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SÉCURITÉ : Une force d’intervention rapide pour répondre à la situation en Afrique


Le groupement tactique 8 de l’Ouganda
avant son déploiement à Mogadiscio

JOHANNESBOURG, 10 May 2012 (IRIN) - Les crises qui secouent le continent africain ont à la fois favorisé et entravé la formation de la Force africaine en attente (FAA) de l’Union africaine (UA) – une force d’intervention rapide qui pourrait être composée de 30 000 soldats déployés dans le cadre d’opérations allant du maintien de la paix aux interventions militaires directes.

La mise en œuvre de la FAA, initialement prévue en 2010, devrait intervenir en 2015 ; malgré le retard accusé, la FAA est de plus en plus fréquemment impliquée dans les procédures liées aux opérations de sécurité menées par l’UA.

La FAA « est loin d’être opérationnelle », a dit à IRIN Ramtane Lamamra, le Commissaire à la paix et à la sécurité de l’Union Africaine, mais « au niveau politique, elle bénéficie d’un fort soutien, conformément au principe directeur selon lequel il faut des solutions africaines aux problèmes africains ».

Une fois opérationnelle, la FAA se composera de cinq forces régionales qui fourniront chacune 5 000 soldats : la brigade de la Communauté de développement de l’Afrique australe (SADCBRIG), la brigade en attente de l’Afrique orientale (EASBRIG), la brigade de la Communauté économique des États de l’Afrique de l’Ouest (ECOBRIG), la Capacité régionale de l’Afrique du Nord (NARC) et la brigade de la Communauté économique des États de l’Afrique Centrale (ECCASBRIG), également connue sous le nom de Force multinationale d’Afrique centrale (FOMAC).

Contrairement aux forces nationales, les forces régionales ne constituent pas une armée permanente. Comme le Conseil de paix et de sécurité de la FAA de l’UA le stipule, elles « seront composées de contingents multidisciplinaires en attente, avec composantes civiles et militaires, stationnées dans leurs pays d’origine et prêtes à être déployées rapidement, aussitôt que requis ».

La FAA est un héritage de l’Acte constitutif de l’UA qui a été adopté en 2000 et qui a vu l’UA succéder à l’Organisation de l’unité africaine (OUA). Contrairement à l’OUA qui fonctionnait selon le principe de la non-ingérence dans les affaires des États membres, l’Acte donnait à l’UA le droit d’intervenir dans les situations de crises et lui donnait l’obligation de le faire « dans certaines circonstances graves, comme les crimes de guerre, le génocide et les crimes contre l’humanité ».

M. Lamamra a indiqué que la FAA « prévoit la mise à disposition immédiate des instruments [d’intervention et de prévention] qui doit se traduire par des actes concrets ... lorsqu’ils concernent la mise en application de décisions prises par les organes légitimes de l’Union africaine, comme les cas de changements anticonstitutionnels de gouvernement … ou de rébellions armées, telle la situation du terrorisme dans le nord du Mali ».

La Mission de l’Union africaine en Somalie (AMISOM) a été citée en exemple de ce que la FAA pourrait être. « Je pense que l’AMISOM constitue un modèle d’apprentissage pour la force en attente. Nous devons tirer les leçons du processus de l’AMISOM – cinq ans de présence effective sur le terrain dans des situations assez difficiles », a dit M. Lamamra.

« La leçon à tirer des actions de l’AMISOM est que les Africains devraient être prêts à faire des sacrifices, et l’Ouganda a démontré avec brio qu’il était prêt à faire des sacrifices pour le bien de l’Afrique ». L’Ouganda était le principal contributeur de troupes à la mission de l’Union africaine qui a soutenu le gouvernement somalien confronté aux rebelles djihadistes.

L’UA a envoyé 14 officiers d’état-major à Mogadiscio, la capitale de la Somalie, « lors du tout premier déploiement des soldats de la FAA », a dit à IRIN El Gassim Wane, le directeur du Conseil de paix et de sécurité de l’UA.

Un exercice de terrain – l’opération Amani II, mise en œuvre après l’opération d’évaluation Amani I de 2010 – est prévu pour 2014 et trois des cinq brigades devraient y prendre part.

