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Somalie: nouvelle constitution à l'étude

12 mai, 2012 - 06:51 GMT
somalia map
La carte de la Somalie

En Septembre dernier des dirigeants somaliens avaient signé un accord destiné à former un gouvernement permanent, censé remplacé l'actuelle équipe de transition, qui est fébrile.

Une fois ratifiée, la nouvelle constitution doit permettre à la Somalie de mettre sur pied un gouvernement permanent.

Toutefois malgré plusieurs années de débat et des millions de dollars, qui ont été dépensés dans ce projet de constitution, les somaliens n'ont pas été en mesure de se mettre d'accord sur la forme que le texte doit prendre.

Deux arguments s'affrontent principalement.

Il y a ceux qui sont favorables au fédéralisme et les autres qui soutiennent un système de gouvernement plus centralisé.

Il y a en qui estiment que le système fédéral ne profitera qu'a la seule région semi-autonome du Puntland.

Certains y voient une tentative des puissances étrangères de vouloir désintégrer la Somalie.

La région séparatiste du Somaliland rejette toute idée de fédéralisme parce qu'elle a bataillé dur et pendant une longue période pour se séparer du reste du pays.

Le statut de Mogadiscio est également objet de discussion.

Certains veulent qu'elle soit le siège du pouvoir central, alors que d'autres soutiennent qu'on doit suivre l'exemple de Washington aux Etats-Unis et que la capitale ne doit pas appartenir à un seul état.

Autre question qui suscite le débat, c'est le rôle de la religion.

Des islamistes critiquent le projet de constitution, estimant qu'il ne stipule pas clairement que la Somalie soit gouvernée par la charia ou la loi islamique.

L'autre point de désaccord est de savoir si la Somalie devrait avoir un régime présidentiel ou bien s'en tenir au système actuel ou le pouvoir est partagé entre le président, le premier ministre et le président de l'assemblée nationale

La plupart des somaliens pensent que cette pression pour une nouvelle constitution leur est imposée de l'extérieur par la communauté internationale sous couvert d'institutions comme l'ONU.

URL Source : http://www.bbc.co.uk/afrique/region/2012/05/120512_somalia_constitution.shtml

Somalie : Comment les puissances coloniales maintiennent le pays dans le chaos

La Somalie avait tout pour réussir : une situation géographique avantageuse, du pétrole, des minerais et, fait plutôt rare en Afrique, une seule religion et une seule langue pour tout le territoire. La Somalie aurait pu être une grande puissance de la région. Mais la réalité est toute différente : famine, guerres, pillages, pirates, attentats… Comment ce pays a-t-il sombré ? Pourquoi n’y a-t-il pas de gouvernement somalien depuis presque vingt ans ? Quels scandales se cachent derrière ces pirates qui détournent nos navires ? Dans ce nouveau chapitre de notre série « Comprendre le monde musulman », Mohamed Hassan nous explique pourquoi et comment les puissances impérialistes ont appliqué en Somalie une théorie du chaos.

Comment la piraterie s’est-elle développée en Somalie ? Qui sont ces pirates ?
Depuis 1990, il n’y a plus de gouvernement en Somalie. Le pays est aux mains de seigneurs de guerre. Des navires européens et asiatiques ont profité de cette situation chaotique pour pêcher le long des côtes somaliennes sans aucune licence et sans respecter des règles élémentaires. Ils n’ont pas respecté les quotas en vigueur dans leurs propres pays pour préserver les espèces et ont employé des techniques de pêche – notamment des bombes ! – qui ont créé d’énormes dégâts aux richesses des mers somaliennes.
Ce n’est pas tout ! Profitant également de cette absence d’autorité politique, des compagnies européennes, avec l’aide de la mafia, ont déversé des déchets nucléaires aux larges des côtes somaliennes. L’Europe était au courant, mais a fermé les yeux car cette solution présentait un avantage pratique et économique pour le traitement des déchets nucléaires. Or, le tsunami de 2005 a déposé une grande partie de ces déchets jusqu’aux terres somaliennes. Et d’étranges maladies sont apparues pour la première fois au sein de la population. Voilà le contexte dans lequel la piraterie s’est principalement développée. Les pêcheurs somaliens, qui disposent de techniques rudimentaires, n’étaient plus en mesure de travailler. Ils ont donc décidé de se protéger ainsi que leurs mers. C’est exactement ce que les Etats-Unis ont fait durant la guerre civile contre les Britanniques (1756 – 1763) : ne disposant pas de forces navales, le président Georges Washington passa un accord avec des pirates pour protéger les richesses des mers américaines.

