président Siyad Barre a été renversé.

Depuis, les affrontements entre chefs militaires, forces gouvernementales et différentes alliances d’insurgés islamistes se sont soldés par la mort de milliers de Somaliens et le déplacement de centaines de milliers d’autres.

Au nord, l’ancien protectorat britannique du Somaliland a proclamé son indépendance du reste de la Somalie en mai 1991, et la région du Puntland, au nord-est du pays, a déclaré son autonomie en 1998. Ces deux régions sont restées relativement paisibles, malgré une recrudescence de l’insécurité dans le Puntland au cours des dernières années.

Lancée en 1992, l’opération Restore Hope (« restaurer l’espoir »), une intervention américaine mandatée par les Nations Unies pour encadrer la distribution d’aide humanitaire à la suite d’une crise alimentaire majeure, a été l’une des tentatives les plus audacieuses pour tourner la page en Somalie.

Voici une chronologie des événements ayant conduit au conflit et à la famine actuels dans certaines régions du centre-sud de la Somalie.

26 juin 1960 : L’ancien protectorat britannique du Somaliland obtient son indépendance ;

1er juillet 1960 : L’ancienne Somalie italienne accède à l’indépendance. Les anciennes colonies britannique (nord-ouest) et italienne (sud) sont fusionnées ;

15 octobre 1969 : Le président démocratiquement élu Abdirashid Ali Sharmarke est assassiné par l’un de ses gardes du corps ;

21 octobre 1969 : L’armée du général de division Mohamed Siyad Barre profite de l’incapacité du Parlement à choisir un nouveau président pour renverser le gouvernement civil. L’armée suspend la constitution, interdit les 86 partis politiques et s’engage à éradiquer la corruption. M. Barre dirige le Conseil révolutionnaire suprême, un organe composé de 25 membres appartenant notamment à la police et à l’armée ;

21 octobre 1970 : La junte militaire proclame la Somalie pays socialiste et adopte le « socialisme scientifique ». On assiste à un glissement vers un encadrement soviétique ; le pouvoir des organes de sécurité et des réseaux du renseignement est renforcé ;

21 octobre 1972 : Le somali est doté d’une transcription écrite. Un alphabet roman modifié est adopté pour l’orthographe officielle de la langue.

1974 : L’une des pires famines, connue sous le nom de Dabadeer (« à longue queue »), frappe le nord et le centre de la Somalie et fait plusieurs milliers de morts. Le gouvernement Barre déplace plusieurs dizaines de milliers de pasteurs vers le sud de la Somalie. Le pays rejoint la Ligue arabe ;

Juillet 1977 : Une guerre d’usure de petite envergure entre des insurgés soutenus par la Somalie et l’armée éthiopienne se transforme en guerre totale lorsque la Somalie déclare la guerre à l’Éthiopie. Elle restera dans l’histoire comme la guerre froide la plus féroce du continent. Les combats se déroulent dans la région éthiopienne du Somali.

13 novembre 1977 : La Somalie expulse environ 6 000 Russes, Cubains et autres alliés soviétiques à la suite du changement de camp de l’Union soviétique et de son alliance avec l’Éthiopie ;

Mars 1978 : Le gouvernement somalien annonce le retrait de ses troupes ;
8 avril 1978 : Après la défaite de l’armée somalienne, un groupe d’officiers de l’armée tente de renverser le régime de M. Barre. La tentative de coup d’État est étouffée, et le président durcit son emprise. Il lance un processus visant à remettre le pouvoir aux mains de ses proches et de son sous-clan, le Darod-Marehan. Il donne également du pouvoir aux sous-clans associés, Dulbahante et Ogadeni ;

Mai 1988 : Le Mouvement national somalien (MNS) monte une offensive dans le nord en réponse aux violentes politiques d’après-guerre du régime. M. Barre riposte en bombardant la zone. Des centaines de milliers de civils sont déplacés et les morts sont nombreux. Il s’agit du premier véritable défi lancé au gouvernement Barre et du début de la prolifération d’une opposition armée au régime ;