Article 4 (h)

M. Lamamra était convaincu que d’ici 2015 toutes les brigades régionales de la FAA – à l’exception probable de la NARC, en raison des perturbations liées au Printemps arabe – seraient opérationnelles et capables de répondre aux critères de l'Article 4 (h) de l’UA, qui a inspiré le développement international de la doctrine de la responsabilité de protéger (R2P) des Nations Unies.
L’Article 4 (h) présente six scénarios. Le premier prévoit l’envoi d’un conseiller militaire régional dans le cadre d’une mission politique ; le second, une mission d’observation de l’UA dans le cadre d’une mission des Nations Unies ; le troisième, une mission d’observation régionale autonome ; le quatrième, le déploiement d’une force de maintien de la paix régionale au titre du chapitre VI de la Charte des Nations Unies, dans les 30 jours à compter du mandat de l’UA. Le cinquième scénario prévoit des missions multidimensionnelles de maintien de la paix, avec un déploiement dans les 90 jours du mandat de l’UA. Le scénario six concerne les « circonstances graves », comme le génocide, et prévoit un déploiement dans les 14 jours.

M. Lamamra a indiqué que la période 14 jours prévue dans le scénario d’intervention six devrait être ramenée à sept jours. « Par exemple, la résolution 1973 du Conseil de sécurité des Nations Unies a été adoptée le 17 mars et l’intervention militaire a débuté le 19 mars – la période de 14 jours aurait été trop longue en matière de protection des populations civiles ».

Dans un article de 2010, « The Role and Place of the African Standby Force within the African Peace and Security Architecture », Solomon Dersso, un chercheur du bureau d’Addis Abeba de l’Institut d’études de sécurité (ISS), un groupe de réflexion basé à Pretoria, note que « l’Article 4 (h) donne non seulement une base légale à l’intervention, mais oblige également l’UA à intervenir pour prévenir ou mettre fin à la perpétration de crimes internationaux aussi monstrueux sur tout le continent ».
Toutefois, l’application du principe de R2P incombe au Conseil de sécurité, tandis que l’application de l’Article 4 (h) incombe à l’UA et ne requiert pas l’accord du Conseil de sécurité.

Le scénario d’intervention six prévu par l’Article 4 (h) n’a pas encore été utilisé par l’UA et M. Dersso a indiqué à IRIN qu’il « doutait sincèrement » que l’article soit invoqué à court terme contre des États membres, car « cela priverait l’UA de tout moyen de pression sur le gouvernement ciblé », et l’UA a déjà « renoncé » à appliquer cet article au Darfour.

Selon lui, la FAA devrait pouvoir respecter le scénario cinq de l’Article 4 (h) d’ici à 2015, mais il a indiqué que le développement des forces régionales s’effectuait à des rythmes différents.

Le développement à deux vitesses des brigades régionales – celles de la CEDEAO et de la SADC sont les plus avancées – n’est pas seulement une conséquence de l’existence des deux blocs régionaux qui abritent les puissances économiques que sont le Nigéria et l’Afrique du Sud, a dit à IRIN El Gassim Wane ; directeur du Conseil de paix et de sécurité de l’UA.

« La CEDEAO et la SADC ont fait d’immenses progrès, tout comme la brigade de l’Afrique de l’Est, tandis que la NARC au Nord a pris du retard avant de réaliser des progrès, mais la crise libyenne a mis fin à ces avancées », a-t-il dit.

« L’argent a joué un rôle, mais l’argent seul n’explique pas tout. La CEDEAO et la SADC se sont très vite intéressées aux questions relatives aux conflits et à la sécurité, et ont donc eu un avantage dès le début. L’expérience ainsi que la durée de leur implication dans les questions de paix et de sécurité ont certainement joué un rôle majeur », a dit M. Wane.

Alex de Waal, directeur exécutif de la World Peace Foundation, a dit à IRIN que la disponibilité d’une force en attente pourrait altérer les jugements.

« Intrinsèquement, dans la plupart de ces situations, une réponse politique est nécessaire, et si une force en attente est disponible, on peut être tenté d’y recourir, car on a une capacité militaire … Mon inquiétude concernant le Mali, par exemple, est que l’option militaire risque de mener l’UA dans une situation identique à celle de la Somalie, où l’utilisation de la force militaire par les États-Unis et l’Éthiopie il y a cinq ou six ans a eu de graves conséquences. Cela dit - oui, dans une situation où un déploiement de forces de maintien de la paix est nécessaire dans le cadre d’une initiative politique, il est logique d’y avoir recours ».

Alternatives à la FAA ?


Des experts se sont demandé si les 30 000 soldats de la FAA seraient capables de faire face aux crises qui secouent le continent, et l’année 2012 a montré que ces inquiétudes étaient justifiées. Cette année, plusieurs crises ont éclaté en l’espace de quelques semaines : la relation difficile entre le Soudan du Sud et le Soudan s’est détériorée et a entraîné des affrontements à la frontière, le Mali et la Guinée-Bissau ont connu des coups d’états. 

