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La guerre de l’Ogaden (1977-1978) : un conflit régional éclipsé par la guerre froide (2/3)

La révolution en Ethiopie : l’URSS change de fusil d’épaule (1974-1976)

L’URSS continue cependant de favoriser la Somalie : le 11 juillet 1974, un traité d’amitié et de coopération est signé entre les deux Etats. Il fait suite à l’entrée de la Somalie, quelques mois auparavant, dans la Ligue Arabe, appuyée par l’Arabie Saoudite qui cherche à détourner Siad Barre des sirènes du communisme. Mais les Soviétiques vont être pris de court par un événement encore plus important : fin janvier 1974, une mutinerie éclate dans la 4ème brigade de l’armée éthiopienne au sud-ouest du pays, puis l’émeute se généralise à tout le pays.


Le 28 février, l’Empereur est obligé de faire démissionner tout le gouvernement. C’est pourquoi, convaincu que l’URSS doit muscler ses liens avec la Somalie en vue d’une crise avec le voisin éthiopien, les Soviétiques annoncent le traité du 11 juillet. Des livraisons de MiG, d’Il-28, de systèmes de défense anti-aérienne SA-2 et SA-3, de chars T-54 et d’artillerie suivent immédiatement.

En Ethiopie, après les premiers mois assez confus de la révolution déclenchée en janvier 1974, l’armée prend finalement les choses en main. Le 27 juin, elle annonce la formation d’un comité coordonnant les efforts de l’armée, de la police et de la Garde Nationale, connu sous le terme amharique utilisé pour le désigner : le Derg. Celui-ci organise une campagne de dénigrement de l’Empereur, qui est finalement déposé le 12 septembre. Le Derg est alors dominé par le général Aman Andom, qui base son programme sur le slogan « Ethiopie d’abord », mais sans véritable vision idéologique. Il entre en conflit avec des officiers plus jeunes menés par le major Mengistu Haile Mariam et le major Atnafu Abate. Le conflit se solde le 22 novembre par l’assassinat d’Aman, remplacé quelques jours plus tard à la tête du Derg par le général Teferi Bante, qui a l’approbation de Mengistu. Le 20 décembre, le régime commence à adopter une orientation socialiste. Le Derg collabore alors avec le MEISON, un groupe civil orienté à gauche, mais doit affronter l’opposition du Parti Révolutionnaire du Peuple Ethiopien (PRPE), fondé en août 1975, et qui milite pour une révolution plus populaire que ne l’est, à ses yeux, le Derg. Celui-ci écrase le mouvement et doit ensuite faire face à l’Union Démocratique Ethiopienne (UDE), fondée en août 1975, et qui rassemble l’opposition de droite face au nouveau régime.

L’ONU en Somalie : le refus de l’engagement ? (publication)

23 jan. 2012

La chute de l’Etat somalien en 1991 ouvre une ère de guerre civile et de vaines tentatives de restauration de la paix. Ainsi, après le départ de Siyad Barre, le pillage de l'aide alimentaire s’organise au profit des milices armées. L’ONU crée une première mission (ONUSOM I), mais se retire du sud le 10 septembre 1991 et la guerre entraine la famine. À la demande de l’ONU, les Etats-Unis décident le 9 décembre 1992 d’une intervention (UNITAF). Ils quittent le pays quelques mois plus tard, avant le retrait total des forces d’intervention de l’ONU. L’échec de cette action est complet. Avec une deuxième mission, l’ONUSOM II (26 mars 1993 - 2 mars 1995), deux logiques s’affrontent : celle de l’Organisation des Nations unies qui souhaite rétablir un gouvernement et aider à la reconstruction du pays et celle des seigneurs de guerre qui défendent leurs propres intérêts et s’opposent ainsi à toute action extérieure qui pourrait favoriser le clan ou la milice opposée (1). L’ONU concentre rapidement ses efforts sur le processus de paix afin de mettre un terme aux violences des milices armées. L’accord d’Addis Abeba en 1993, représente ainsi le premier d’une série d'efforts visant à instaurer la paix entre les différentes parties, à amorcer un processus de réconciliation et à reconstructuire l’Etat. Toutefois, ces efforts pour pacifier le pays sont restés vains. En février 2007, l’Union africaine (UA) devant le manque de volonté d’intervention des acteurs internationaux décide de la création d’une mission en Somalie (African Union Mission in Somalia, AMISOM). Le Conseil de sécurité, agissant en vertu du Chapitre VII de la Charte, autorise également l’UA à établir une «mission de protection et de formation en Somalie» par la résolution 1744, adoptée le 20 février 2007 (9). L'AMISOM est ainsi créée dans l’idée que la mission n’excéderait pas une période de six mois et que l'ONU allait rapidement en prendre le relais. Or, l’AMISOM est toujours déployée et le relais onusien se fait toujours attendre. L’objet de cette contribution vise à expliquer ces hésitations de l’ONU à intervenir en Somalie.


De l’IGASOM à l’AMISOM : quelle intervention en Somalie ?

L’AMISOM est mise sur pied dans un contexte qui préfigure ses difficultés initiales. Elle comble le vide laissé par d’autres acteurs. En effet, après leur débâcle en 1993 et pendant pratiquement une décennie, les politiciens américains se désintéressent de la Somalie. Les attentats contre les ambassades américaines de Nairobi et de Dar es Salam en 1998 font craindre à la communauté internationale l’installation en Somalie d’une base arrière d’Al Qaïda. Les Etats-Unis aident alors financièrement la création d’une alliance pour la restauration de la paix et contre le terrorisme réunissant les seigneurs de guerre (ARPCT). Mais cette approche échoue avec la prise de pouvoir à Mogadiscio en juin 2006 de l’Union des Tribunaux Islamiques (UTI). Cette absence d’intervention extérieure pousse l’Ethiopie à intervenir en décembre 2006 et précipite ainsi la création de l’AMISOM.

Des Tribunaux Islamiques à Al-Shabaab : mythe et réalité de la menace islamiste en Somalie par Stéphane Mantoux

05 juillet 2010

Aujourd'hui nous accueillons un article de Stéphane. Cette analyse est publiée en parallèle sur son blog : HistoricoBlog. Vous pouvez aussi relire les billets de son ancien blog sur l'Afrique ICI. A lire également "Les Maï Maï dans la guerre au Kivu" ICI



La prise de Mogadischio en juin 2006 par l'Union des Tribunaux Islamiques a brutalement ramené sur le devant de la scène un pays, la Somalie, que le monde occidental cherchait un peu à oublier depuis la mission des Nations Unies de 1992-1995 -en particulier les Etats-Unis, traumatisés par les pertes subies lors d'une opération spéciale au coeur de la capitale les 3-4 octobre 1993 (objet du fameux film La Chute du Faucon Noir de Ridley Scott, inspiré du livre de Mark Bowden). Depuis lors, la Somalie fait l'objet d'interventions directes et indirectes des Etats-Unis pour lutter contre ce que ceux-ci estiment être la menace d'un Etat islamiste s'installant sur les décombres du pouvoir somalien éclaté depuis 1991, et la chute du dictateur Siad Barre. Avec l'accroissement massif de la piraterie depuis 2007, un autre facteur d'inquiétude est venu s'ajouter au sujet de la Somalie, vue comme un « repaire de flibustiers » et une menace grave pour le commerce maritime mondialisé. Pourtant, une analyse sommaire de la situation montre que le constat est beaucoup plus nuancé ; c'est ce que nous allons présenter ici dans cette petite synthèse qui n'a pas l'ambition d'être exhaustive.