Mai 1990 : Un manifeste appelant à une convention de réconciliation nationale afin d’éviter une guerre civile prolongée est publié à Mogadiscio, la capitale. Il est ratifié par 144 personnes représentant tous les clans somaliens, parmi lesquelles des hommes politiques, des chefs religieux, des professionnels et des hommes d’affaires ;

Décembre 1990 : Un soulèvement armé éclate à Mogadiscio ;

27 janvier 1991 : M. Barre s’enfuit de Mogadiscio. Des forces fidèles au Congrès de la Somalie unifiée (CSU), majoritairement composé de membres du clan Hawiye, s’emparent de la ville ;

28 janvier 1991 : Ali Mahdi Mohamed, un hôtelier, est nommé président par le CSU ; La branche militaire du CSU dirigée par le général Mohamed Farah Aydid conteste cette nomination ;

18 mai 1991 : L’ancien protectorat britannique du Somaliland proclame unilatéralement son indépendance du reste de la Somalie dans la ville de Birao ;

Juillet 1991 : Une conférence est organisée à Djibouti à l’occasion de laquelle M. Mohamed est nommé président intérimaire, mais M. Aydid et sa branche du CSU contestent cette nomination ;

17 novembre 1991 : Des combats généralisés éclatent entre les deux factions du CSU ;


Photo: Abdisamad Abdulakdir/IRIN Radio
Le bilan s’élève à plusieurs milliers de morts et de blessés (photo d’archives)

3 mars 1992 : Un cessez-le-feu entre en vigueur entre les factions belligérantes à Mogadiscio ;

1992 : Des combats éclatent dans le nord-est entre le groupe islamiste Al-Ittihad et la milice fidèle au Front démocratique pour le salut de la Somalie (FDSS), mené par le colonel Abdullahi Yusuf Ahmed ;

Avril 1992 : Les Nations Unies lancent l’opération ONUSOM I en Somalie ;
Décembre 1992 : Déploiement de la Force d’intervention unifiée (UNITAF), sous l’égide des États-Unis, à Mogadiscio dans le cadre de l’opération Restore Hope ;

Février 1993 : Une conférence de trois mois est organisée à Borama pour choisir le nouveau dirigeant de l’État autoproclamé du Somaliland. Mohamed Haji Ibrahim Egal, ancien Premier ministre somalien, est élu en mai 1993 ;

Mars 1993 : Nouvelle tentative sérieuse d’établissement d’un dialogue de paix. Une initiative éthiopienne évolue en une conférence de réconciliation bénéficiant du soutien commun des Nations Unies et de l’Éthiopie à Addis-Abeba ;

4 mai 1993 : L’UNITAF passe le relais à l’opération ONUSOM II ;

Une présence d’Al Qaida en Somalie ?

En Somalie, l’islam est arrivé dès les VIIème-VIIIème siècles de notre ère, surtout par le contact des marchands arabes. Aujourd’hui, 98 % de la population est musulmane. L’islam somalien se caractérise par la présence de confréries soufies, en particulier la Qaadiriya et l’Ahmediya. Le sunnisme orthodoxe est la norme, avec un clergé en général proche des élites dirigeantes. Il a fallu attendre la guerre civile consécutive à la chute de Siad Barre en 1991 pour voir l’islam véritablement jouer un rôle important en politique. Le mouvement Al-Ittihad, un des principaux groupes armées de la guerre civile somalienne, avait d’ailleurs été mis sur la liste des organisations terroristes par les Etats-Unis en 1998 ; on peut le considérer comme un surgeon des Frères Musulmans. Il avait des liens avérés avec la mouvance Al Qaïda.