M. Wane a dit que lorsque la FAA serait établie, elle ne serait pas nécessairement la seule option de sécurité à la disposition de l’UA, et que l’opération lancée par quatre pays à l’encontre de l’Armée de résistance du Seigneur (LRA) de Joseph Kony, un mouvement rebelle né dans le nord de l’Ouganda, pourrait constituer un exemple utile à l’avenir.

« Ce n’est pas vraiment une opération de la FAA, car la FAA a son propre processus, et elle n’a pas vraiment été conçue comme une opération de la FAA – elle a été conçue comme un arrangement ad hoc, très flexible visant à renforcer l’efficacité de la réponse à la LRA une fois pour toute. C’est une manière très flexible et créative de répondre à une question de sécurité spécifique … Qui sait ? Nous pourrons la reproduire ailleurs, en cas de problème de sécurité », a-t-il dit.

La force qui s’est opposée à la LRA – composée de soldats de la République centrafricaine (RCA), du Soudan du Sud et de l’Ouganda – l’a déjà combattue par le passé, mais elle est différente, car elle opère sous l’égide de l’UA.

Abou Moussa, Représentant spécial du Secrétaire général pour l’Afrique centrale et Chef du Bureau régional des Nations Unies pour l’Afrique centrale, basé à Libreville au Gabon, a dit à IRIN : « Ce déploiement [contre la LRA] est particulier, il est « autorisé » et non pas « mandaté ».
« Dans le cadre d’un déploiement autorisé, chaque pays répond aux besoins et aux exigences de ses propres troupes sans contribution de l’UA. C’est extrêmement important, car le déploiement peut être considéré comme leur contribution pour mettre fin aux agissements de M. Kony. Le déploiement est très coûteux, L’UA couvre toutefois les besoins des officiers d’état-major – environ trente d’entre eux sont stationnés dans les différents centres de coordination ».

La force de l’UA dispose de trois centres des opérations, situés à Dungu (RDC), Obo (RCA) et Nzara au Soudan du Sud. Son quartier général se trouve à Yambio, au Soudan du Sud.

« L’Initiative de coopération régionale [contre la LRA] implique des changements plus subtils dans la manière dont l’opération est conduite, avec des représentants des quatre pays présents au sein de la structure de commandement à Yambio », qui contourne la question sensible sur le plan politique du refus de la RDC d’accueillir les troupes soudanaises sur son sol, a dit à IRIN Ned Dalby, un expert de l’Afrique centrale de l’International Crisis Group, une organisation non gouvernementale (ONG) qui œuvre en faveur de la résolution des conflits.

En juillet 2005, la Cour pénale internationale a inculpé M. Kony et quatre de ses commandants, Okot Odhiambo, Dominic Ongwen, Raska Lukwiya et Vincent Otti pour crimes contre l’humanité et crimes de guerre. M. Lukwiya et M. Otti ont par la suite été tués, mais les mandats d’arrêt lancés à l’encontre des trois autres hommes n’ont toujours pas été exécutés. La LRA n’opère plus en Ouganda depuis 2006.


Hélicoptère en panne, le SAV européen


récupération de la pièce droppée (crédit : marine néerlandaise)

(BRUXELLES2) Comment faire quand on a un hélicoptère en panne à bord d’un navire le long des côtes somaliennes ? Le capitaine du HLMNS Van Amstel était bien embêté. Lundi son hélicoptère de bord, Lynx, avait dû faire un atterrissage d’urgence, en raison d’une fuite dans le circuit hydraulique. Et sans hélicoptère à bord d’une frégate, la chasse aux pirates devient un peu une chasse à l’aveugle… Encore plus la surveillance des côtes, sa mission.

La solution a été trouvée avec un peu d’astuce et la solidarité de ses homologues européens engagés dans l’opération Eunavfor Atalanta. Un militaire du FHQ logistique de Djibouti est parti chercher la pièce aux Pays-Bas. Une fois revenu, elle a été embarquée dans un avion de patrouille maritime, le P3 Orion espagnol, qui l’a droppée en mer. A charge pour les marins néerlandais de récupérer la pièce. Apparemment, avec succès. Le mécanicien de bord était tout heureux de pouvoir remettre tout en place. En attendant, c’est l’hélicoptère de bord allemand du FGS Berlin qui a apporté différents matériels et équipements tandis que le navire de commandement français, le FS Marne, l’approvisionnait en carburant… Ouf !
Les camps de pirates n’ont désormais plus qu’à bien se tenir. Les Néerlandais ont repris leur mission de surveillance de la côte, voire plus… Des actions plus offensives étant désormais étudiées très concrètement…


Davantage de moyens et de coopération dans la lutte contre la piraterie, demande le Parlement