L'ascension des Tribunaux Islamiques (2002-2006) :

Le Gouvernement Fédéral de Transition (GFT) somalien, reconnu internationalement depuis octobre 2004 et l'élection de son président Abdullahi, installé d'abord à Nairobi, au Kenya, puis à Baidoa, en Somalie, n'avait pas pu s'installer dans la capitale, encore aux mains des seigneurs de guerre locaux. Déchiré par des querelles de personnes, il ne disposait pas, par ailleurs, de force armée digne de ce nom. Ce sont les seigneurs de guerre somaliens, héritiers de la décomposition de l'Etat à partir de la chute du dictateur Siad Barre en 1991, qui faisaient la loi dans le pays, en s'appuyant sur les gangs de jeunes souvent drogués, les mooryaans, tout en réalisant des bénéfices juteux par toute une série de trafics (commerce du khat, plante euphorisante locale, en particulier).


Cheikh Sharif Cheik Ahmed

C'est pour réagir à la décomposition de la Somalie que s'étaient créés, en 1996, les premiers Tribunaux Islamiques, fédérés au sein de l'Union des Tribunaux Islamiques (UTI) depuis 2002, alors dirigée par Cheikh Sharif Cheik Ahmed . Le recrutement clanique de l'UTI se fait essentiellement chez les Hawiyé, et quelque peu chez un autre clan, les Haber Gidir. Or les Hawiyé se trouvent aussi dans le GFT somalien, et le clan est surtout présent en Somalie centrale. La ligne politique de l'UTI est d'ailleurs, au départ, assez floue : des modérés y côtoient des proches d'Al Qaida. Le succès des Tribunaux Islamiques est dû, au départ, à une volonté de remise en ordre de la société somalienne, certes d'après les principes de l'islam : lutte contre le banditisme, les rivalités de clans, une sorte de solidarité horizontale qui semble bien prendre, au départ. Son action est particulièrement appréciée dans les quartiers nord de Mogadischio.

L'UTI va réussir à prendre le contrôle de la Somalie en raison de la crainte des Américains, qui depuis les attentats du 11 septembre voient le pays comme un foyer potentiel d'islamisme radical. La CIA prétend y avoir repéré plusieurs proches de Ben Laden -par exemple le Comorien Fazoul Abdallah Mohamed, qui avaient organisé les attentats contre les ambassades américaines en Tanzanie et au Kenya en 1998. Les Américains s'inquiètent également des liens suspects entre certains milieux d'affaires somaliens et des organisations financières douteuses des pays du Golfe : les avoirs de la principale compagnie somalienne, al-Barakat, sont d'ailleurs gelés assez rapidement. Basées à Djibouti, au camp Lemonier, les forces spéciales américaines surveillent de près la Somalie, formant les troupes des alliés américains de la région (Ethiopie au premier chef), tout en utilisant des milices somaliennes pour enlever les personnes jugées proches d'Al Qaida. Le président du GFT, élu en octobre 2004, a d'ailleurs été volontairement appuyé par les Américains car il était proche de l'Ethiopie... Pour contrer une menace islamiste qu'elle juge de plus en plus dangereuse avec la formation de l'UTI, la CIA finance et arme une coalition des seigneurs de guerre baptisée, en février 2006, du titre ronflant d'Alliance pour le Rétablissement de la Paix et Contre le Terrorisme (ARPCT). Les services secrets américains utilisent en particulier le paravent que constitue la société privée de sécurité Select Armor . Le but est en réalité d'éradiquer l'UTI, qui ne s'y trompe pas et passe à l'offensive le 20 février 2006. Après trois mois de violents combats, Modagichio tombe aux mains de l'UTI le 16 juin. Il est significatif que cette intervention plus marquée des Américains arrive alors que la politique des Etats-Unis en Irak est violemment critiquée, au vu de la dégradation de la situation sur le terrain .

La guerre civile en Somalie se complique encore par l'intervention des voisins de la Corne de l'Afrique. L'Ethiopie et l'Erythrée, ennemis jurés depuis que la seconde s'est séparée de la première en 1993 après la lutte victorieuse de la rébellion érythréenne et la chute du régime du colonel Mengistu, se sont affrontées militairement entre 1998 et 2000. Le conflit larvé entre les deux Etats se traduit par un soutien apporté par chacun à l'un des deux camps en présence chez le voisin somalien. Comme l'Ethiopie soutient depuis le début le GFT somalien, l'Erythrée, pourtant Etat laïque, arme régulièrement l'UTI. On sait par ailleurs que d'autres Etats participent à l'approvisionnement en armes des deux camps : l'Arabie Saoudite soutient l'UTI, tandis que l'Egypte et le Yémen aident au contraire le GFT.

La presse internationale évoque alors une « talibanisation » rampante de la Somalie, à tort, car le contexte n'est pas du tout le même dans ce pays déchiré depuis 1991 qu'en Afghanistan. Si l'UTI est dirigée, à partir de la mi-2006, par le fondamentaliste Hassan Dahir Aweys, il n'en reste pas moins que son influence est limitée par le clanisme très fort encore présent en Somalie, qui avait d'ailleurs beaucoup coûté au dictateur Siad Barre, et qui a joué aussi dans la guerre civile déclenchée en 1991 jusqu'à aujourd'hui. L'UTI ne bénéficie pas d'un véritable soutien extérieur et les Hawiyés ne représentent que 20 % à peine de la population. Il semble aussi que les « durs » plus proches d'Al Qaïda n'est pas véritablement le contrôle de l'organisation de l'UTI.

Une présence d'Al Qaida en Somalie ? :

En Somalie, l'islam est arrivé dès les VIIème-VIIIème siècles de notre ère, surtout par le contact des marchands arabes. Aujourd'hui, 98 % de la population est musulmane. L'islam somalien se caractérise par la présence de confréries soufies, en particulier la Qaadiriya et l'Ahmediya. Le sunnisme orthodoxe est la norme, avec un clergé en général proche des élites dirigeantes. Il a fallu attendre la guerre civile consécutive à la chute de Siad Barre en 1991 pour voir l'islam véritablement jouer un rôle important en politique. Le mouvement Al-Ittihad, un des principaux groupes armées de la guerre civile somalienne, avait d'ailleurs été mis sur la liste des organisations terroristes par les Etats-Unis en 1998 ; on peut le considérer comme un surgeon des Frères Musulmans. Il avait des liens avérés avec la mouvance Al Qaïda.