Pas d’Etat somalien depuis presque vingt ans ! Comment cela est-il possible ?
C’est le résultat d’une stratégie américaine. En 1990, le pays est meurtri par les conflits, la famine et les pillages, et l’Etat s’effondre. Face à une telle situation, les Etats-Unis, qui ont découvert quelques années auparavant des réserves de pétrole en Somalie, lancent l’opération Restore Hope en 1992. Pour la première fois, des Marines US interviennent en Afrique pour essayer de prendre le contrôle d’un pays. Pour la première fois aussi, une invasion militaire est déclenchée au nom de l’ingérence humanitaire.

Le fameux sac de riz exhibé sur une plage somalienne par Bernard Kouchner ?
Oui, tout le monde se souvient de ces images soigneusement mises en scène. Mais les véritables raisons étaient stratégiques. En effet, un document du département d’Etat US préconisait que les Etats-Unis se maintiennent comme seule et unique superpuissance mondiale suite à la chute du bloc soviétique. Pour accomplir cet objectif, il recommandait d’occuper une position hégémonique en Afrique, très riche en matières premières.

Restore Hope sera pourtant un échec. Le film hollywoodien La chute du faucon noir a marqué les esprits, avec ses pauvres G.I.’s « assaillis par de méchants rebelles somaliens »…
En effet, les soldats US seront vaincus par une résistance nationaliste somalienne. Depuis lors, la politique des Etats-Unis a été de maintenir la Somalie sans véritable gouvernement, voire de la balkaniser. La vieille stratégie britannique, d’ailleurs appliquée en de nombreux endroits : mettre en place des Etats faibles et divisés pour mieux tirer les ficelles. Voilà pourquoi il n’y a pas d’Etat somalien depuis presque vingt ans. Les Etats-Unis ont une espèce de théorie du chaos afin d’empêcher toute réconciliation somalienne et maintenir le pays divisé.

Au Soudan, suite à la guerre civile, Exxon a dû quitter le pays après y avoir découvert du pétrole. Alors, laisser la Somalie plongée dans le chaos n’est-ce pas contraire aux intérêts des Etats-Unis qui ne peuvent y exploiter le pétrole découvert ?
L’exploitation du pétrole somalien n’est pas leur objectif prioritaire. Les Etats-Unis savent que les réserves sont là et n’en ont pas besoin dans l’immédiat. Deux éléments sont beaucoup plus importants dans leur stratégie. Tout d’abord, empêcher les compétiteurs de négocier avantageusement avec un Etat somalien riche et puissant. Vous parlez du Soudan, la comparaison est intéressante. Le pétrole que des compagnies pétrolières y ont découvert il y a trente ans, le Soudan le vend aujourd’hui aux Chinois. La même chose pourrait se produire en Somalie. Lorsqu’il était président du gouvernement de transition, Abdullah Yusuf s’était d’ailleurs rendu en Chine, bien qu’il fût soutenu par les Etats-Unis. Les médias US avaient vivement critiqué cette visite. Le fait est que les Etats-Unis n’ont aucune garantie sur ce point : si un gouvernement somalien voit le jour demain, peu importe sa couleur politique, il pourrait très bien adopter une stratégie indépendante des Etats-Unis et commercer avec la Chine. Les impérialistes occidentaux ne veulent donc pas d’un Etat somalien fort et uni. Le deuxième objectif poursuivi par cette théorie du chaos est lié à la situation géographique de la Somalie, qui est stratégique pour les impérialistes des Etats-Unis et de l’Europe réunis.

