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La guerre de l’Ogaden (1977-1978) : un conflit régional éclipsé par la guerre froide (2/3)

La révolution en Ethiopie : l’URSS change de fusil d’épaule (1974-1976)

L’URSS continue cependant de favoriser la Somalie : le 11 juillet 1974, un traité d’amitié et de coopération est signé entre les deux Etats. Il fait suite à l’entrée de la Somalie, quelques mois auparavant, dans la Ligue Arabe, appuyée par l’Arabie Saoudite qui cherche à détourner Siad Barre des sirènes du communisme. Mais les Soviétiques vont être pris de court par un événement encore plus important : fin janvier 1974, une mutinerie éclate dans la 4ème brigade de l’armée éthiopienne au sud-ouest du pays, puis l’émeute se généralise à tout le pays.


Le 28 février, l’Empereur est obligé de faire démissionner tout le gouvernement. C’est pourquoi, convaincu que l’URSS doit muscler ses liens avec la Somalie en vue d’une crise avec le voisin éthiopien, les Soviétiques annoncent le traité du 11 juillet. Des livraisons de MiG, d’Il-28, de systèmes de défense anti-aérienne SA-2 et SA-3, de chars T-54 et d’artillerie suivent immédiatement.

En Ethiopie, après les premiers mois assez confus de la révolution déclenchée en janvier 1974, l’armée prend finalement les choses en main. Le 27 juin, elle annonce la formation d’un comité coordonnant les efforts de l’armée, de la police et de la Garde Nationale, connu sous le terme amharique utilisé pour le désigner : le Derg. Celui-ci organise une campagne de dénigrement de l’Empereur, qui est finalement déposé le 12 septembre. Le Derg est alors dominé par le général Aman Andom, qui base son programme sur le slogan « Ethiopie d’abord », mais sans véritable vision idéologique. Il entre en conflit avec des officiers plus jeunes menés par le major Mengistu Haile Mariam et le major Atnafu Abate. Le conflit se solde le 22 novembre par l’assassinat d’Aman, remplacé quelques jours plus tard à la tête du Derg par le général Teferi Bante, qui a l’approbation de Mengistu. Le 20 décembre, le régime commence à adopter une orientation socialiste. Le Derg collabore alors avec le MEISON, un groupe civil orienté à gauche, mais doit affronter l’opposition du Parti Révolutionnaire du Peuple Ethiopien (PRPE), fondé en août 1975, et qui milite pour une révolution plus populaire que ne l’est, à ses yeux, le Derg. Celui-ci écrase le mouvement et doit ensuite faire face à l’Union Démocratique Ethiopienne (UDE), fondée en août 1975, et qui rassemble l’opposition de droite face au nouveau régime.

En Erythrée, les rebelles profitent de la désorganisation du pays pour lancer des attaques sur la capitale, Asmara. Le Derg mobilise alors 40 000 paysans miliciens mal entraînés et mal équipés, jetés au feu sans aucune expérience du combat, et qui sont mis en déroute par les rebelles. Dans l’Ogaden, une terrible famine a lieu en 1974-1975, provoquant l’installation de camps de réfugiés en Somalie. Siad Barre en profite pour relancer le FLSO dans la région disputée. En avril 1976, le major Mengistu reconnaît lui-même que l’Ethiopie doit faire face à des soulèvements armés dans 8 des 14 régions du pays. En fait, seulement trois de ces insurrections sont menaçantes pour le Derg. Dans le Tigré, une province voisine de l’Erythrée, le Front de Libération Des Peuples du Tigré (FLPT), fondé en février 1975, contrôle une bonne partie de la province et a aidé les insurgés d’Erythrée à battre la « Marche Rouge » des paysans miliciens en mai 1976. Plus à l’est, au sud de l’Erythrée, la communauté des Afars menée par le sultan Ali Mireh prend les armes en mars 1975 au sein du Front de Libération Afar (FLA), soutenue par la Somalie et l’Arabie Saoudite, et mène des attaques sur la route entre le port d’Assab en Erythrée et la capitale Addis-Abeba. Enfin, au sud et à l’ouest de la capitale, les Oromos ont formé, dès octobre 1974, le Front de Libération Oromo (FLO), qui lance des opérations de guérilla en juillet 1976. A la mi-1976, l’Ethiopie semble au bord de l’implosion ; le Derg lui-même connaît des querelles internes qui virent à l’affrontement armé et à l’assassinat ciblé. Pourtant, le major Mengistu commence déjà à s’imposer à la tête de l’édifice.