Que dire d'ailleurs de la présence d'Al Qaïda en Somalie ? Il semblerait que les premiers éléments soient arrivés sur place en février 1993, depuis Peshawar, au Pakistan. Ils auraient même joué un rôle dans les attaques conduites contre les troupes de l'ONU et les Américains cette année-là. Plus vraisemblablement, la Somalie de l'immédiat après-Siad Barre était un excellent point de recrutement pour l'organisation, qui a surtout fourni de l'entraînement à certains Somaliens, fonctionnant un peu comme un camp de forces spéciales. Les membres d'Al Qaïda se heurtent d'ailleurs au problème clanique : leurs convois sont souvent attaqués, et le message a du mal à passer auprès d'une population soucieuse d'abord de se protéger contre les clans voisins. Il est intéressant de voir que l'organisation islamiste se heurte au même problème que les Américains : elle n'arrive pas à cerner le contexte local, et le discours salafiste grippe devant la question de l'enseignement soufi, très développé en Somalie. Elle arrive cependant à conquérir certains secteurs, en particulier le port de Ras Kamboni, sur l'Océan Indien, proche de la frontière avec le Kenya dans le sud du pays ; ce sera d'ailleurs l'un des bastions de l'UTI. Des camps d'entraînement y sont installés pour des volontaires étrangers, non sans opposition locale d'ailleurs .

De la chute des Tribunaux Islamiques à la résistance d'al-Shabaab (2006-2010) : « la guerre islamiste n'aura pas lieu » ?


A la mi-décembre 2006, l'UTI contrôle près de la moitié de la Somalie : seuls le Puntland, le Somaliland et la zone centre-sud de la Somalie, autour de la ville de Baidoa, échappent à son emprise. Le GFT somalien, installé près de Baidoa, ne survit que grâce à l'appui des troupes éthiopiennes, contre lesquelles Daweys lance le djihad, et tient un discours qui n'est pas sans rappeler les ambitions de « Grande Somalie » du dictateur Siad Barre qui avait mené à la guerre de l'Ogaden (1977-1978) contre l'Ethiopie. L'UTI revendique aussi un soutien aux deux mouvements de rébellion de l'Ogaden, le Front de Libération de la Somalie Occidentale, création de Siad Barre, et le Front de Libération Nationale de l'Ogaden ; le Front de Libération Oromo, un autre mouvement rebelle d'une province éthiopienne, basé à Asmara en Erythrée, serait lui aussi soutenu par l'UTI. Les Américains et les Ethiopiens, en décembre 2006, affirment que l'UTI est désormais contrôlée par la mouvance radicale al-Shabaab, un mouvement qui regroupe des jeunes gens dont la plupart ont été formés en Afghanistan ou ont combattu au sein des divers théâtres d'opérations de « l'internationale islamiste », si l'on peut dire. L'UTI revendique en tout cas un pouvoir fort et centralisé pour la Somalie : elle s'est imposée en dehors de Mogadischio d'abord par la force militaire plutôt que par le ralliement politique, comme le montre la conquête du port de Kismayo.

L'UTI commet alors l'erreur d'envoyer ses miliciens attaquer les troupes du GFT à Baidoa, c'est à dire en fait les soldats éthiopiens. L'armée éthiopienne, largement soutenue par les Américains, balaye assez rapidement ses adversaires , qui, au lieu de mener une guérilla urbaine à Mogadischio dans le pur héritage somalien, choisissent d'abandonner la capitale pour se réfugier au sud du pays. Il faut dire que le soutien populaire dans la capitale à l'UTI était large, mais pas très prononcé. Les habitants étaient reconnaissants du retour à l'ordre, d'une politique de nettoyage et de la réouverture du port et de l'aéroport, mais quelque peu mécontents de certains édits islamiques promulgués par l'UTI. Celle-ci se replie donc sur le port méridional de Kismayo, avant d'en être chassée par l'armée éthiopienne ; la plupart des membres de l'organisation survivent alors à la frontière avec le Kenya, traqués par les soldats éthiopiens et par des forces spéciales américaines opérant depuis l'autre côté de la frontière.

Dans la première moitié de 2007, à Mogadischio, le TFG tente de rétablir son autorité mais se heurte à de nombreuses difficultés. Il a en effet exclu le sous-clan Ayr des Haber Gidir des responsabilités, car c'est le sous-clan d'Aweys, le fondamentaliste leader de l'UTI. Par ailleurs, les Shabaab mènent quant à eux une véritable guérilla urbaine dans la capitale contre les troupes du TFG et les Ethiopiens. Les 1 600 soldats ougandais de la force de maintien de la paix de l'Union Africaine expédiée sur place sont aussi pris pour cible. Les leaders du mouvement Shabaab, aidés par des combattants étrangers, sont d'ailleurs les principaux responsables des attaques : ils introduisent de nouvelles tactiques, attentats-suicides, engins explosifs improvisés, assassinats ciblés, qui sont alors inconnues en Somalie. En janvier 2007, les Américains réalisent plusieurs frappes avec des appareils AC-130 gunships à Ras Kamboni et près de la frontière kenyane pour éliminer certains des dirigeants extrémistes des Shabaab et de l'UTI. Un détachement américain, baptisé Task Force 88, coopère étroitement avec les Ethiopiens pour traquer les personnages importants de l'islamisme radical somalien. Les appareils américains sont d'ailleurs vraisemblablement basés en Ethiopie. Début juin 2007, un destroyer américain effectue une frappe tactique dans la région semi-autonome du Puntland, au nord-est du pays, contre un groupe d'Al-Qaida suspecté de se cacher dans les montagnes environnantes.

En mars 2008, les Etats-Unis franchissent un cap dans la lutte contre Al-Shabaab en mettant le groupe sur la liste des organisations terroristes à travers le monde. En mai, une frappe de missiles tue le leader de l'organisation, Aden Hayshi Ayro. Le 26 octobre 2008, le GFT et le principal mouvement de résistance, l'Alliance pour la Re-Libération de la Somalie (ARS) -le nouveau sigle de ralliement de l'UTI- concluent un accord de paix qui prévoit aussi le départ des troupes éthiopiennes. En janvier 2009, le Cheikh Ahmed, dirigeant modéré des Tribunaux Islamiques, est élu président de la Somalie. On peut alors penser que c'est un gage de stabilisation pour le pays, les Tribunaux Islamiques étant respectés par une bonne partie de la population ; ceci étant, deux des 11 tribunaux islamiques penchent du côté des radicaux, dont celui dirigé par Aweys. A la mi-septembre 2009, les forces spéciales américaines réussissent à tuer un autre responsable important des Shabaab, Saleh Ali Nahan, un vétéran des attentats de 1998 au Kenya et en Tanzanie, et qui avait aussi participé à l'attentat de Mombasa en 2002 contre un appareil israëlien. Ceci étant dit, le gouvernement somalien peine encore à s'imposer, de par l'absence d'armée régulière, de forces de police et de justice qui transcenderaient les luttes claniques. Cependant, le départ des troupes éthiopiennes a permis d'ôter un prétexte utilisé par les Shabaab pour rallier la population somalienne à la lutte contre « l'envahisseur chrétien » .