Des shebab, un groupe djihadiste inféodé à al-Qaida,
Mogadiscio, Somalie, le 1er janvier 2010.
REUTERS/Feisal Omar

Que dire d’ailleurs de la présence d’Al Qaïda en Somalie ? Il semblerait que les premiers éléments soient arrivés sur place en février 1993, depuis Peshawar, au Pakistan. Ils auraient même joué un rôle dans les attaques conduites contre les troupes de l’ONU et les Américains cette année-là. Plus vraisemblablement, la Somalie de l’immédiat après-Siad Barre était un excellent point de recrutement pour l’organisation, qui a surtout fourni de l’entraînement à certains Somaliens, fonctionnant un peu comme un camp de forces spéciales. Les membres d’Al Qaïda se heurtent d’ailleurs au problème clanique : leurs convois sont souvent attaqués, et le message a du mal à passer auprès d’une population soucieuse d’abord de se protéger contre les clans voisins. Il est intéressant de voir que l’organisation islamiste se heurte au même problème que les Américains : elle n’arrive pas à cerner le contexte local, et le discours salafiste grippe devant la question de l’enseignement soufi, très développé en Somalie. Elle arrive cependant à conquérir certains secteurs, en particulier le port de Ras Kamboni, sur l’Océan Indien, proche de la frontière avec le Kenya dans le sud du pays ; ce sera d’ailleurs l’un des bastions de l’UTI. Des camps d’entraînement y sont installés pour des volontaires étrangers, non sans opposition locale d’ailleurs


Sources:

http://mecanoblog.wordpress.com
http://www.lemonde.fr/afrique
http://www.slateafrique.com
http://jssnews.com
          

5 juin 1993, 24 militaires pakistanais meurent dans une embuscade


Contingent pakistanais

Le 5 juin 1993, le contingent pakistanais est victime de plusieurs agressions simultanées dans Mogadiscio sud. La plus importante s'est produite lors de la tentative de contrôle d'une zone autorisée de stockage d'armement à proximité des installations de Radio Mogadiscio controlée par la faction du Général Aïdeed. Au cours de ces actions 24 militaires pakistanais trouvent la mort.
La méthode employée par les rebelles sur l'avenue du 21 octocbre a consisté a entourer l'unité pakistanaise par une foule exubérante de femmes et d'enfants qui, tout en manifestant, se presse contre les cordons de militaires pour essayer de dérober des pièces d'équipements (armements, combiné radio, etc...). Obliger d'effectuer des tirs de semonce, l'unité est alors soumise à un tir croisé d'éléments rebelles postés sur les immeubles voisins et de tireurs dissimulés dans la foule.
A la suite de ces incidents, des manifestations hostiles se dévéloppent contre différentes patrouilles, les véhicules et les convois de l'UNOSOM dans Mogadiscio sud. Une véritable psychose s'empare des unités des différents contingents ONU de Mogadiscio, qui s'enferment dans leurs différents cantonnements. Seuls les italiens poursuivent leurs activités de patrouille et de contrôle habituelles.

VCC-1 italien en patrouille dans Mogadiscio

Bersaglier à la point50 de son VCC-1, sur un check-point.
Mogadiscio 1993


"Green Monkey"

Le samedi 27 mars 1993, l'opération "Green Monkey" est déclenchée. Opération de recherche dans la vallée de la Jubba, sous commandement belge. A fin d'épauler la mission, la 24th MEU débarque sur "China Beach" et prend le contrôle des points clés de Kismayo. Le PC de l'Esc F s'installe dans le village de Baar, au plus près de ses éléments engagés dans la vallée.

Le 24th MEU en vue de China Beach
Les premiers Marines à débarquer sont
des Recces à bord de CH-46 SeaKnight
suivi des AAVP-7
pour terminer par les LCAC
amenant le matériel roulant (Hummer, LAV-25, camions,...)
le débarquement du matériel dura toute la journée
précédent l'opération "Green Monkey"
un LAV-25 de la 24th MEU se prépare à faire
mouvement pour prendre position en ville 
les éléments mécanisés de l'USMC rentrent dans Kismayo.
Sur cette photo, deux Hummers passant le Check Point
principal de la Log Base (camp principal) belge
Toute cette mise en place fut, en permanence protégée,
par le survol permanent des AH-1W Cobra au-dessus
de la ville


Kismayo

Kismayo est une ville du sud-est de la Somalie (province du Jubada Hoose dans la région du Jubaland), proche de l’embouchure du fleuve Juba. La population est estimé à environ 70 000 habitants en 2008. Elle est depuis août 2008 sous le contrôle des shebab, un groupe islamiste intégriste qui y a établi la sharia.