L’URSS ne s’intéresse au départ qu’assez prudemment au nouveau régime, le Derg. Elle applaudit cependant lors de la déposition de l’Empereur, en septembre 1974, et surtout à partir de décembre, quand l’orientation socialisante du Derg se confirme officiellement. Lorsque le Derg adopte un programme de réforme agraire et de distribution des terres aux paysans pauvres, en mars 1975, le soutien de l’URSS se fait plus prononcé. Les Soviétiques commencent à changer de discours à propos de la rébellion en Erythrée : on se souvient qu’ils la soutenaient indirectement sous l’ancien régime. Ce revirement met en rage Siad Barre, qui appuie la guérilla en Erythrée, et qui comprend alors que l’URSS ne le suivra pas dans sa politique de reconquête territoriale de l’Ogaden. Les Soviétiques, cependant, malgré de nombreux échanges avec le Derg, refusent au départ de livrer des armes. Les Ethiopiens se tournent alors vers les Américains, qui restent eux aussi très prudents sur la question : mais il s’agit toutefois d’empêcher le voisin somalien, toujours soutenu par l’URSS, de profiter d’un contexte favorable pour intervenir en Ethiopie. L’aide militaire américaine n’aura donc été jamais aussi importante que dans les années 1975-1976 : des chars M-60, des chasseurs F-5E, des missiles Maverick et Sidewinder et une escadrille entière de F-5A cédée par l’Iran avec l’accord des Etats-Unis.


Vers l’armée révolutionnaire

Le Derg hérite d’un appareil militaire forgé par le régime impérial, le plus considérable d’Afrique subsaharienne si l’on excepte l’Afrique du Sud. L’armée comprend alors 41500 hommes dont 37700 (91 %) servent dans l’armée de terre. L’armée s’est modernisée et a été relativement bien entraînée, mais elle manque de matériel pour mener une guerre conventionnelle. Elle comprend quatre divisions dont la première est l’ancienne Garde Impériale. Chaque division aligne de 8 à 12 000 hommes et comporte 5 bataillons d’artillerie, 2 bataillons de chars, 2 bataillons mécanisés, 2 bataillons motorisés, 2 bataillons de sapeurs, 1 compagnie aéroportée, 1 compagnie blindée et des escadrons de transmissions. La force aérienne éthiopienne est l’une des meilleures du continent africain. Elle aligne alors seulement 2500 hommes et 43 appareils de combat, mais elle est sans égale dans la région. L’école d’entraînement des élèves pilotes, sélectionnés parmi les meilleurs officiers, est à Dabre Zeit, à 50 km au sud d’Addis-Abeba. L’école comprend des installations de maintenance, de réparation des appareils et d’électronique. Avec l’assistance américaine, l’aviation éthiopienne est devenue un formidable outil militaire. Les pilotes, bien que n’ayant aucune expérience du combat aérien, aiment à se comparer à leurs homologues israëliens, qui comptent alors parmi les meilleurs du monde. Un certain nombre de forces paramilitaires viennent gonfler les effectifs de l’armée régulière. Parmi celles-là, la Police d’Urgence est la plus importante car elle combine les fonctions de la police et de l’armée. Créée au départ dans les années 60 pour s’opposer aux émeutes urbaines et rurales, elle est transformée avec l’aide de conseillers israëliens en une unité commando anti-insurrection de 7 000 hommes. Elle est utilisée dans les premières années de l’apparition de la guérilla en Erythrée. L’armée territoriale éthiopienne est l’équivalent de la Garde Nationale américaine : mais ses membres sont peu armés, peu entraînés et peu payés. Les miliciens, appelés par les gouverneurs provinciaux en cas d’urgence, n’ont aucune organisation centralisée. Au moment de la révolution de 1974, les forces armées éthiopiennes ne sont plus capables de s’opposer à la fois aux menaces intérieures et à des menaces extérieures : le matériel blindé, en particulier, est obsolète face aux acquisitions soviétiques des Somaliens, et manque de pièces de rechange.

Le Derg ne désintègre pas l’héritage impérial : l’armée révolutionnaire reprend les structures et l’organisation de l’ancienne armée. Simplement, ce sont désormais des sous-officiers et des officiers subalternes, qui ont mené la révolution, qui sont aux commandes. Par ailleurs, l’armée devient en Ethiopie l’Etat lui-même, et non plus un outil au service d’un autocrate civil tout puissant. Le Derg est dirigé par des militaires, qui ont la mainmise sur l’Etat. L’armée est donc « le parti en armes » de la révolution éthiopienne. Pour les chefs de la révolution, il s’agit de remettre à niveau cette armée frappée par le chaos de la révolution. Un rapport réalisé en 1976 dresse un constat alarmant. Une première vague de réformes importantes intervient peu après : les forces armées sont réorganisées en 5 commandements régionaux, et les militaires estiment à 65 bataillons d’infanterie l’effectif normal de garnison, dont 38 sont alors déjà en place. Avec l’aide d’Israël, une cinquième division formée à la contre-insurrection, baptisée « Nebelbal » (Flamme), est créée, tandis qu’une unité commando de la police devient la 8ème division de l’armée. Pour entraîner des miliciens, des camps d’entraînement baptisés « Tatek » (« être ceint ») sont établis aux alentours d’Addis-Abebba à partir de février 1977. Des instructeurs cubains y forment plus de 120 000 hommes qui constituent 10 divisions de miliciens. 58 000 de ces miliciens seront envoyés sur le front de l’Ogaden jusqu’en janvier 1978. Les 2ème et 5ème divisions de milice joueront un rôle important dans la guerre de l’Ogaden.