La principale menace pour les Américains réside bien, en fait, dans le groupe Al-Shabaab (littéralement « la jeunesse ») créé en 2004 dans le but de partir, d'abord, à la reconquête du sud somalien. L'organisation a réussi à s'imposer dans plusieurs parties du sud et du centre de la Somalie. La plupart des attaques les plus violentes lui sont dues ; elle disposerait d'un vivier de 7 000 combattants. Le but d'Al-Shabaab est d'installer un Etat islamique en Somalie, régi par la charia, et de chasser les envahisseurs étrangers, Ethiopiens ou Américains. Plus de 450 combattants étrangers auraient rejoint, au total, le mouvement Al-Shabaab en Somalie. Le groupe est très présent dans le Puntland, mais aussi près de Baidoa et Kismayo. Autre groupe combattant à côté d'Al-Shabaab : Hizbul-Islam, lui aussi frange extrêmiste de l'UTI, mais qui a perdu beaucoup de son importance depuis la disparition de son chef. Les deux groupes, très installés dans le sud somalien, se sont d'ailleurs régulièrement affronté par les armes. Al-Shabaab, à l'avenir incertain depuis la disparition de son chef, cherche désormais à s'implanter dans les deux régions autonomes du Somaliland et du Puntland, fragilisées par des crises politiques. Al-Shabaab a souffert, de fait, de la politique menée dans les villages « libérés » au sud de la Somalie : loi islamique draconienne, châtiments corporels terrifiants, sans parler de certaines attaques politiquement malhabile (bombardement de la cérémonie de remise de diplôme de l'université Benadir le 3 décembre 2009, par exemple). En outre, elle a promu des dirigeants de clans originaires du nord de la Somalie dans le sud, tout en cherchant à imposer le salafisme contre le soufisme, ce qui n'a pas été sans provoquer des heurts avec la population locale. La force actuelle du mouvement Al-Shabaab témoigne davantage, en fait, de la faiblesse persistante du gouvernement central somalien .

Globalement, néanmoins, le phénomène Al Qaida reste marginal en Somalie ; il suffit à l'organisation d'avoir recruté un petit noyau de fidèles pour mener à bien ses opérations sur place. L'exagération rhétorique des Américains sur la menace islamiste en Somalie ne fait que servir les intérêts de ce petit groupe de combattants fanatisés, trop heureux de bénéficier de la couverture médiatique ainsi fournie.


Piraterie et djihad : une connexion inexistante ?


Il ne faut pas oublier non plus que la question des Tribunaux Islamiques, et in fine de l'islamisme en Somalie, est liée aussi à celle de la piraterie, et de sa recrudescence depuis la chute de l'UTI en décembre 2006 . Les Tribunaux Islamiques avaient en effet lancé une grande campagne de nettoyage des « nids de pirates » le long des côtes somaliennes qu'ils contrôlaient. Après l'intervention éthiopienne, la piraterie a repris ses droits et s'est même développée : en 2008, plus de 130 navires avaient été attaqués, faisant du golfe d'Aden et du détroit de Bab-el-Manded une des régions les plus dangereuses du monde pour le commerce maritime. Le 8 avril 2009, la tentative d'abordage du navire américain Maersk Alabama était la première subie par les Etats-Unis depuis plus de deux siècles. Les pirates, très bien renseignés, diversifient d'ailleurs le type de prises et étendent leur champ d'action géographique par l'utilisation de « vaisseaux-mères ». On estime en 2009 qu'il y avait plus de 1 200 pirates basés sur les côtes somaliennes, en particulier celles du Puntland, la région semi-autonome du nord-est, où la piraterie est une tradition depuis longtemps (autour du port d'Eyl, aujourd'hui, en particulier). La plupart des pirates appartiendrait au clan Majarteen, le même que celui de l'ancien président du GFT somalien Abdullahi, qui fournissait d'ailleurs les quelques troupes de ce dernier. Quatre groupes principaux de pirates opèrent en Somalie : le National Volunteer Coast Guard autour de Kismayo, le Marka Group, au sud de Mogadischio, et celui du Puntland. Le plus important et le plus organisé militairement parlant est celui des Somali Marines, qui préfèrent d'ailleurs se dénommer « Défenseurs des Eaux Territoriales somaliennes » . Le groupe opère depuis Mogadischio jusqu'au Puntland, au nord.

Pour l'instant les contacts entre le mouvement Al-Shabaab et les pirates ne semblent pas très étroits, malgré le fait que le premier aurait formé plus de 2 500 Somaliens sur les côtes. Le risque d'apparition d'un djihad sur les mers existe bel et bien, mais il ne s'est pas encore matérialisé.



Bibliographie :

Napoleon A. BAMFO, « Ethiopia’s invasion of Somalia in 2006 : Motives and lessons learned », African Journal of Political Science and International Relations, Volume 4, février 2010.

Mohamed IBRAHIM, « The Geopolitical Implications of the Somali « Islamic Courts » . Activities in the Horn of Africa. », mai 2009.

André LE SAGE, « Somalia’s Endless Transition : Breaking the Deadlock. », Institute for National Strategic Studies National Defense University, n°257, juin 2010.

Roland MARCHAL, « Somalie : un nouveau front antiterroriste ? », Les Etudes du CERI n°135, juin 2007.

Gérard PRUNIER, « Liaisons dangereuses de Washington en Somalie », Le Monde Diplomatique, septembre 2006.

David H. SHINN, « Al-Qaeda in East Africa and the Horn », Journal of Conflict Studies, été 2007.

Gerrie SWART, « Pirates of Africa's Somali Coast : on terrorism's brink ? », South African Journal of Military Studies, volume 37, n°2, 2009


Source: Good Morning Afrika

Somalie: Attaque au mortier contre la présidence à Mogadiscio, 26 mars 2012

Les rebelles islamistes somaliens d'Al Chabaab ont tiré des obus de mortier en direction du palais présidentiel à Mogadiscio, faisant deux morts et huit blessés dans un camp de déplacés voisin, ont rapporté ce lundi des témoins et les autorités.

L'attaque a été confirmée par la force d'interposition de l'Union africaine, l'Amisom, qui a précisé que des projectiles étaient tombés sur un camp de personnes fuyant la guerre civile et la famine situé à environ 300 m de la présidence.

Sous les coups de boutoir de l'Amisom et de l'armée somalienne, les maquisards Chabaab, qui sont affiliés à Al Qaida, ont évacué la capitale somalienne en aoât mais continuent de lancer des attaques sporadiques.
Reuters

«Sur la piste du terrorisme islamique» décrypte les origines d'Aqmi

Dans un documentaire puissant diffusé mardi 27 mars à 20h35 sur France 5, Patrick Barbéris retrace la genèse et l’inquiétante montée en puissance d’Aqmi, aussi connu sous le nom d’Al-Qaida au Maghreb.
Il sera suivi d’un débat animé par Carole Gaessler.


Il y a près d’un an, le 2 mai 2011, le président américain Barack Obama annonçait la mort de l’ennemi public numéro un Oussama Ben Laden, l’instigateur des attentats du 11 septembre 2001. La disparition du chef d’Al-Qaida allait-elle préserver l’Occident d’actions kamikazes ? Peu de politiques et de spécialistes se sont risqués à de tels commentaires. Ils scrutaient déjà un autre front : le Sahel. Et un pays, l’Algérie, leur apparaît désormais aussi menaçant que l’Afghanistan.