Entrée dans Kismayo à partir du port (Belgian Base)

Kismayo 1993

Kismayo 1993. Chantier naval.

Kismayo 1993.
La ville fut fondée par des Bajuni, ethnie bantoue avant que les clans somalis s’installent dans la région.
Kismaayo fut administrée par le sultanat de Zanzibar en 1835, puis occupée par l’Égypte de 1875 à 1876, sous Mehemet Ali. Le 1er juillet 1895, elle fut annexée au protectorat britannique d’Afrique de l’est, avant d’être cédée à l’Italie le 15 juillet 1924. Deux ans plus tard, la ville fut incorporée à la Somalie italienne et devint la capitale de la région de Jubaland.
La Kismaayo moderne doit son développement au savoir-faire de ses habitants qui ont su tisser des relations commerciales avec les comptoirs d'échanges commerciaux de la côte orientale d'Afrique tout au long des siècles passés. Elle devint, au lendemain de l'effondrement de l'État somalien, en janvier 1991, un haut lieu de résistance avant de tomber sous le contrôle des miliciens des chefs de guerre Aîdid et Omar Jesse. Plusieurs centaines de civils, dont un grand nombre de médecins et d'intellectuels, y furent massacrés de manière systématique et ce dans l'objectif de faire fuir par la terreur les citadins. Ville martyre jusqu'à l'arrivée des soldats belges dans le cadre de l'opération Restore Hope à l'automne 1993. Deux ans plus tard, lors de la fin de la mission de l'ONU, l'administration de la ville fut confiée au général Morgan, gendre de l'ancien président de Somalie Siad Barre, et homme lige du clan de ce dernier. Après avoir échoué dans la mission de pacification des clans de la région, le général Morgan a été révoqué mais il s'est maintenu à la tête de l'administration de la région. Il a fallu une grande offensive militaire appuyée par les habitants de Kismaayo et dirigé par le Colonel Barre Hiiraale pour le destituer en 2001.
Cette ville a été le dernier bastion des combattants de l'Union des tribunaux islamiques avant leur chute début 2007 lors d'une offensive conjointe des forces somaliennes et éthiopiennes.
Après une bataille au mois d'août 2008 qui a fait au moins 89 morts, la ville est retombée sous la domination des shebab, qui ont désarmé les milices locales afin de rétablir l'ordre. Parallèlement, ils instauraient la sharia dans sa version la plus radicale, y compris pénale. Ils y ont aussi détruit des sites religieux (chrétiens et soufis).
Source: WorldStatesmen- Somalia

Kismayo 1993.
Kismayo 1993.
Kismayo 1993.
Kismayo 1993.
Kismayo 1993.


"Clean Express"

Le 25 février, Kismayo est déclarée "weapon free zone".
Le 1 Para organise une vaste opération de ratissage en ville et dans la vallée de la Juba, afin de poursuivre la démilitarisation de la ville et de récupérer un maximum d'armes. Cette opération est baptisée "CLEAN EXPRESS". C'est un succès, en effet, 400 armes et 6 tonnes de munitions diverses sont confisquées.

Lors de lcette opération, le PC Foxtrot prend position en ville, à proximité d'un bâtiment occupée par une ONG (et protégée par un peloton de l'USMC), pour rassurer cette organisation qui a peur des représailles somaliennes, malgré la présence en force des marines US dans leur batiment et dans tout Kismayo. En effet, l'USMC a déployé une MEU (Marines Expeditionary Unit) complète dans la ville, pour reprendre les missions du détachement belge (garde et protection des ONG, controle des entrées et des points sensibles de Kismayo).