La marche à la guerre (1976-1977)


L’URSS est réticente à appuyer davantage le Derg de par ses relations avec les Américains, et ce d’autant plus que certains membres du comité négocient aussi avec la Chine Populaire, ennemi mortel de Moscou. Par ailleurs, à ce moment-là, les relations avec la Somalie voisine sont au plus haut, et il est difficile aux Soviétiques de soutenir ostensiblement l’Ethiopie, l’adversaire traditionnel des Somaliens. L’aide militaire soviétique à Mogadischio entre 1974 et 1976 reste des plus impressionnantes : les forces armées somaliennes se montent alors à 22 000 hommes, soit une augmentation de 30 % entre les deux dates. 100 chars T-34 et T-54 portent le total des blindés somaliens à 250, sans parler de 300 véhicules de transport de troupes blindés. L’aviation a reçu 24 chasseurs MiG-21, de nouveaux MiG-15, MiG-17 et Il-28. Sur le papier, en 1976, la Somalie a la force aérienne la plus puissante de l’Afrique subsaharienne. Mais ces appareils ont une faible disponibilité, ce qui en relativise le chiffre. L’armée éthiopienne a clairement perdu l’avantage dont elle disposait : les effectifs ont été gaspillés lors d’attaques coûteuses en vagues humaines dans l’Erythrée, d’autres sont employés partout dans le pays aux tâches de contre-insurrection, tandis que le corps des officiers a été décapité par les purges successives au sein du Derg (au moins 30 % des officiers). La force aérienne éthiopienne conserve une supériorité qualitative, mais plus numérique. En revanche, les Ethiopiens sont nettement surclassés en terme de blindés : ils n’alignent que 75 chars moyens et 146 véhicules blindés de transport de troupes, soit à peine la moitié du contingent somalien, qui par ailleurs bénéficie de matériels soviétiques plus récents et mieux entretenus.


La comparaison entre les forces militaires de l’Ethiopie et de la Somalie, 1976-1977



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EthiopieSomalie
Effectifs totaux47 00022 000
Chars78 (24 M-60, 54 M-41)250 (200 T-34, 50 T-54/55)
Véhicules blindés156 (90 M-113, 56 AML-245/60)310 (60 BTR-40, 250 BTR-152)
Navires de combat16 (un dragueur de mines côtier, un navire d’entraînement, 5 patrouilleurs, 4 patrouilleurs côtiers, 4 navires de débarquement, un patrouilleur classe Kraljevica).12 (2 navires lance-missiles Osa, 6 vedettes lance-torpilles P-4 et P-6, 4 navires de débarquement).
Appareils de combat36 (4 Canberra B2, 11 F-86F, 16 F-5A/E, 5 T-28A).66 (10 Il-28, 44 MiG-15 et MiG-17 UTI, 12 MiG-21).
Autres appareils85 (12 C-47, 2 C-54, 12 C-119G, 3 Doves, 19 Safirs, 13 T-28A/D, 11 T-33A, 10 hélicoptères AB204, 6 hélicoptères UH-1H).Au moins 38 (3 An-2, 3 An-24/26, 3 C-47, 1 C-45, 8 P-148, 20 Yak-11, des hélicoptères Mi-2, Mi-4 et Mi-8).

Source : Robert G. PATMAN, The Soviet Union in the Horn of Africa. The diplomacy of intervention and disengagement, Soviet and East European Studies 71, Cambridge University Press, 1990.


L’URSS, pourtant, continue d’affirmer que ses livraisons d’armes à la Somalie n’ont qu’un but défensif. Il apparaît que les Soviétiques ont sous-estimé les revendications territoriales et nationalistes de Siad Barre. Ils commencent d’ailleurs à s’inquiéter du peu d’avancées vers le socialisme réalisées en Somalie, alors que la nationalisme et l’islam, composantes fondamentales du pays, restent encore très présents dans la vie quotidienne. Le 1er juillet 1976, Siad Barre met en place un parti unique : le Parti Socialiste Révolutionnaire Somalien (PSRS), qui remplace le Conseil Révolutionnaire Suprême installé en 1969. En juillet 1976, une importante délégation éthiopienne est pourtant reçue à Moscou, premier pas vers une collaboration plus étroite entre les deux pays. Le même mois, une tentative de coup d’Etat contre Mengistu au sein du Derg échoue : c’est la victoire du clan pro-URSS au sein de l’institution dirigeant la révolution éthiopienne, qui propulse Mengistu sur le devant de la scène tout en confirmant les Soviétiques dans leur nouvelle orientation à l’égard du pays. Le PRPE lance alors une campagne de guérilla urbaine et d’attentats terroristes contre les membres du Derg. Celui-ci répond par une véritable « terreur révolutionnaire » et fait exécuter des milliers d’opposants : en novembre, le mouvement s’accélère avec l’arrivée en Ethiopie de la 5ème division de l’armée, entraînée par Israël, divisée en « Flame Squads » et d’une loyauté sans faille à l’égard de Mengistu. En décembre, une nouvelle délégation éthiopienne s’envole à Moscou et négocie un accord secret d’armements, qui prévoit la livraison de matériels soviétiques de deuxième ligne.