L’Algérie est le berceau d’Aqmi, une organisation composée de « 200 à 300 » groupes armés, qui multiplient les attentats et enlèvements d’Occidentaux au Maghreb, mais aussi en Libye, au Mali, au Nigeria et en Somalie. Fondé en 2007 par Abdelmalek Droukde, un ingénieur ayant combattu en Afghanistan, le mouvement prend ses racines dans la guerre civile algérienne, qui opposa le gouvernement et divers groupes islamistes dans les années 1990. Ses membres ont longtemps considéré Oussama Ben Laden comme « un fils de riche Saoudien » , sans « aucune expérience dans le djihad » . L’attentat sur le sol américain de 2001 marque un tournant et crée les conditions d’une alliance.

Très actifs, les groupes armés d’Aqmi, devenu Al-Qaida au Maghreb, visent aujourd’hui les installations stratégiques de l’Occident, et notamment des États-Unis. L’Afrique regorge d’uranium, de pétrole, de gaz, qui sont exploités par des entreprises multinationales. Les intérêts vitaux des pays les plus industrialisés sont désormais menacés.

Au-delà d’Aqmi, Patrick Barbéris, diplômé de l’Idhec, raconte une histoire à deux voix, en confrontant les analyses de spécialistes de l’Afrique et des mouvements armés à celles d’acteurs du contre-terrorisme. La « guerre de civilisations » déclenchée par le président américain George W. Bush a ouvert un boulevard à Al-Qaida, qui a su utiliser Internet pour susciter des vocations. Les « loups solitaires » sont apparus. Des jeunes qui se radicalisent « dans leur coin »  et se forment sur le Web pour passer à l’action.


AUDE CARASCO

Source: http://www.la-croix.com/Culture-Loisirs/Medias/Le-choix-TV/Sur-la-piste-du-terrorisme-islamique-decrypte-les-origines-d-Aqmi-_NG_-2012-03-26-782115

Al Qaida répond à l'allégeance des Shabab (10 février 2012)

Hier les journaux ont relayé l'information : Al Shabab a rejoint Al Qaida.

"Je vais annoncer une bonne nouvelle à notre nation islamique qui va (...) embêter les croisés. C'est que le mouvement shebab en Somalie a rejoint Al-Qaida" annonce Zawahiri. (Vidéo ICI)



A y regarder de plus près l'information n'est pas tout à fait exacte. Les Shabab avaient prêté allégeance depuis 2009 au mouvement terroriste. La vidéo a pour titre “At your service, Osama” (20 septembre 2009). A consulter ICI
Cette allégeance fut confirmée en 2011 (après la mort de Ben Laden) à Al-Zawahiri.C'est ce dernier qui vient de reconnaitre le ralliement du groupe somalien à la nébuleuse. Les liens entre les deux mouvements sont plus anciens :

- 11 septembre 2006, Ayman Al-Zawahiri demande aux musulmans somaliens de frapper les représentants des Etats-Unis en Somalie et d’éliminer la présence « des Croisés Sionistes » dans le pays.
- 5 janvier 2007, Zawahiri publie une déclaration vidéo « Aidez vos frères en Somalie! ».
- Le site des Shebaab , poste ensuite une vidéo montrant Ben Laden parler du djihad comme un accomplissement pour tous les musulmans et leur donnant l’autorisation pour intégrer l’entrainement en Somalie aux côtés des Shebaab.
- mars 2009, Ben Laden publie un message audio en soutien à Al-Shabaab intitulé « Fight on, O Champions of Somalia »





- En réponse Al-Shabaab, diffuse le 20 septembre 2009, une
vidéo « Labaik Ya Usama » en hommage à la lutte menée par Al-Qaïda contre l’Occident.



- En février 2009 publication de « From Kabul to Mogadishu; Al-Shabaab, a step on the path of the victory of Islam ». Al-Zawahiri y
présente la Somalie comme un nouveau terrain potentiel pour le recrutement et l’entraînement.

Rappelons qu'«Al-Shabaab» signifie « jeune » et le groupe l’est puisqu'il est né dans les années 2000 et qu'il est composé essentiellement de très jeunes personnes. L’objectif du mouvement Al-Shabaab est l’instauration d’un Emirat islamique sur le territoire somalien, le « retour au Califat islamique", disparu avec la chute de l’Empire Ottoman en 1920.

Source: Good Morning Afrika

Les discrètes mais notoires armureries flottantes de l'océan Indien

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25 mars 2012
Ce n'est certainement pas le secret le mieux gardé de l'industrie de la sécurité maritime puisque l'on en parle depuis un an. Mais c'est un sujet tabou et une pratique qui n'arrange pas les affaires de tout le monde à Djibouti.
Nick Davis, le patron de Maritime Guard Group, a accepté de témoigner pour l'agence AP; il a expliqué que sa société dispose de deux bateaux qui croisent dans les eaux internationales et qui servent d'armurerie flottante. Y sont stockés l'armement et l'équipement des EPE privées qui embarquent sur des navires marchands et en assurent la protection dans les eaux au large du Yemen et de la Somalie. Ses bateaux ne stockent que l'équipement utilisé par sa propre société mais il espère pouvoir offrir un tel service à d'autres sociétés de sécurité maritime qui ont du mal à faire transiter l'armement via des pays hostiles aux mouvements d'armes sur leurs territoires.
Thomas Jakobson de Sea Marshals Ltd, confirme la présence de tels navires qui permettent d'éviter de passer par Djibouti et de devoir payer pour chaque mouvement d'armes. Selon lui, une douzaine d'armureries flottantes existent actuellement, dont la moitié en mer Rouge, trois au larges de EAU et un ou deux au nord de Madagascar. Toutes dans les eaux internationales, cet espace international "qu'aucun Etat ne peut légitimement soumettre (...) à sa souveraineté" comme le rappelle la Convention de  Montego Bay.


Mer Rouge 1993/2010 : naissance d'un théatre stratégique (08 juillet 2010)

Quelques lignes d’Hervé Coutau-Bégarie dans son opus « Géostratégie de l’Océan Indien » :



: « (…) la mer rouge voit passer un trafic de grande importance, entretien de multiples foyers d’instabilité qui peuvent à tout moment dégénérer, mais elle ne mobilise pour l’instant que de très faibles moyens. Au caractère embryonnaire des forces navales régionales, vient s’ajouter une présence extérieure extrêmement réduite, toujours très inférieur à celle qui a pu exister dans ou aux abords du golfe persique. La mer Rouge n’a donc jamais été véritablement reconnue comme un théâtre stratégique de premier plan. L’insuffisance de moyens des pays riverains devrait empêcher l’éclosion de combats sur mer de grande ampleur. Pour autant, l’absence de déploiement spectaculaire n’enlève en aucun cas son importance à la mer Rouge, qui mérite d’être suivie avec beaucoup plus d’attention que cela n’a été fait jusqu’à présent. Dans une mer aussi étroite, il n’est pas besoin de gros moyens pour menacer la liberté de navigation. »