(BRUXELLES2) La lutte contre la piraterie et ses causes doit constituer « une priorité de l’action de UE ». C’est le sens essentiel du projet de résolution que doit voter cet après-midi (10 mai) le Parlement européen réuni en session plénière (*). Il ne s’agit pas d’une priorité théorique. L’Union européenne a un « intérêt réel », souligne-t-il, à contribuer à la sécurité maritime internationale : 10 000 navires européens traversent chaque année des zones maritimes dangereuses – estime les parlementaires – sans parler des otages et navires entre les mains des pirates.
  • NB : ce projet résulte d’une résolution commune entre les principaux groupes politiques du Parlement (chrétiens démocrates du PPE, sociaux et démocrates S&D, libéraux et démocrates ALDE et conservateurs ECR). Elle résulte d’une initiative des députés de la commission transports : le grec Georgios Koumoutsakos (Nouvelle démocratie / PPE), le belge Saïd El Khadraoui (SPA / S&D), la nationaliste basque , ancienne conseillère municipale de Bermeo, un des ports d’origine des pêcheurs basques dans l’Océan, Izaskun Bilbao Barandica (Parti nationaliste basque / ALDE), et le néerlandais Peter van Dalen (ChristenUnie / ECR). Précisons que Verts et Gue ne se sont pas ralliés à cette résolution demandant des amendements notamment pour s’inquiéter de la militarisation de la lutte contre la piraterie.
Libérer les otages
Les eurodéputés demandent d’ailleurs à la Haute représentante et aux Etats membres « d’envisager d’urgence » des moyens d’obtenir la libération des (191) marins actuellement retenus en otage et, « en parallèle, à assurer la restitution des sept navires détournés ». Il demande aussi « instamment aux États membres de fournir plus de moyens navals » pour assurer la réussite de l’opération Atalanta.

L’impunité des pirates inquiète
« La persistance de l’impunité des actes de piraterie constitue un obstacle à la dissuasion ». Le Parlement regrette « que certains États membres de l’Union européenne disposent de sauvegardes en matière de droit pénal inadéquates ». Il demande aux Etats qui ne l’ont pas encore fait de transposer les instruments internationaux (convention de Montego Bay et convention pour la répression d’actes illicites contre la sécurité de la navigation maritime). Il se prononce cependant surtout en faveur d’un jugement dans les pays de la région.
Il demande ainsi au Conseil et la Commission de « continuer d’étudier les possibilités de procès dans les pays de la région et à œuvrer en faveur de la mise en place d’un tribunal international spécial pour la lutte contre la piraterie en Somalie et dans les autres États de la région ». La lutte contre le blanchiment des sommes recueillies par les pirates est aussi nécessaire, explique-t-il.

Pour une stratégie européenne de l’emploi de gardes privés
L’emploi de gardes armés privés « constitue une mesure qui ne saurait se substituer au règlement global nécessaire de la menace aux aspects multiples que représente la piraterie » souligne le Parlement. Certains pays ont déjà légiféré sur la question, le Parlement en « prend acte » mais demande à la Commission et au Conseil de définir « une stratégie de l’Union européenne sur l’emploi de personnel armé agréé à bord afin d’assurer une bonne mise en œuvre des initiatives de l’Organisation maritime internationale ».
Les opérations européennes de PeSDC
Plus de moyens pour la mission EUNAVFOR
La mission anti-piraterie existe. Et le Parlement européen s’en félicite. Il demande d’ailleurs à EUNAVFOR d’avoir une action plus active, de répondre « efficacement » à l’utilisation accrue de navires marchands comme « navires ravitailleurs« . Il estime demande « une coordination plus poussée, au titre du mécanisme SHADE, entre l’Union européenne, l’OTAN, les trois principales opérations de lutte contre la piraterie dans la région (EUNAVFOR, CTF‑150/151 et TF‑508 Ocean Shield de l’OTAN) et les diverses forces navales internationales « afin d’éviter tout doublon inutile ».

Et davantage de coopération
Il souhaite également une meilleure « coopération » avec Europol et Interpol comme avec l’Agence européenne de sécurité maritime. Les États membres devraient « autoriser (l’Agence) à fournir les données (d’identification et de suivi à distance LRIT) précises et les images satellite (des navires battant pavillon de l’Union européenne) qui croisent dans cette zone à EUNAVFOR ».