Les relations entre la Somalie et l’Ethiopie, à l’inverse, ne vont cesser de se détériorer à partir du milieu de l’année 1976. La désorganisation et le chaos dans lesquels se trouvent plongés l’Ethiopie après la révolution semblent une occasion inespérée pour Siad Barre de reprendre, les armes à la main, la province si disputée de l’Ogaden. A ce moment-là, l’Ethiopie se brouille avec le Soudan, qui devient la base arrière des rebelles de l’Erythrée et des mouvements d’opposition politique au Derg. Le 5 janvier 1977, une première ville de l’Erythrée, Karora, tombe aux mains des combattants du FPLE. Le 23 mars, le mouvement d’empare d’une capitale de district, Nakfa. Les combats s’intensifient également dans l’Ogaden entre les troupes éthiopiennes et le FLSO, soutenu par les premières incursions de l’armée somalienne. L’événement décisif survient le 3 février 1977 : ce jour-là, Mengistu prend définitivement le pouvoir au sein du Derg en faisant assassiner le général Bante et ses partisans à Addis-Abeba. Mengistu est immédiatement reconnu par l’URSS, qui s’empresse aussi, par l’intermédiaire de Fidel Castro, de réunir les dirigeants somalien et éthiopien à Aden, le 16 mars, pour trouver une solution au conflit frontalier. Castro propose lors de la réunion un plan de fédération régionale qui engloberait tous les pays socialistes de la région. L’Erythrée et l’Ogaden se voient proposés le statut de communautés autonomes au sein de l’Ethiopie. Le parti pris est flagrant et n’échappe pas à Siad Barre, qui rejette ce plan et reste arc-bouté sur ses positions. Le 23 avril, Mengistu expulse tous les conseillers militaires américains encore présents en Somalie ; en mai, un accord de livraison d’armes est signé avec l’URSS, et les premiers conseillers militaires cubains arrivent à Addis-Abeba. Les Américains cessent alors leurs livraisons d’armes. En mars 1977, 30 chars T-34 étaient déjà parvenus en Ethiopie, bientôt suivis par 200 conseillers militaires cubains menés par le général Arnaldo Ochoa, l’adjoint du ministre de la Défense de Cuba. L’accord de mai prévoit quant à lui la fourniture de 48 chasseurs MiG-21, de 200 chars T-54/T-55 et de systèmes de défense anti-aériens SA-3, SA-7 , ainsi que de missiles antichars Sagger. Le 21 juillet, une liaison aérienne directe entre Moscou et Addis-Abeba est établie : pendant l’été, cinq livraisons d’armes ont lieu par semaine.


Du soutien aux guérillas de l’Ogaden à l’offensive somalienne (1976-juillet 1977)


L’Ogaden, qui va bientôt devenir un champ de bataille entre l’Ethiopie, la Somalie, et les puissances étrangères impliquées (URSS et Cuba surtout), est une région de 200 000 km², assez faiblement peuplée. La végétation, souvent épineuse, et des sources d’eau souterraines constituent les seules possibilités de survie. Si l’on excepte les bassins fertiles des rivières, où l’on trouve une vie sédentaire, c’est un paysage nu, qui part des collines plates et des plaines arides au pied du plateau d’Harar (2 000 m d’altitude) jusqu’à la frontière somalienne où l’altitude avoisine les 500 m. A l’ouest, l’Ogaden est délimitée par la rivière Webi Shebele, qui la sépare du Bale, région agricole censée être le foyer des Oromos, et habitée dans sa partie méridionale par des Somaliens de divers clans. L’Ogaden elle-même est peuplée de Somaliens appartenant à différents clans, dont le principal a donné son nom à la province.

Les revendications somaliennes diffèrent quelque peu de la version éthiopienne de l’Ogaden qui vient d’être présentée. Pour Mogadischio, l’Ogaden s’étend jusqu’à la rivière Awash, comprenant la région de l’Hararghe -où se trouve deux grandes villes éthiopiennes, Harar et Dire Dawa- et une bonne partie des régions du Bale et de Sidamo. Mais ces revendications nient le caractère multiethnique du territoire considéré. On trouve en effet des Somaliens seulement dans le nord de l’Hararghe, près de Dire Dawa, et au sud du Bale. Des considérations économiques priment largement pour expliquer ces différences. L’Hararghe est l’une des régions agricoles les plus riches de l’Ethiopie : on y plante des céréales et du café, et l’élevage y est très important. On cultive aussi le qat, une plante euphorisante largement exportée à Djibouti et au Moyen-Orient. La voie ferrée centrale de l’Ethiopie, qui relie Addis-Abeba à Djibouti, passe par l’Hararghe. La région est entrecoupée de barrières montagneuses dont la plus imposante sont les monts Amhar, qui s’étendent entre les plaines des villes de Harar et Jijiga. La passe de Marda, trouée à travers cette chaîne de montagnes, est d’une grande importance stratégique.