Quelle clairvoyance et que de bouleversements plus 15 ans après. Ces lignes ont été écrites en 1993 alors que la Corne de l’Afrique vivait une période charnière :
- 27janvier 1991: Chute du régime Syaad Barre.
- 28 mai 1991 : Effondrement du régime éthiopien avec la chute de Mengistu Hailé Mariam. Indépendance de facto de l’Erythrée. Issaias Afeworki devient président en Erythrée et Meles Zenawi premier ministre en Ethiopie.
- 17 novembre 1991 : Déclenchement de la guerre civile à Mogadiscio.
- 1992/94 : guerre civile à Djibouti.
- 1993 : Indépendance de l’Erythrée

La région est en ébullition elle le restera puisque l’Ethiopie et l’Erythrée s’opposeront sur un litige frontalier en 1998/2002, naissance du terrorisme islamique, les tribunaux islamique en Somalie, guerre Erythrée/Djibouti…
Ces événements et leurs suites ont été un véritable bouleversement en termes de sécurité dans la région. Bien sûr, la fin de la Guerre froide, la chute du mur de Berlin, la dislocation du camp socialiste et de l’URSS en 1989 ont un lien avec ces transformations mais il convient de ne pas les surestimer comme cela a été souvent analysé. Les Etats-Unis et l’URSS ont cherché une position stratégique dans la Corne de l’Afrique mais les acteurs locaux ont leur propre autonomie et ont tenté de tirer profit de ce contexte.

Source : Good Morning Afrika

La piraterie au coeur d’un séminaire, 26 mars 2012

(BRUXELLES2) Plateau de choix pour le séminaire organisée par la Commission européenne et la présidence danoise, sur la piraterie. Dénommée, « Piracy, the curse of maritime transport« , elle réunira durant deux jours (mercredi 28 et jeudi 29 mars) les principaux acteurs du sujet tant au niveau international – Koji Sekimizy, le secrétaire général de l’OMI – qu’européens – Siim Kallas (commissaire aux transports), Briam Simpson et Georgios Koumoutsakos (de la commission transports du Parlement européen) ainsi que des experts des DG Transport (Marjeta Jager), DG Développement, DG Mare et du service diplomatique européen (SEAE).

Le monde maritime sera également très représenté : que cela soit au niveau des organisations professionnelles – Pottengal Mukundan, du bureau maritime international, Giles Noakes du Bimco ; John Boreman d’Intertanko – des transporteurs, armateurs, chargeurs, utilisateurs – Erik R. Nielsen, le directeur de la compagnie Maersk ; Jean-Philippe Berillon de GDF Suez ; Grahaeme Henderson, vice-président de Shell, Simon Delfau de la CMA CGM, Jon Whitlow, de la fédération internationale de transport … On passera en revue les différentes réponses à la piraterie ou la situation particulière des pêcheurs mais aussi le coût humain de la piraterie et le développement des VPD (privés ou militaires), les avantages et les risques.

Coté sécurité, plusieurs intervenants intéressants, le captain Paul Gelly, d’Eunavfor, un représentant des ministères italien et néerlandais de la Défense ainsi que du secrétariat général à la mer (france) seront présents. Plusieurs ambassadeurs du COPS feront le déplacement, notamment l’ambassadeur danois Lars Faaborg-Andersen. Ainsi que certains responsables du SEAE, notamment  Thorsten Bargfrede (de la CMPD) ou Rudolf Roy de la division politique de sécurité ; et les représentants de sociétés spécialisées comme Peter Cook de l’association de sécurité pour l’industrie maritime.


Talata, réfugiée somalienne en Ethiopie, soulagée après des mois dans la brousse

21 mars 2012


Nazar avec sa famille. Comme la famille de Talata, eux aussi,
ils sont arrivés à Gemed en Ethiopie après avoir passé des mois
dans la brousse afin d'échapper au conflit en Somalie.
Copyright: WFP/Judith Schuler

Talata et sa famille ont entrepris un long et dangereux périple pour échapper au conflit et à la sécheresse en Somalie et se réfugier en Éthiopie. En effet, l’Éthiopie, un pays qui lui aussi a été fortement touché par la sécheresse est souvent considérée comme un refuge sûr par les réfugies provenant de la Somalie, du Soudan et l’Érythrée.
La crise dans la Corne de l’Afrique a mené à une famine en Somalie, ce qui à son tour a eu un impact sévère sur l’Éthiopie et le Kenya, deux pays frappés par la sécheresse. Les personnes à travers la région savaient que les camps de réfugiés en Éthiopie et au Kenya comme le camp d’Admazine soutenu par le PAM grâce à l’appui de l’UE, leur offriraient la sécurité et un soutien vital. Talata et sa famille font partie de ceux qui ont surmonté de nombreux défis pour arriver en Éthiopie et recevoir l’assistance vitale.
Pendant 5 mois, Talata et sa famille se sont cachés dans la brousse dans la région frontalière entre le Soudan et l’Éthiopie. Ils mangeaient des racines sauvages et buvaient de l’eau de la rivière. Les violences ne cessaient pas autour d’eux et ils ont dû souvent changer de place. Lorsque leur maison a été brûlée, ils ont dû s’enfuir avec seulement une paire de vêtements et leur radio.
Deux jours avant leur arrivée dans le camp d’Admazine, Talata et sa famille ont traversé la frontière éthiopienne. Des habitants de la communauté locale, Gemed, les ont retrouvés dans la forêt et les ont accompagnés jusqu’au village où ils ont mangé leur premier repas chaud après plusieurs mois. Le village est tout petit et dépend de l’agriculture et des mines d’or très basiques. Néanmoins, les habitants ont accueilli plus de 3 000 personnes depuis septembre dernier en leur fournissant de la nourriture et des abris. Même si la population hôte peut à peine subvenir à ses propres besoins, les gens sont contents de pouvoir aider parce qu’ils veulent soutenir leurs voisins et sauver des vies, selon leurs propres mots.
Grâce au soutien de l’Union européenne à travers ECHO, le PAM fournit actuellement une assistance alimentaire à près de 300 000 réfugiés en Éthiopie, dont 50 000 proviennent du Soudan. Outre les rations alimentaires générales, les enfants malnutris et les femmes enceintes et allaitantes reçoivent également des rations de Super Céréale, un produit nutritionnel fortifié qui leur permet de reprendre des forces. En raison de l’instabilité affectant trois de ses pays voisins, la Somalie, le Soudan et l’Érythrée,  le nombre de réfugies en Éthiopie ne cesse d’augmenter.
 
 

Côtes somaliennes: une déchetterie radioactive ? (11 avril 2011)

Les habitants d’Hobyo, l’un des principaux ports pirates au nord-est de Mogadiscio (660 km), ont repéré trois grands conteneurs échoués sur les plages (ICI). Les habitants craignent qu’ils puissent contenir des déchets industriels dangereux ou chimiques.