Revoir les règles de commandement
Avec la mise en place de l’Ops Center pour la Corne de l’Afrique, le Parlement estime que certaines dispositions de commandement des opérations EUNAVFOR Atalanta et EUTM Somalia sont obsolètes. Il demande donc « une révision des dispositions de commandement qui régissent actuellement les opérations EUNAVFOR Atalanta et EUTM Somalia ».
Capacités maritimes de la région, des patrouilleurs, des sous
Il faut « tout mettre en œuvre » pour que la mission « Eucap Nestor » de renforcement des capacités maritimes régionales « soit déployée l’été prochain dans cette région » souligne la résolution (lire également : 3,5 missions de la PeSDC dans les startings block). Mais la formation n’est pas tout. Les Etats devraient  « aussi fournir une assistance substantielle à la mission et à la région, avec notamment des patrouilleurs maritimes ».
Cette mission est complémentaire d’autres actions menées par la Commission notamment le projet Marsic visant à sécuriser les voies maritimes importantes. Et le projet Mase, mené par les pays de l’Est et du Sud de l’Afrique et de l’océan Indien, projet auquel le Parlement souhaite que l’Union européenne affecte une « subvention de démarrage » de 2 millions d’euros.


La frégate Nivôse rejoint l'opération Atalante

crédits : EU NAVFOR
11/05/2012

Un nouveau bâtiment de la Marine nationale a rejoint l'opération européenne Atalante de lutte contre la piraterie au large de la corne d'Afrique. Basée à La Réunion, la frégate de surveillance Nivôse, qui embarque notamment un hélicoptère Panther, a intégré l'EU-NAVFOR (Task Force 465). Celle-ci est actuellement placée sous les ordres du contre-amiral français Jean-Baptiste Dupuis, installé avec son état-major sur le bâtiment de commandement et de ravitaillement Marne. Au sein de cette force aéronavale, le Nivôse assurera l'escorte des navires du Programme Alimentaire Mondial (PAM) et de la Mission de l'Union Africaine en Somalie (AMISOM) ; ainsi que la prévention des actes de piraterie et la protection des bateaux de commerce transitant au nord de l'océan Indien et dans le golfe d'Aden. « Pour mener à bien cette mission, l'équipage a donc du se préparer, lui et ses équipements, pour être parfaitement opérationnel dès son intégration à la force européenne. Communications chiffrées, renseignement, organisation opérationnelle, armements, procédures juridiques etc... la frégate est désormais parfaitement configurée pour Atalante et peut quitter le port base et l'île de la Réunion sereinement », explique l'équipage.

Avant l'intégration à la TF 465, un important exercice s'est déroulé à l'île Maurice afin de parfaire l'entrainement des marins français dans le domaine du recueil et du transfert de preuves après un acte de lutte anti piraterie. « Des autorités judiciaires mauriciennes ont donc embarqué à bord de la frégate pour juger de son savoir-faire en la matière et éprouver les procédures judiciaires. A l'accostage, plus de 50 policiers mauriciens attendaient le Nivôse à Port Louis pour la dernière phase de l'exercice ».
 
URL Source : http://www.meretmarine.com/article.cfm?id=119560&u=101701&xtor=EPR-56-[newsletter]-20120511-[article]

La remise en cause des frontières

© Diasporas-News par DR
Les empires coloniaux d`Afrique en 1914

Héritage de l’époque coloniale, les frontières africaines ont été tracées au cordeau sans tenir compte des spécificités historiques. Que de conflits entre deux pays ou au sein même d’un Etat ont jalonné les 50 ans qui ont suivi les indépendances. Et maintenant, avec un développement socioéconomique avorté et de matières premières suscitant de nombreuses convoitises, que nous réserve les 50 prochaines années ?

Nos pères de la Nation doivent être bien retournés dans leur tombe. Constatons que 50 ans seulement après nos indépendances, nombre de frontières des Etats-nation africains sont ébranlées : le principe d’intangibilité des frontières hérité de la colonisation ne résiste pas à l’épreuve du temps. Cette jurisprudence prend sa source en Amérique du Sud au 19ème siècle lorsque les nouveaux Etats ont appliqué un principe du droit international appelé : uti possidetis juris (comme vous avez possédé, vous continuerez à posséder). L’objectif premier fut de réduire les querelles frontalières entre les nouveaux Etats indépendants sud-américains. Ce qui n’a pas empêché le Chili d’étendre par la force ses frontières nord avec la Bolivie et le Pérou pendant la guerre dite du Pacifique (1879 à 1884).