L’état-major éthiopien avait anticipé dès 1975 l’offensive en deux étapes que va suivre alors Siad Barre. Il est persuadé qu’avant d’engager des forces conventionnelles, le dictateur somalien va utiliser les paysans du sud-est éthiopien qu’il a déjà entraînés et armés pour la guérilla. C’est exactement le choix fait par la Somalie, qui espère ainsi pousser l’Ethiopie à négocier, tout en préparant si besoin la voie pour une offensive de grand style. Le plan somalien manque cependant cruellement d’originalité et ôte tout effet de surprise. La Somalie entretient des guérillas dans l’Ogaden depuis 1963-1968, dates auxquelles elle avait suscité une révolte dans le Bale, qui avait échoué. C’est à présent le Front de Libération de la Somalie Occidentale qui est son principal relais. Il est organisé en trois commandements régionaux qui dépendent eux-mêmes des commandements régionaux somaliens : au nord, à Hargeisa, au centre à Dusa Mareb et au sud à Baidoa. Les commandements sont répartis en 6 divisions, dont les zones correspondent en gros à celles des sous-clans somaliens. Celles-ci portent des noms symboliques ou très vindicatifs (Revanche, Tempête, l’Etrangleur). Le commandant suprême du FLSO n’est autre que le ministre de la Défense somalien, Mohammed Ali Samatar. Chaque division est équipée de mortiers, de lance-roquettes, de mitrailleuses lourdes, et la plupart des combattants disposent d’AK-47. Approvisionné par la Somalie, le FLSO recherche cependant d’autres sources de fournitures en armes en pratiquant la vente de la myrrhe et en prélevant des taxes sur les exportations de bétail. Des associations secrètes, les gode (porteurs de haches) servent d’intermédiaire avec la population : ils transmettent des renseignements sur l’armée ennemie, collectent les vivres pour les combattants, donnent une justification religieuse à l’insurrection.

La Somalie ne se contente cependant pas du seul FLSO et fonde également le Front de Libération Somali-Abo (FLSA), composé de Somaliens et d’Oromos qui combattent dans le Bale et le Sidamo. Cette organisation est rattachée au commandement régional sud somalien, mais en raison de la présence oromo, elle a une plus grande liberté d’action que le FLSO. Les buts des différents mouvements ne sont pas clairement établis : le FLSO hésite entre une indépendance complète ou une autonomie au sein d’une Somalie unifiée, tandis que le Front de Libération Somali-Abo semble plutôt destiné à contrer le Front de Libération Oromo, qui opère dans la même région. Ces deux mouvements, en revanche, se rejoignent sur leur dépendance totale à l’égard du parrain somalien, qui encadre tout, armement, entraînement, approvisionnement et direction. Les Ethiopiens estiment en juillet 1977 que ces deux organisations regroupent 40 000 combattants ; 20 000 de plus les auraient rejoints pendant le conflit, portant le total à 60 000 hommes. Si il y a bien neuf divisions en tout, avec 5 à 7 000 hommes par division, le chiffre se tient. Certaines sources parlent plutôt de 45 000 hommes.

La guérilla commence sur les deux fronts au début de 1976. A la fin de l’année, elle s’étend dans la majeure partie du Hararghe, au sud-est du Bale et dans le Sidamo. Les guérilleros qui s’infiltrent à partir de la Somalie sont en terrain connu, où la population leur est favorable, où les déplacements sont facilités par le couvert des forêts et des montagnes, et où les attaques visent à détruire l’appareil gouvernemental en attaquant les bureaux, la police et les administrateurs civils, pour les forcer à se réfugier dans les villes de garnison. Si la population somalienne des basses-terres se rallie avec enthousiasme à l’insurrection, ce n’est pas le cas des autres populations situées plus au nord, sur le plateau. Le FLSO est bien accueilli par les Ogadenis et les Hawiyé du Bale, alors que le FLSA peine à s’imposer chez les Oromo. Ce dernier recourt alors à la force : recrutement forcé, torture, destructions gratuites, exactions contre les Amharas chrétiens, des pratiques qui gagnent aussi le FLSO, afin d’installer la terreur parmi les communautés et les forcer à fuir. Fin 1976, les deux fronts ont pris le contrôle d’une bonne partie de l’est éthiopien, sans coordination de l’un avec l’autre. L’Ogaden et les basses-terres du Bale et du Sidamo sont entre leurs mains début 1977. La guérilla utilise la tactique du « hit and run » qui contraint les militaires éthiopiens à s’enfermer dans leurs garnisons. Quands ils en sortent, les convois tombent sur des routes minées ou dans des embuscades. Le 11 février 1977, à Horakelifo (entre Degehabur et Jijiga), 25 soldats et officiers sont tués, 24 autres blessés, plusieurs véhicules blindés et camions sont détruits dans l’une d’entre elles. A la même époque, un contingent de policiers est anéanti à Filtu. La guérilla coupe ainsi les voies d’approvisionnement des soldats éthiopiens. Pour désorganiser l’économie nationale, elle fait sauter plusieurs ponts, et, le 1er juin, elle détruit la voie ferrée reliant Addis-Abeba à Djibouti. La principale artère du pays, qui voit défiler 40 % des exportations et 50 % des importations, est coupée jusqu’en 1978.