 


Il est vrai les pêcheurs ont longtemps reproché aux navires étrangers de déverser des déchets au large du pays profitant ainsi du chaos politique de l'absence de gouvernement central effectif qui garantit l’impunité de ces violations des conventions internationales. Les habitants de la côte Somalie et de la région autonomiste du Puntland accusent (principalement les Italiens) d’avoir enfoui des déchets industriels dans les fonds marins somaliens. D’autant que des fûts contenant de produits toxiques et de déchets radioactifs auraient été découverts sur le littoral à la suite du tsunami de 2004.

Selon le PNUE (ICI), les containers se vidaient sur les plages contenaient en effet des déchets industriels ou hospitaliers comprenant de l’uranium, du cadmium, du mercure et toutes sortes de produits pharmaceutiques et de substances chimiques destinées entre autres au traitement des peaux en maroquinerie.

Source: Good Morning Afrika

Somalie : Gate of hope

18 septembre 2011

Une belle vidéo, résumant le drame somalien à travers l'aide médical apportée par l'AMISOM.



Sortie du rapport "Guerre cruelle, paix cruelle : Exactions perpétrées par Al-Chabaab, le Gouvernement fédéral de transition et l'AMISOM en Somalie"

19 avril 2010


Le groupe armé islamiste Al-Chabaab fait subir aux habitants du sud de la Somalie des meurtres, des châtiments cruels ainsi qu'un contrôle répressif de leur vie sociale, a indiqué Human Rights Watch dans un rapport publié hier. Dans la capitale les forces d'Al-Chabaab, du Gouvernement fédéral de transition (GFT) et de l'Union africaine (UA) continuent à mener des attaques aveugles, tuant et blessant de nombreux civils.

Le rapport de 62 pages, « Harsh War, Harsh Peace: Abuses by al-Shabaab, the Transitional Federal Government, and AMISOM in Somalia » (« Guerre cruelle, paix cruelle : Exactions perpétrées par Al-Chabaab, le Gouvernement fédéral de transition et l'AMISOM en Somalie »), constate que les forces d'Al-Chabaab ont apporté une plus grande stabilité dans de nombreuses parties du sud de la Somalie, mais à un coût élevé pour la population locale - en particulier les femmes. S'appuyant sur plus de 70 entretiens menés auprès de victimes et de témoins, le rapport décrit des châtiments sévères notamment des amputations et des flagellations, qui sont infligés couramment et sans procédure régulière.

Les principaux acteurs internationaux ont souvent joué un rôle contre-productif dans la crise et ont minimisé les abus commis par les troupes de l'UA déployées à Mogadiscio pour protéger le fragile gouvernement de transition de la Somalie, a déploré Human Rights Watch.

De nombreuses autorités locales d'Al-Chabaab consacrent une énergie extraordinaire à contrôler la vie personnelle des femmes et à empêcher tout mélange des sexes. Plusieurs femmes ont expliqué qu'elles avaient été battues, fouettées ou emprisonnées pour avoir vendu du thé afin de subvenir aux besoins de leur famille, parce que ce travail les met en contact avec des hommes. Dans d'autres cas, des femmes ont été battues pour avoir omis de porter le type précis d'abaya - un vêtement ample les couvrant de la tête aux pieds - prescrit par les décrets locaux. Souvent, les femmes ne portent pas l'abaya non par défi mais parce que leurs familles n'en ont tout simplement pas les moyens.

Al-Chabaab a soumis des jeunes gens et des garçons à des abus tels que le recrutement militaire forcé et un contrôle social strict.

L'intervention des puissances extérieures en Somalie s'est souvent avérée contre-productive pour restaurer la sécurité
. Le fort soutien dont bénéficie le gouvernement de transition de la part des États-Unis, de l'UE, de l'UA et du Bureau politique de l'ONU pour la Somalie a conduit ces acteurs à condamner rapidement les graves abus commis par Al-Chabaab, mais à fermer manifestement les yeux sur les abus commis par le gouvernement de transition et par les forces de l'UA. Le gouvernement américain a envoyé des mortiers aux forces du gouvernement de transition à Mogadiscio, même si aucune des parties au conflit n'a utilisé les armes en conformité avec les lois de la guerre.

Le Kenya, pays voisin de la Somalie, a sous de faux prétextes contribué au recrutement de jeunes Somaliens dans les camps de réfugiés pour qu'ils deviennent des combattants, en violation du statut humanitaire des camps. L'Érythrée, dans le but de porter atteinte aux intérêts régionaux de son adversaire politique, l'Éthiopie, a aidé Al-Chabaab à se procurer des armes.

Six cents soldats somaliens terminent une formation de perfectionnement entrepris par l’AMISOM

Six cents soldats somaliens terminent une formation de perfectionnement entrepris par l’AMISOM



Le 17 Mars 2012 – Aujourd’hui, le Président Somalien, Sheikh Sharif Sheikh Ahmed, a promu six cents soldats somaliens qui ont terminé une formation de perfectionnement militaire au camp d’Al-Jazira à Mogadiscio, en Somalie.
Les forces ont subi une formation de perfectionnement de dix semaines, dirigée par la composante militaire de l’AMISOM, et qui a porté sur le leadership, les compétences en armement et les tactiques militaires sur terrain. L’AMISOM est chargée d’aider à rétablir et à renforcer la capacité des troupes somaliennes dans le cadre du Plan National de Sécurité et de Stabilisation.
Cet événement a été une puissante démonstration de la force de la culture et du nationalisme somaliens. Le Président a fait ces commentaires;
« En tant que soldats, vous n’avez pas de clans, votre clan est la Somalie. Vous ne devez jamais perdre cela de vue.  »
Soulignant le rôle important que l’Armée Nationale Somalienne a, celui de protéger les civils, le Président a déclaré;
« Les soldats sont subordonnés à l’autorité civile; ils ne doivent jamais nuire aux civils et ils doivent faire tout leur possible pour protéger la vie et les biens des civils. »
Le Commandant Adjoint de la Force de l’AMISOM, le Général de Brigade Audace Nduwumunsi a déclaré;
« La formation fait partie des activités en cours de travailler côte à côte avec le peuple somalien pour renforcer la capacité du gouvernement, des institutions de sécurité et de la justice, en veillant à la paix et à la stabilité à long terme. »
Le Général de Brigade Nduwumunsi a ajouté;
« Quand l’AMISOM se retira du pays, les forces somaliennes de sécurité devront être capables de défendre les citoyens somaliens et les frontières du pays. »
Depuis que l’ONU a augmenté l’effectif des troupes de l’AMISOM jusqu’à 17700, les forces de l’AMISOM, aux côtés de l’Armée Nationale Somalienne, ont récemment avancé jusqu’aux limites extérieures de Mogadiscio.