En 1963, la toute jeune OUA, subodorant la bombe à retardement que les puissances coloniales leur ont laissé en héritage, a préféré figer les frontières issues de la conférence de Berlin de 1885. L’histoire retiendra que dans les coulisses, cette décision était le fruit d’une discussion âpre entre de deux camps : les progressistes (Egypte, Maroc, Mali, Guinée, Ghana, Algérie) et les modérés (Ethiopie, Tunisie, Lybie, Libéria, Nigéria, Togo, Sierra-Leone). Tout au long de son existence et jusqu’à son acte de décès signé sur le bord du Syrte en 1999 en Lybie, l’OUA a dû consacrer énormément d’efforts pour rabibocher ou résoudre les conflits frontaliers et à l’intérieur même des frontières.

Conflit inter-étatique : La guerre des sables de 1963

En 1956, au moment de la proclamation de son indépendance, le Maroc s’est senti dépouillé de plusieurs pans de son territoire et en revendiquait en retour la souveraineté. L’empire chérifien a été réduit à une portion congrue face à ses voisins algériens, mauritaniens et sahraouies, une conséquence de la colonisation espagnole et française.

L’Algérie et le Maroc se sont alors disputés les régions de Tindouf et de Hassi-Beïda. Considérée par la France, comme un désert inhabité avec un tracé assez flou des frontières, cette région a eu un regain d’intérêt et été vite préemptée par la puissance coloniale au début des années 1950 à la suite de découvertes de gisements de pétrole. Ce litige, entre l’Algérie et le Maroc, a été le premier cas de médiation porté devant les instances de l’OUA après les échecs successifs d’Habib Bourguiba, Hailé Sélassié et Nasser. Un cessez-le-feu a été finalement signé en octobre 1963 entre les belligérants à Bamako sous l’égide du secrétaire général de l’OUA, l’empereur Hailé Sélassié et l’hôte des négociations, en l’occurrence Modibo Keita.

En 1975, les deux voisins se sont de nouveau entredéchirés au sud du Maroc. Il s’agit du territoire du Sahara détenu par l’Espagne, coincé entre la Mauritanie et le Maroc. Au moment de son retrait, l’ancien colonisateur a promis de partager le Sahraoui entre les deux pays alors qu’avait toujours existé une population qui revendiquait leur indépendance pour créer la République Arabe Sahraouie Démocratique (RASD) : le Front Polisario. Pris en sandwich, ce dernier avec le soutien de l’Algérie et la Lybie a contraint la Mauritanie à un cessez-le-feu en 1979. Pour le Maroc, celui-ci n’interviendra qu’en 1991 avec une occupation à 80% du Sahara occidental en sa faveur.

Le Maroc a toujours reproché l’incohérence de l’OUA dans la médiation de ces deux contentieux, très déséquilibrée à ses yeux. Raison pour laquelle le royaume chérifien ne s’est jamais réellement impliqué ni participé pleinement aux diverses instances de l’organisation continentale, préférant s’en remettre aux instances onusiennes.

Les guerres civiles

Il y a une constante dans les pays ravagés par les guerres : ils sont pour la plupart dotés de richesses minières, objets de convoitises des étrangers. Autrefois, l’Afrique était formée d’une myriade de royaumes plus ou moins puissants. L’arrivée des explorateurs et la traite négrière ont transformé progressivement cette société basée sur des clans. Ce bouleversement s’est davantage renforcé lorsqu’au 19ème siècle les différents comptoirs commerciaux établis sur le continent ont été nationalisés par les pays occidentaux. Et depuis, la vocation dédiée à ce continent se résume en un seul point : devenir le grand pourvoyeur de matières premières de la planète. Même la structure organisationnelle d’Etat-nation au moment de l’indépendance dans les années 1960 n’a pas mis fin au pillage du continent ; tout au contraire elle n’a fait que l’amplifier. La République cohabite aujourd’hui avec une certaine forme d’ethnocentrisme ; un cocktail qui a provoqué depuis un demi-siècle des guerres civiles et quelques fois des génocides. Cette faible organisation sociopolitique a permis aux anciennes puissances coloniales et même à de nouveaux prédateurs de mieux contrôler et de continuer à exploiter éhontément nos richesses.

La guerre du Biafra

Le Nigéria est composé de trois régions, créées ex-nihilo en 1960, qui bénéficiaient chacune d’une large autonomie. L’ethnie chrétienne Ibo, minoritaire mais riche a fait sécession. Cette velléité d’indépendance de la République du Biafra déclencha une guerre civile meurtrière qui dura trois ans (1967 à 1970) avec en sous-main le soutien de part et d’autre des puissances étrangères. A la fin des hostilités, les hérauts estimaient que ce conflit avait fait entre 1 à 2 millions de morts.

En RDC, combien de morts depuis 1996 ?

