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LES BELGES RESPONSABLES DE TOUT LE SUD SOMALIEN, Samedi 6 mars 1993

Une étendue qui couvre près de deux fois la Belgique
Les Belges responsables de tout le Sud somalien

Le commandant du contingent belge engagé dans l'opération «Rendre l'espoir», le colonel Marc Jacqmin, a repris vendredi le commandement opérationnel du «secteur sud» de la Somalie. Et c'est un amiral américain, Jonathan Howe, qui est désigné comme le représent spécial de l'ONU en Somalie.

Le colonel Jacqmin commandait jusqu'içi le contingent belge de 900 hommes contrôlant la ville portuaire de Kismayo, dans le sud-est de la Somalie et composé principalement de para-comandos. Le colonel belge remplace le général américain Macgruder. Le colonel Marc Jacqmin devient ainsi responsable d'une zone couvrant 1,8 fois la superficie de la Belgique.

Cette remise de commandement avait initialement été prévue pour la fin du mois de février et devait se dérouler en présence du chef d'état-major de l'armée belge, le lieutenant-général José Charlier. La reprise des combats entre clans rivaux du général Mohamed Said Hersi, dit «Morgan» (le gendre de l'ancien dictateur Siad Barre) et du colonel Omar Jess avaient modifié ce scénario, «contraignant» les Américains à demeurer quelques jours de plus à Kismayo. Les rapports militaires parvenus à Bruxelles font état d'un «calme relatif» à Kismayo. On annonçait toutefois vendredi soir dans la cité portuaire que, dans la journée, cinq «bandits» somaliens qui attaquaient, en groupe d'une dizaine d'hommes, un camp de personnes déplacées - le cadavre d'une Somalienne y a été trouvé - avaient été tués par les forces belges. Des incidents avaient eu lieu précédemment entre partisans des clans de Morgan et de Jess, se traduisant par des jets de pierres ou de grenades. Trois enfants ont été blessés par l'explosion d'une grenade. Ces incidents ne visent pas les paras belges qui, pour le moment, poursuivent leurs patrouilles dans la ville de Kismayo le long d'une «ligne verte», ligne de démarcation entre les clans de «Morgan» et du colonel Jess.

Le colonel Jacqmin (ici de dos, deuxième en partant de la gauche) s'est entretenu une nouvelle fois avec les deux chefs de clans

Le colonel Jacqmin s'est entretenu une nouvelle fois avec les deux chefs de clans en vue de les persuader de maintenir leurs «troupes» dans des zones délimitées. Le chef du contingent belge s'emploie également à trouver un règlement pour la restitution des armes lourdes. Vendredi, les hommes de la 21e compagnie du 1er bataillon parachutiste de Diest, renforcés par un peloton du 3e lanciers paras de Stockem (Arlon) ont relevé une compagnie américaine basée à Bandaar Salaam, entre Kismayo et Jilib à 80 km plus au nord.

Selon le lieutenant-colonel Marinus, les militaires belges ont également mis en place un dispositif contre les infiltrations. C'est ainsi qu'ils contrôlent en permanence l'ancien aérodrome situé à quelque kilomètres au nord de Kismayo pour éviter que des partisans de Jess ne parviennent à s'infilter de nouveau dans la ville.

La tâche des para-commandos belges consiste encore à escorter des convois. Jeudi, ils ont accompagné un convoi de l'Unicef vers Kansuma, un village dans la vallée de Juba, à 50 kilomètres au nord de Kismayo.

D'autre part, le navire de commandement et de soutien logistique «Zinnia» de la Force navale a quitté vendredi le port de Mombasa au Kenya. Il est attendu avec un chargement de vivres à Kismayo le 7 ou le 8 mars prochain.

Entre-temps, des hommes de la Force navale ont procédé au balisage du port de Kismayo et y ont installé un radar de navigation. Une reconnaissance des fonds marins a également été effectuée en vue d'améliorer à terme l'accès du port aux navires transportant de l'aide. Ainsi, l'arrivée du «Sea Pearl» transportant 3.500 tonnes de vivres et d'aides diverses est prévue pour samedi à Kismayo.

D'autre part, la marine américaine a arraisonné au large des Seychelles, dans l'océan Indien, un bateau serbe qui transportait des armes apparemment destinées à la Somalie.

(Belga et AFP.)