Le PC "F" en position dans un batiment abandonné
surnommé "le Castel", qui cotoye celui d'une ONG.
Les AAVP-7 de la MEU, sur "China Beach". Plage sécurisée
de la base militaire belge
Un Marine US de garde en bordure d'Hamburger Hill,
le cantonnement des "Vikings".
Patrouille montée US sur Hummer, près du carrefour K2,
à la jonction des axes Tiger et Lion, dans Kismayo.
La mission de protection de l'Airfield fut également reprise
par les soldats américains pendant "Clean Express".

La cellule Etat-Major de l'Escadron F

Dans un Esc, on ne trouve qu'une cellule commandement (2 CVR-T Sultan), ici les F66 (Foxtrot six six) et F55 (Foxtrot five five). Le véhicule prend la lettre de l'Escadron.

Tandis qu'au niveau Bataillon (Bn), il y a deux cellules, celle du Chef de Corps (S66-S33 : Sierra six-six - Sierra three-three) et celle du commandant en second, le Co2 (S55-S22).

Sur le terrain, les deux véhicules se mettent dos à dos, ensuite on "tire" les deux tentes PC entre ceux-ci.

Lors d'un mouvement Bn, la cellule du Co2, prends le relais de la cellule du Co qui est en déplacement. Une fois en position, la première cellule (Co) reprends sa fonction de commandement. Au niveau Esc, le "66" fait mouvement pendant que le "55" reste en position et surtout en liaison radio avec tous les éléments de l'unité. Quand le "66" s'est installé sur sa nouvelle position, il prend le relai pour permettre au "55" de le rejoindre.

Les 2 Sultans dos à dos, devant le bloc qui sert de logement à l'EM de l'Esc,
forment le PC. Le CVR-T à l'avant-plan est celui du commandant (Co) d'Esc,
le F66 (lire : Foxtrot six-six).

Après les évènements des 22-23 et 24 février 1993, la vie se résuma essentiellement aux patrouilles, gardes, QRF (Quick Response Force), escortes de convois, road blocks, P.O. (Poste d'observation et d'écoute), interpositions entre clans, permanences radio, maintenances de l'armement et véhicules, ... , jusqu'au moment des "troubles" suivant.

Moi, de garde, à l'entrée principale de la base belge.
Section Recce pour une patrouille montée dans Kismayo.
Départ pour Kismayo, d'un CVR-T Spartan pour
le ravitaillement des différents Road Blocks et
Sections de garde/protection dans les ONG.
Le Commandant d'Escadron lors
d'une recconaissance de Kismayo.
Escorte de convoi entre Jilib et Kismayo.

Patrouille montée (ici un CVR-T Spartan) au carrefour K2
dans Kismayo.

De retour de patrouille...

"Les Marolles"

Le 21 février 1993, tout l'Escadron prit ses quartiers dans "les Marolles".
Chaque section s'appropriant ce qui restait des batiments (c'est-à-dire 4 voire 3 murs sans ou partie de toit).
Tous les hommes retroussèrent leurs manches pour faire de ces ruines, un lieu de vie plus ou moins convenable. De plus, des installations communes furent réalisées comme des douches, latrines et positions de tirs.
Le remplissage des sacs de sables, par cette chaleur, fut particulièrement éprouvant.
D'ailleurs, cette nuit-là, ces positions d'alertes furent déjà mise à contribution. Des tireurs isolés prirent le campement pour cible. Prémice des combats qui se déroulèrent en villes à partir de cette nuit.

Entrée de l'Esc F dans les Marolles

Prise en charge des batiments

Installation sommaire et spartiate du personnel.
Un coin de paradis...


Premières nuits...