Un pays de plus 60 millions d’habitants, aussi vaste que l’Europe, composé de plus d’une centaine d’ethnies et autant de dialectes, le Zaïre trônait au milieu du continent et fut dirigé en son temps, après quelques soubresauts nationalistes, par le maréchal Mobutu Sese Seko. Cette unité nationale s’est lézardée au moment de la marche de la rébellion menée par Laurent Désiré Kabila avec le soutien des pays voisins tels que le Rwanda. Elle était partie des forêts de l’Est et s’est terminée à Kinshasa. Celle-ci contraignit le dictateur, affaibli par la maladie, à quitter le pouvoir en 1994. Laurent Désiré Kabila, le nouvel homme fort de la RDC pensait pouvoir se débarrasser à bon compte de ses alliés. Mais le Rwanda et l’Ouganda semblent durablement s’incruster et vouloir leur part du gâteau dans les provinces de l’Est c’est-à-dire les richesses du sous-sol congolais. Depuis 1996, cette guerre civile permanente, entretenue par les pays voisins, ont fait au moins 5 millions de victimes.

Les déclarations d’indépendance

Depuis les années 1960, seuls deux pays ont obtenu un bon de sortie de la part de la communauté internationale : l’Erythrée et le Sud Soudan.

Le forcing de l’Erythrée

A l’heure où les rumeurs sur l’état de santé du seul et unique président de la République d’Erythrée Issayas Afeworki sont devenues de plus en plus alarmantes, ce pays a pu en 1991 organiser un référendum d’autodétermination pour avaliser son divorce avec l’Ethiopie après 40 années de cohabitation tumultueuse. Annexée par l’Italie à la veille de la 2ème Guerre Mondiale, elle est passée sous tutelle britannique à la fin du conflit mondial. La tergiversation des américains et des anglais sur le statut dévolu aux pays de la corne de l’Afrique est à l’origine de l’émiettement de la Somalie mais également des tensions permanentes entre l’Ethiopie et l’Erythrée. En 1952, l’Assemblée Générale de l’ONU cautionna la création d’une fédération entre les deux pays. L’empereur Hailé Sélassié a quelque peu trahi l’équilibre et l’autonomie revendiquée de son voisin. Dès lors, l’Erythrée n’a eu de cesse de livrer des combats contre son frère ennemi jusqu’en 1991. Les pourparlers de Washington scellent la séparation des deux frères ennemis car l’Ethiopie affaiblie, reconnaît le droit de l’Erythrée à organiser un référendum. Elle accéda ainsi à l’indépendance en 1993.

La partition du Soudan

Le Sud Soudan est devenu le 193ème pays membre de l’ONU en juillet 2011. Comme pour l’Erythrée, au début des années 1950 les britanniques ont marié la carpe et le lapin : le Nord musulman avec le Sud chrétien et animiste. Khartoum a toujours voulu imposer son idéologie et l’islamisme à son frère du Sud. Les mouvements insurrectionnels qui durent depuis 30 ans sont une réaction à cette volonté hégémonique impulsée par le Nord. La communauté internationale fait payer au président Omar El Béchir les exactions qu’il a cautionné au Darfour. Les occidentaux se sont précipités pour favoriser l’émergence du 193ème Etat en 2011 dans le seul but d’affaiblir Omar El Béchir en voulant le priver des ressources pétrolières, localisées pour les 2/3 dans le sud Soudan. Ce dernier n’a jamais connu la paix depuis la déclaration de son indépendance de l’année dernière. Le foyer de tension se concentre actuellement sur la zone pétrolière d’Heglig. Alors que les négociations d’Addis-Abeba sur la délimitation des frontières sont restées en suspens, sur le terrain on décompte au moins 500 morts en quelques semaines.

Le Conseil de Paix et de Sécurité (CPS) de l’Union Africaine ne chômera pas pour les décennies à venir. Mais la médiation doit être assortie d’une force d’interposition. Pour chaque foyer de tension, l’UA fournit un effort considérable pour déployer son contingent : AMISOM en Somalie, MINUAD au Darfour. Les pays membres fournissent ses soldats mais le nerf de la guerre émane de l’Union Européenne ou de l’ONU ; ce qui réduit la portée et l’efficacité de notre organisation.


ENCADRE

Le Sahara

D’une superficie d’environ 11 millions km², cette région traverse le continent de par en par : de la mer Rouge à l’océan Atlantique. Elle s’étend également sur une dizaine de pays : l’Egypte, la Lybie, le Soudan, le Tchad, le Niger, la Mali, la Mauritanie, le Sahara Occidental, le Maroc et l’Algérie.