Les Somaliens décident alors de passer à l’étape suivante en injectant des troupes régulières pour soutenir la guérilla. Le 13 juin 1977, 5 000 soldats somaliens franchissent la frontière pour attaquer des cibles prédéfinies dans l’Hararghe. Les Somaliens ont retiré tous leurs insignes et les élements d’identification, mais ils sont aisément reconnaissables au milieu des guérilleros en haillons. A la fin du mois, les villes de Degehabur, Dire Dawa, Kebridahar, Gode et Warder sont pilonnées au mortier et au lance-roquettes. Les attaquants sont pourtant repoussés, et avec de lourdes pertes. A Gode, ils laissent 300 hommes sur le terrain, dont le commandant de brigade et son adjoint. Cet échec va persuader Siad Barre d’accélérer la transition vers une guerre conventionnelle. L’offensive va se dérouler en trois étapes : la première voit les Somaliens s’emparer rapidement des basses-terres. La deuxième est l’assaut contre le plateau de Harar et les grandes villes qui s’y trouvent. La dernière est marquée par la résistance déterminée des Ethiopiens sur le plateau, conduisant à une impasse débloquée par l’intervention extérieure, qui mène elle-même à la défaite somalienne.


La blitzkrieg somalienne (juillet-septembre 1977)


L’échec de l’offensive de juin 1977 convainct les militaires somaliens que les Ethiopiens n’ont pas suffisamment de puissance de feu et sont inférieurs en défense statique : en particulier, ils manqueraient de mines. Les Somaliens ont amassé des munitions, des vivres et du matériel pour une offensive de six mois environ, durée pendant laquelle ils doivent atteindre leurs objectifs. Ce faisant, ils sous-estiment la capacité de résistance éthiopienne et le jeu des relations internationales. Les Ethiopiens, quant à eux, ne savent pas si l’offensive somalienne portera sur le sud ou le nord de l’Ogaden. Hargeisa, en Somalie, n’est distante que de 270 km de Harar ; Jijiga, située à un carrefour de routes, est la clé d’accès aux villes importantes de l’est éthiopien. Les Ethiopiens ont donc disposé une brigade mécanisée à Jijiga, avec leur force principale. Les Somaliens en sont conscients, et choisissent d’attaquer plutôt par le sud et par l’est que par le nord. Cette stratégie présente plusieurs avantages : le ravitaillement des troupes depuis Mogadischio sera plus aisé, le deuxième aéroport éthiopien, Gode, est à proximité de la frontière et peut être capturé rapidement et enfin, les garnisons éthiopiennes étant isolées les unes des autres, elles sont vulnérables à des attaques successives par des forces mobiles. Par ailleurs, le soutien de la population locale est acquis, ce qui n’est pas le cas dans le triangle Dire Dawa-Harar-Jijiga.

L’offensive somalienne est déclenchée le 13 juillet 1977, à 3h du matin. Les Somaliens ont une supériorité en nombre et en armes : ils déploient plusieurs divisions mécanisées et l’essentiel de leur aviation contre 4 brigades éthiopiennes en sous-effectifs, qui disposent seulement d’une artillerie légère et de quelques canons antichars. Les chars somaliens s’avancent de 700 km en territoire éthiopien : les assauts blindés sont précédés de barrages d’artillerie, le tout combiné avec des raids aériens et des attaques mécanisées. Ils ne peuvent néanmoins s’emparer des centres vitaux et le combat se transforme vite en guerre d’attrition sur les positions férocément défendues par les Ethiopiens. La plupart des unités éthiopiennes se retirent, mais certaines résistent avec acharnement. 3 bataillons motorisés somaliens attaquent Dire Dawa le 17 juillet à 4h30. La ville est défendue par la 24ème brigade Nebelbal, le 4ème bataillon d’artillerie et le 752ème bataillon de la 75ème brigade de miliciens, arrivé deux jours plus tôt. Avec l’appui de l’aviation, ces forces, au prix de 79 morts et 8 blessés, infligent deux fois plus de pertes aux Somaliens. La 75ème brigade de milice et une section du 219ème bataillon Nebelbal sont alors dépêchées à Gode où la 5ème brigade d’infanterie est pilonnée depuis le 13 juillet. La ville finit néanmoins par tomber le 25 juillet à 6h. Les défenseurs sont balayés : seuls 489 des 2350 miliciens parviennent à rejoindre Harar. La 9ème brigade éthiopienne résiste aussi à Kebridehar avant de recevoir l’ordre de se replier sur Harar. La 11ème brigade d’infanterie éthiopienne est l’unité qui se défend le plus vigoureusement à Degehabur, jusqu’à la fin du mois de juillet, recevant alors l’ordre de se replier sur Jijiga. Le 8 août, les Somaliens ont quasiment accompli leurs buts initiaux : seules se dressent face à eux les villes de Harar, Dire Dawa et Jijiga.