Les premières nuits de l'Esc se passe sur "Hamburger Hill", cantonement du Pl Mortier para/commando belge. Les Vikings comme ils s'aiment se nommer.
Ces premiers jours se déroulent sous tentes, sous une chaleur caniculaire.
Les uniformes étaient trempés de sueurs et de grosses goutes ruisselaient sur les visages!


Village de toiles sur Hamburger Hill, fief des Vikings.

Les premiers CVR-T de l'Escadron allignés sur "Hamburger Hill" le premier jour.
Ils sont tout beau, tout propre avec leur parure blanche... ca ne durera pas!


Marine Base

Photo aérienne du port de Kismayo avec l'emplacement de la Marine Base,
où logeait une partie des unités belges, surnommé "Les Marolles" en souvenir d'un quartier de Bruxelles.
Vue aérienne de la Marine Base et du port de Kismayo

La flèche rouge indique l'emplacement de la base principale de l'Esc F/4ChCh (Esc B du 4ChCh)

Airfield protection

A l'entrée de la zone de sécurité de l'aéroport, un check point américain.

Les soldats US sont lourdement armés et ont le doigt posé sur la détente, assez prompts à la "riposte"...
La moindre détonation et voilà que toutes leurs armes se mettent à cracher le plomb mortel contenu dans les chargeurs.

Ce sont les GI's de la 10th Mountain Divison (unité d'élite de l'US Army) qui sécurisent la zone.

Ceux-ci portent encore l'ancienne tenue désert avec le camouflage dit "chocolat".


Protection de la zone de l'Airfield par la 10th Mountain Division US

Arrivée (Kismayo Airfield)

20 février 1993.
"(...) nous comptons dans nos rangs un certain nombre de visages pâles.Cela nous indique que des renforts sont arrivés.
(...), nous avons vu atterir l'Escadron B du 4ChCh. Avec ses véhicules blindés, il constitue un élément idéal pour la reconnaissances et les escortes sur les pistes ensablées..."

Lettre n°9
Col. JACQMIN

Section de Scimitar du "Peloton d'Installation"
en StandBy, le long de l'Airfield, pour escorte.

En descendant du "géant des airs" qu'est le Galaxy,
constatation est faite que le comité d'accueil est déjà là, à attendre en bordure de l'Arrival de l'Airfield de Kismayo.

Deux Scimitar (Sci) arrivés quelques jours avant, avec le P.I. (Poste d'Installation).

Ils conduiront les nouveaux arrivants au cantonnement, une ancienne base de la marine somalienne, près du port de Kismayo.

Chargement du C-5 Galaxy (26 février 1993)

CVRT Scimitar du Pl 3-0 Esc B/4ChCh au chargement
Les CVR-T du 4ChCh, ici un Scimitar, commence à monter dans l'avion.

Comme vous le remarquez, ces véhicules sont déjà en blanc.

Au départ, l'Escadron de Reconaissance partait sous mandat ONU, donc, tout le charroi fut peint en blanc avec de grand marquage "UN".
A la dernière minute, les ordres changèrent et  les marquages UN furent masqués avec des sticks aux couleurs nationales belges.
Mais plus le temps de remettre les véhicules en vert kaki.

26 février 1993, Airfield de Melsbroek (Bruxelles-Zaventem).

C-5 Galaxy au moment du chargement sur le taxiway
de Melsbroek, en partance pour Kismayo via Frankfurt
et le Caire.
26 février 1993, Melsbroek (Bruxelles).

Un des C-5 Galaxy servant de taxi pour le 4ChCh, vient de se poser.
Un bel et grand oiseau qui, soit dit en passant, est en retard d'inspection...

Eh oui, retard prit à cause de la première guerre du Golf quelques années auparavant.

Par sécurité, l'équipage américain ne le chargeront qu'à la moitié de sa capacité d'emport.