Source: http://amisom-au.org/2012/03/six-hundred-somali-soldiers-complete-a-refresher-training-course-undertaken-by-amisom/?lang=fr

L’AMISOM travaille avec la Police Somalienne pour faire un monitoring et une vérification des anciens agents

L’AMISOM travaille avec la Police Somalienne pour faire un monitoring et une vérification des anciens agents



Mogadiscio-le 17 Mars 2012; Au cours des deux dernières semaines, la composante police de l’AMISOM a travaillé avec la Police Somalienne pour faciliter la vérification et le ré-recrutement d’anciens agents de la Police Somaliens qui avaient été chassés de leurs positions officielles depuis que le conflit a éclaté en Somalie il y a plus de vingt et un ans.
Un comité de sept membres a été créé le 28 Février 2012, et a été chargé de recueillir des données et de faire la vérification de 600 anciens membres du personnel de la police somalienne. La composante police de l’AMISOM surveillera le processus d’examen et  vérifiera la sélection finale de l’ex- personnel de la Police Somalienne. Actuellement, 460 anciens membres du personnel, y compris 50 de sexe féminin et 410 de sexe masculin, ont été examinés avec succès.
Le Dr Charles Makono, le commissaire de la police de l’AMISOM a déclaré: « Les anciens policiers somaliens jouent un rôle essentiel pour renforcer la police actuelle, en transférant leurs compétences et leurs riches connaissances aux nouvelles recrues. Dans l’esprit de notre mandat, nous travaillerons assidûment avec la Police somalienne pour veiller à ce qu’un processus standard et vigoureux de vérification soit en place.  »
L’absence d’un gouvernement central et le conflit prolongé en Somalie ont créé un état d’anarchie dans tout le pays, mais après la libération de Mogadiscio des terroristes Al-Shabaab, le Gouvernement Fédéral de Transition a été en mesure de reconstruire les structures de l’ordre public et de rétablir la sécurité dans la capitale.
La composante police de l’AMISOM continue d’étendre ses activités pour renforcer les capacités de la Police somalienne. Hier, la police de l’AMISOM a commencé à contrôler le versement des allocations à la Police somalienne, constituées de fonds des donateurs du PNUD, du Bureau Politique de l’ONU pour la Somalie (UNPOS) et des dons du gouvernement japonais. Actuellement, la police de l’AMISOM est également en train de former 97 chefs de postes de la Police somalienne à l’Académie policière Général de Brigade Kahiye, à Mogadiscio.

Source: http://amisom-au.org/2012/03/amisom-works-with-somali-police-force-to-monitor-and-vet-former-officers/?lang=fr

Somalie, Opération Atalante: Les pirates n’ont qu’à bien se tenir !

Quand il s’agit de protéger ses intérêts, l’Europe ne lésine pas sur les moyens. L’opération Atalante lancée en décembre 2008 contre la piraterie dans l’océan Indien participe de cette détermination de l’Union européenne à éradiquer un fléau dangereux pour ses navires marchands. Face à la menace d’une paralysie du commerce maritime dont une grande partie transite par les côtes somaliennes, des navires de guerre ont été déployés, avec des résultats jugés positifs. La piraterie dans le Golfe d’Aden connaît en effet un recul.
Et pour espérer enrayer définitivement le mal, l’UE a non seulement reconduit l’opération Atalante jusqu’en 2014, mais a en outre élargi son mandat. Désormais, des bases de pirates situées au sol peuvent être attaquées. Au-delà des aspects juridiques qu’implique une telle décision, comme la violation de l’intégrité territoriale d’un pays –mais la Somalie a cessé depuis longtemps d’être un Etat-, d’autres questions subsistent. Il s’agit surtout du lien entre la piraterie et la guerre en Somalie. La piraterie est en effet consubstantielle à la faillite de l’Etat somalien. Un Etat néant donc, où chaque puissance sous-régionale intervient au gré de ses intérêts. L’Ethiopie et le Kenya y ont ainsi dépêché des troupes, sans requérir l’avis de qui que ce soit.
L’objectif de casser du Shebab leur octroie de facto une légitimité. Mais dans cet imbroglio politicomilitaire, on se demande si tous poursuivent le même but, le plus noble qui soit, à savoir le retour de la paix et de la démocratie en Somalie. Chaque puissance régionale n’a-t-elle pas un agenda caché ? Pendant donc que l’Occident agit en mer, des troupes africaines essaient de traquer les rebelles Shebabs au sol. Deux opérations apparemment complémentaires. Le schéma actuel est très clair : l’Europe se bat contre les pirates et l’Afrique contre les Shebabs.
Est-ce la stratégie gagnante ? On se le demande bien. En tout cas, tant que la Somalie ne retrouvera pas la paix, on voit mal comment le terrorisme maritime prendra fin. Les mers ne retrouveront le calme que si la Somalie accède à un minimum d’organisation. L’Europe et l’Afrique, chacune de son côté, tentent de relever ce challenge. Malgré les succès de l’opération Atalante et les victoires des troupes africaines, rien n’est encore gagné. La culture de la guerre est si ancrée dans les habitudes et si lucrative pour bien des chefs de tribus qu’il faudra bien des batailles pour en venir à bout.
Il y a une économie de la guerre dont beaucoup tirent profit. Il y a aussi des rivalités sous-régionales qui s’expriment en Somalie. L’Ethiopie et l’Erythrée s’affrontent ainsi par procuration, faisant de la Somalie un théâtre de leur confrontation. A supposer que les Shebabs soient vaincus, rien ne prouve que d’autres groupes armés n’émergeront pas. La paix en Somalie et, partant, l’éradication de la piraterie, passe donc par une solution globale, impliquant tous les Etats de la sous-région. Mais face aux tergiversations africaines, l’Europe tente d’éteindre l’incendie de la piraterie qui menace directement ses intérêts. Pour cela, elle a trouvé ce qu’elle considère comme son arme fatale : l’opération Atalante.

© Le Pays : Mahorou KANAZOE

Atalante : formation de militaires burundais à Mombasa !

24/03/2012 
Mombasa au Kenya, l’équipage de l’Aconit et l’équipe de protection estonienne embarquée à son bord ont dispensé une formation de deux jours au profit de 25 militaires burundais des forces de l’AMISOM (mission de l’Union africaine en Somalie).
Cette instruction s’est déroulée à quai, à bord de l’Aconit pour la partie théorique et sur un porte conteneurs régulièrement affrétés par l’AMISOM et le Programme alimentaire mondial (PAM), pour la partie pratique.

Le capitaine de corvette Reinbach, commandant le détachement estonien, et son équipe ont transmis aux militaires burundais les enseignements nécessaires pour assurer la protection des navires civils en transit. Un officier français de l’Aconit assurait la coordination de cette formation.Lors de la première journée, les différents aspects de la piraterie, l’organisation d’une équipe de protection et les différentes situations et réactions possibles ont été abordés.
La deuxième journée à bord du porte conteneurs a permis de mettre en situation l’équipe de protection burundaise en les confrontant à une attaque de skiff puis à un assaut sur le navire.
La formation a été clôturée par la remise des diplômes par le capitaine de vaisseau Ivo Värk, chef d’état-major de la marine estonienne et du capitaine de vaisseau Olivier de Saint Julien commandant la frégate Aconit. Madame Kadri Humal-Ayal, consul d’Estonie au Kenya ainsi que des représentants de l’ONU qui assurent le soutien de l’AMISOM étaient présents à la cérémonie.
Les moyens engagés dans Atalante conduisent des actions de formation des forces de l’AMISOM depuis 2011.Elles doivent permettre à l’AMISOM d’assurer la protection des navires qu’elle affrète entre le Kenya et la Somalie pour acheminer son ravitaillement.