Sous des dehors inhospitaliers, le désert du Sahara grouille et fourmille. Des routes commerciales pour les caravaniers relient les principaux comptoirs dès le 8ème siècle. La conquête coloniale de la fin du 19ème siècle a bouleversé l’équilibre géopolitique des sultanats sahariens qui contrôlaient le désert. La conquête coloniale a mis fin à la traite d’esclaves noirs, réservoir de main d’œuvre indispensable à la prospérité de l’économie oasienne. La disparition des centaines d’oasis a complètement modifié l’activité de la population ; elle a migré à la lisière du désert formant un peuple semi-nomade vivant de l’élevage pour certains et d’agriculture de subsistance.

Afin de désenclaver cette vaste étendue et évacuer ses richesses, la France ambitionnait même de construire un chemin de fer qui relierait ses possessions : l’Afrique Occidentale Française (AOF) et l’Afrique Equatoriale Française (AEF). Les prospections minières de l’époque, infructueuses, ont obligé la France à remettre son projet aux calendes grecques.
Au lendemain de la 2ème Guerre Mondiale, les velléités d’indépendance algérienne ont conduit la puissance coloniale à penser à la sauvegarde de la partie désertique de l’Algérie. Le regain d’intérêt s’est aussi manifesté par les progrès effectués dans les prospections du sous-sol saharien. Ainsi fut créée l’Organisation Commune des Régions Sahariennes (OCRS) en 1957. Elle est composée par l’Algérie, l’AOF et l’AEF ; elle a pour principal objectif de mieux arrimer ses territoires au sein de l’Union Française.

La loi-cadre de 1956 et le référendum de 1958 décideront de la délimitation des frontières des colonies françaises d’Afrique. L’AOF est composée d’une portion de la Mauritanie, la Guinée, la Haute-Volta, le Dahomey, la Côte d’Ivoire, le Niger, le Sénégal et le Soudan français. Léopold Sédar Senghor souhaitait une AOF-bis alors que Félix Houphouët-Boigny voulait « son » pays. La Fédération du Mali (Sénégal, Mali, Dahomey, Haute-Volta) était vouée à l’échec et ne fit pas long feu.

Au cours de ses différentes tractations, le sort réservé au désert du Sahara et de sa population (maures, touaregs, chaamba, toubous) importait peu. Les touaregs, eux, ont été rattachés administrativement aux nouvelles capitales (Bamako, Niamey) sans avoir voix au chapitre. Ils éprouvaient un certain ressentiment à l’idée d’être désormais dirigés par des hommes qu’ils considéraient comme leurs anciens esclaves. Le Niger a créé un ministère des Affaires Nomades et Sahariennes ; tandis que le Mali de Modibo Keita a vite fait de réprimer les premières insurrections qui revendiquaient une autonomie.
Un problème resté en suspens depuis maintenant 50 ans se rappelle aujourd’hui au bon souvenir de l’ancienne puissance coloniale et des pays africains qui ont refusé à l’époque de voir la réalité en face. Le commerce transsaharien reprend de plus belle comme à la belle époque des caravaniers avec les prises d’otages occidentaux et le trafic de drogue.


Alex ZAKA


Dernières nouvelles de la piraterie (8 mai)

(BRUXELLES2)

L’Enrica Lexie libéré
La justice indienne a relâché le tanker italien, Enrica Lexie, jusqu’ici retenu pour les besoins de l’enquête sur la mort de deux pêcheurs indiens au large des côtes indiennes. Le navire a quitté samedi (5 mai) dans la nuit le port de Cochin, après 80 jours de mise sous séquestre. Lire également :
12 pirates libérés, 4 incarcérés aux Seychelles
Avant de repartir pour le Danemark, la frégate Absalon engagée dans l’opération anti-piraterie de l’OTAN (Ocean Shield) a libéré jeudi soir (3 mai), 12 des 16 pirates présumés arrêtés le 11 avril, après une intervention sur un bateau-mère qui avait permis la libération d’otages pakistanais et iraniens. Les 4 autres pirates ont été remis à la justice des Seychelles fin avril.
Deux gardes privés interpellés au Mozambique
L’attorney général a ordonné la libération jeudi (3 mai) de deux gardes privés danois (Jack Nielsen et Peter Junlet). Ils avaient été arrêtés par la police mozambicaine dans le port de Nacala le lundi précédent parce qu’ils étaient en possession de gilets pare-balles. La police de ce port du nord du pays (province de Nampula) est sur les dents depuis qu’elle a saisi en mars dernier des armes sur un navire marchand. Armes destinées à se protéger de la piraterie mais qu’elle considérait comme transférées illégalement. Selon le site AllAfrica qui rapporte l’information, la police locale n’était tout simplement pas au courant d’accords préexistants permettant aux gardes privés de débarquer avec armes et bagages dans les ports du pays.