Le commandement éthiopien de l’est divise alors l’Hararghe en deux zones opérationnelles sous les ordres du colonel Mulatu Negash. Les restes de la 3ème division éthiopienne, qui défendait le secteur attaqué par les Somaliens, et la 5ème division de milice, arrivée le 28 juillet, doivent défendre Harar, centre nerveux des opérations pour les Ethiopiens, et Jijiga, le poste avancé à l’est. La zone entre Harar et la rivière Awash relève de la 2ème division de milice et d’un bataillon Nebelbal. Ceux-ci doivent protéger Dire Dawa, important dépôt militaire, ainsi que les liaisons vers Aysha au nord-est et vers Awash à l’ouest. Le commandement aérien de l’est, dirigé par le colonel Fanta Belay, doit assurer l’appui aérien. Les groupes paramilitaires, à savoir la police et la Garde Révolutionnaire du Peuple, serviront d’auxiliaires.

A la mi-août, les Somaliens passent à la deuxième étape de leur offensive et visent d’abord Dire Dawa, cité industrielle vitale de 70 000 habitants. Ils engagent deux brigades motorisées, un bataillon de chars, deux bataillons d’artillerie, un bataillon de défense anti-aérienne et une batterie de lance-roquettes multiples (LRM) BM-13 dans cette opération. En face, les Ethiopiens alignent la 2ème division de milice, le 201ème bataillon Nebelbal, le 781ème bataillon de la 78ème brigade de milice, la 4ème compagnie mécanisée, et une section du 18ème bataillon de chars, avec seulement 2 blindés. Le 17 août, les Somaliens se déplacent, de nuit, vers le nord-est de la ville. Ils savent probablement que la défense éthiopienne est orientée au sud-est. Ayant perdu 3 chars sur des mines en chemin, ils attaquent à 4h30. Pris par surprise, les Ethiopiens résistent, mais le 871ème bataillon, qui défend la colline Shinile, doit battre en retraite sur l’aéroport. A 15h, les Somaliens commencent à pilonner la ville, semant la panique dans la population. Des blindés s’attaquent à l’aéroport, le contrôle aérien est détruit ainsi que 9 appareils. Une station d’essence, des réservoirs de carburant et plusieurs usines sont endommagés ou détruits. Durant les 24h suivantes, les Ethiopiens se défendent désespérement, tandis que parviennent d’Harar des renforts de miliciens, de chars et de BRDM. Une contre-attaque est lancée où se distinguent les Nebelbal et les miliciens. Le lieutenant Mitiku grimpe sur un char somalien pour y jeter une grenade, avant d’être coupé en deux par un tir de sniper. Mais c’est l’aviation éthiopienne qui renverse le cours du combat : volant depuis la base de Dabre Zeit au sud de la capitale, à 400 km de distance, ils ravissent la supériorité aérienne aux MiG somaliens avant de détruire pas moins de 16 chars T-55 somaliens. Les Somaliens, désespérés, abandonnent le combat et une quantité importante de matériel : chars, véhicules blindés, canons, fusils et mitrailleuses. Les Somaliens viennent de rater une occasion inespérée d’isoler les troupes éthiopiennes de l’est du pays. Le contrôle de la voie ferrée Dire-Dawa-Djibouti leur aurait aussi permis d’étrangler économiquement l’Ethiopie. Les Somaliens n’ont pas exploité les erreurs tactiques de leurs adversaires et n’ont pas lancé un assaut blindé massif avant que les Ethiopiens ne se soient renforcés. La coordination interarmes dans l’armée somalienne a été exécrable.