Stratégique pourquoi ?

Somalie : La guerre globale contre le terrorisme et la crise humanitaire

En Somalie, la moitié de la population risque la famine. Dans la Corne de l’Afrique, ils sont 11 millions de personnes à être en péril. La dimension de cette crise soulève des questions. Qu’est-ce qu’une famine au jour d’aujourd’hui ? Comment est-il possible d’avoir une famine alors que règne l’abondance ? Comment est-il possible, presque 20 ans après l’opération Restore Hope , que le secrétaire au développement du Royaume Uni, Andrew Mitchell mette en garde pour dire que « l’humanité est engagée dans une course contre la montre" en Somalie ? La famine sonne le réveil pour nous tous, afin que nous comprenions que certaines de nos priorités sont fausses.
Au Ghana, Andrew Adasi, un garçon de onze ans, a démontré sa compassion et son souci du sort des gens lorsqu’il est allé quêter de l’argent auprès des populationsen faveur des enfants de Somalie. La démarche de ce jeune garçon devrait nous stimuler tous à faire montre de considération pour les enfants menacés de la Corne de l’Afrique. L’Union africaine a nommé un autre Ghanéen, l’ancien président Jerry Rawlings, pour la représenter. Seuls quatre pays africains ont fait des dons et jusqu’à maintenant la réponse africaine n’a pas été à la hauteur de la tragédie. L’Organisation de la Conférence Islamique (OCI) a aussi promis 350 millions de dollars pour assister les victimes de la famine en Somalie.
Pourtant, au milieu de cette crise, nous devons porter nos regards au-delà de la frénésie des collectes de fond et approfondir la question. Les famines et sécheresses sont bonnes pour les affaires des ONG et les organisations internationales dont les actions humanitaires ont des visées ultérieures. Je dois réaffirmer le point de vue selon lequel seule une confédération de sociétés démocratiques peut protéger la population d’autres désastres comme des famines dans la Corne de l’Afrique. C’est aussi dans le contexte de l’Union africaine qu’il sera possible de poser les fondations pour des conditions qui préviennent les famines futures et le militarisme qui prend pied dans le sillage des famines et des mouvements de population.
Il y a des entrepreneurs qui se sont rendus dans la région afin de vendre à la population une technologie qui génère la pluie. Ceci est une mascarade. La coopération internationale en vue de mettre un terme à la sécheresse et à la famine ne doit pas être l’occasion pour certains de s’enrichir. Je veux me référer à mon propre parcours dans la lutte pour la paix en Somalie afin d’élever ma voix en soutien aux peuples somalien et d’Afrique de l’Est à l’heure de leur détresse.

Militarisme et opportunisme en Somalie
La Somalie est le pays le plus homogène de l’Afrique. Mais il a été porté atteinte à cette homogénéité par les impérialistes lorsqu’ils ont divisé la population somalienne en cinq endroits différents : Djibouti, Ethiopie, Kenya ainsi que les différentes parties de la Somalie (l’une dominée par la colonisation britannique et l’autre par l’Italie). Ces divisions coloniales et partitions ont été aggravées par le colonialisme interne des Bantous somalis pratiqué par d’autres Somalis. L’indépendance de la Somalie, survenue pendant la Guerre froide, a été compromise par elle. Suite à l’indépendance obtenue en 1960, le coup d’Etat de Siad Barre en 1969 a introduit un régime populiste qui s’est proclamé socialiste et s’est aligné sur l’Union soviétique. Le même dirigeant est devenu un supporter déclaré de l’Occident après la révolution éthiopienne de 1974.

Mogadishu "The Final Countdown"


Footage of the US Marines departure from Mogadishu in Mat 1993 after completing Operation Restore Hope/UNOSOM I

Les guerres de Somalie Extraits du DVD

Extraits du DVD "Les Guerres de Somalie" en vente sur eBay
©Philippe Buffon