''Opération Restore Hope (Somalie-1992/1993)''



Origine des troubles

En 1969, Mohammed Siad Barre devient le chef de la Somalie après un coup d'état militaire. Durant un peu plus de 20 ans de pouvoir mouvementés, il dirige la Somalie jusqu'a ce qu'une coalition de deux clans opposés (l'United Somalia Congress) ne le renverse, en janvier 1991. Peu après cette révolution, la coalition éclate en deux clans, l'un dirigé par Ali Mahdi et l'autre par Mohammed Farah Aidid.

Cet affrontement détruit peu à peu les réserves agricoles de la Somalie, conduisant a la famine des populations civiles.


L'opération Restore Hope
L'ONU demande tout d'abord un cessez-le-feu aux deux clans, mais devant les pillages des convois humanitaires et le non-respect du cessez-le-feu, l'ONU demande de l'aide, et les État-Unis proposent d'envoyer une force armée pour rétablir l'ordre. Cette proposition est acceptée le 5 décembre 1992, et ainsi, le 9 décembre 1992, les premiers marines Us débarquent sur les plages.
Les États-Unis engagent 28 000 soldats, et d'autres forces armées s'engagent dans le conflit, notamment le Pakistan.

La force internationale de l'ONU a aussi pour but de désarmer les differents clans somaliens pour pouvoir mettre un terme à la violence. Cependant, de nombreux accrochages font que leur mission ne se déroule pas dans de bonnes conditions : le 5 juin 1993, 24 soldats pakistanais sont tués par des manifestants armés lors de l'inspection d'un site de stokage d'armes somalien. Aidid est tenu pour responsable par les États-Unis qui mettent sa tête a prix et offrent 25 000 $ pour toute information menant à lui, le 19 juin 1993.

Du 12 au 16 juin 1993, les forces Onusienes et États-unienes attaquent la ville de Mogadishu, bastion d'Aidi. Des hélicoptères Cobra attaquent une maison de Mogadishu où se déroulait une réunion de chef de clan. Lorsque 4 journalistes occidentaux tentent d'approcher de la scene, ils sont battus à mort par la foule en colère.

Les Américains tentent alors de captuerer Aidi, et montent une opération pour l'enlever. Cette opération se déroule le 3 octobre 1993 et précipite le départ des forces Américaines.


L'opération du 3 octobre 1993

Pour mettre un terme à la guerre civile, les commandants Américains projettent de capturer Aidi dans Mogadishu. Cependant, aux États-Unis, l'administration Clinton crée un plan pour négocier secrètement avec Aidi, information qui ne parvient pas aux quartiers généraux Américains en Somalie.

 
Le 3 octobre 1993, les Rangers et la Delta Force investissent par héliportage l'Olympique Hotel de Mogadishu pour trouver Aidi. Mal coordonnés, les forces Américaines se retrouvent progressivement isolées et l'opération tourne à la débacle. Coincés dans la ville, les groupes de Rangers et la Delta Force attendent les secours pendant plus de 70 heures. Cette opération fera 19 morts Américains, 1 mort malais et plusieurs centaines de morts somaliens (peut etre même 1000, selon certaines sources).

De plus, des corps de Marines sont exposés par les foules en colère aux médias occidentaux, et choquent particulierement les familles Américaines, ce qui conduit les états majors États-Uniens à annoncer leur départ prochain.


Le retrait de l'ONU

Les États-Unis annoncent leur départ pour le 31 mars 1994 et qu'une solution politique doit etre trouvée d'ici là. Une première conférence est organisée sous les bons offices de l'Éthiopie à Addis-Abéba. Elle ne permet pas d'aboutir. De nouvelles discussions s'ouvrent en janvier 1994 entre les deux principaux clans du pays. Une paix est trouvée entre les Haber Gidir et les Abgal (les deux clans rivaux). Puis, le 24 mars 1994, un accord de paix est signé à Nairobi, mais sans donner de garantie sur le calme dans le pays.


Après le départ des forces Américaines, 20 000 troupes de l'ONU étaient toujours présentent, mais à la fin de l'été 1994, l'ONU se retire, mettant fin à l'opération Restore Hope.