Jijiga : le « Stalingrad » éthiopien (septembre 1977)


Déçus par leur échec à Dire Dawa, les Somaliens se retournent contre Jijiga, la troisième ville provinciale. Le 27 juillet, une unité spéciale de la police éthiopienne avait été chassée de Tugwajale, une ville frontalière à 65 km à l’est de Jijiga. Mais l’attaque à grande échelle contre la ville elle-même n’intervient que dans la troisième semaine d’août. Ce délai donne le temps aux Ethiopiens d’amener sur place une autre brigade mécanisée ainsi que certaines de leurs meilleures troupes. La 10ème brigade mécanisée se positionne à Aroresa, Sebulberol, une hauteur à 5 km au nord de la première localité, et enfin à mi-chemin entre Kebribeyah et Jijiga, en anticipation de l’attaque à venir dans cette direction. La ville de Jijiga elle-même est défendue par la 92ème brigade mécanisée. L’attaque somalienne sur Aroresa le 21 août se heurte à des défenses solides. Bien retranchés et utilisant leur artillerie, les Ethiopiens font payer un lourd tribut à l’adversaire et stoppent son avancée, mais une unité avancée protégeant la route Kebribeyah-Jijiga a été sérieusement malmenée par les Somaliens. Les escarmouches continuent pendant une semaine.

La première moitié de septembre voit se développer une série d’attaques et de contre-attaques pendant lesquelles Jijiga change deux fois de mains. La ville va devenir un des lieux les plus emblématiques de la guerre de l’Ogaden. Le 2 septembre, les Somaliens passent à l’attaque après un bombardement de l’artillerie, des MiG, des chars et des LRM. Les Ethiopiens s’effondrent et des soldats mutins retraitent en désordre vers Karamara et Adew. Les Somaliens mettent la ville au pillage, accueillis par leurs compatriotes restés sur place alors que la population éthiopienne s’est enfuie. Pendant ce temps Mengistu, qui craint les conséquences de la chute de Jijiga sur le moral de l’armée éthiopienne, s’envole personnellement pour Harar afin de mener la contre-attaque. Les mutins sont passés à la baïonnette sous l’accusion de contre-révolution et de couardise, les troupes sont réorganisées et mènent une double attaque frontale au nord et à l’ouest de la ville. Les Somaliens subissent de lourdes pertes en hommes et en chars et évacuent Jijiga le 5 septembre. Mais l’artillerie somalienne continue à pilonner la ville, qui reste à sa portée, le 6, tandis que les troupes au sol encerclent Jijiga. Mengistu, quant à lui, est reparti vers Addis-Abeba. Les Ethiopiens manquent d’appui aérien et d’artillerie, malgré le rappel du 4ème bataillon d’artillerie en août. Les Somaliens ont aussi détruit le nouveau radar aérien installé à Karamara, à 5 km à l’ouest de Jijiga, le 12 septembre, ce qui entrave l’efficacité de l’aviation éthiopienne. Les Somaliens débordent les défenseurs, qui perdent une quantité de matériel (la plupart des 75 chars et 71 véhicules blindés perdus pendant le conflit côté éthiopien l’ont été ici). Le 12 septembre, troisième anniversaire de la déposition de l’Empereur, Jijiga tombe aux mains des Somaliens : les Ethiopiens retraitent sur Karamara. Les Somaliens s’emparent aussi, sans combat, de la passe de Marda, qui contrôle l’accès à Jijiga par les monts Amhar.


 
La défaite éthiopienne à Jijiga a souvent été mis sur le compte de dissensions au sein des troupes. Il est vrai qu’au sein de l’armée régulière, beaucoup de soldats sont affiliés à des organisations politiques opposées au Derg. Ils ont parfois poussé à la mutinerie. Une autre difficulté est le rapport entre les soldats réguliers et les miliciens : les premiers sont mieux nourris et leur solde est quatre fois supérieure à celle des seconds. Les miliciens, en conséquence, cèdent facilement au pillage après une victoire à un moment donné. Néanmoins, malgré ces problèmes internes, la défaite éthiopienne s’explique aussi par une infériorité en termes de puissance de feu. La défaite éthiopienne est lourde de conséquences : les Somaliens se sont emparés de Jijiga, de Karamara et de la passe de Marda. Une douzaine de sous-officiers et de soldats sont encore passés par les armes le 13 septembre au motif d’être des « anarchistes » opposés à la guerre. Mengistu intime l’ordre à la 3ème division éthiopienne, tout juste sortie de l’enfer de Jijiga, de se retrancher à Kore, à 55 km à l’est d’Harar, et de tenir la position tout en reprenant la passe de Marda. Dans le même temps, Mengistu en appelle à la mobilisation générale dans tout le pays, avec des slogans tels que « La Mère Patrie révolutionnaire ou la mort », ou « Tout pour le front », dans une tonalité qui n’est pas sans rappeler celle de Staline en 1941-1942. Les Ethiopiens redivisent le commandement est en trois secteurs : Awash, Dire Dawa et Harar. Dans la seconde moitié de septembre, l’effort somalien s’essoufle en raison de l’étirement du front, du mauvais temps, de la fatigue aussi. La phase d’attrition de la guerre de l’Ogaden commence alors.

Stéphane Mantoux, Historicoblog

Le peuple amhara est le deuxième plus important en nombre de l’Ethiopie après les Oromos.
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