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Somalie: le soldat français blessé lors du raid est mort, annoncent les shebab

MOGADISCIO (AFP) - 14.01.2013 09:29

Le soldat français présenté par les insurgés islamistes somaliens shebab comme blessé et capturé lors du raid de commandos français samedi en Somalie, est décédé de ses blessures, a affirmé lundi un porte-parole militaire des rebelles.
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Des combattants shebab à Magadiscio, le 4 octobre 2009
AFP/Archives - Abdurashid Abikar
 
Le soldat français présenté par les insurgés islamistes somaliens shebab comme blessé et capturé lors du raid de commandos français samedi en Somalie, est décédé de ses blessures, a affirmé lundi un porte-parole militaire des rebelles.
AFP/Archives - Abdurashid Abikar
 
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Carte de localisation du raid français
pour tenter de libérer un otage à Bulomarer en Somalie
AFP -
 
Une opération de commandos français de la DGSE (service français de renseignement extérieur), lancée dans la nuit de vendredi à samedi pour libérer un des leurs, otage des shebab depuis juillet 2009, s'est soldée par un échec: un autre soldat français a été tué et le sort de l'otage, qui n'a pas été libéré, reste incertain.
AFP -
Le soldat français présenté par les insurgés islamistes somaliens comme blessé et capturé lors du raid de commandos français samedi en Somalie est décédé de suites de ses blessures, a affirmé lundi un porte-parole militaire des shebab.
"Le soldat français qui faisait partie de l'invasion française de la Somalie est mort de ses blessures," a déclaré par téléphone à l'AFP Abdulaziz Abu Musab.
"Notre équipe médicale a tenté de l'aider, mais il n'a pas eu de chance. Sa blessure était grave", a-t-il ajouté, précisant que "le Haut-Commandement des shebab décidera lors d'une prochaine étape" de restituer ou non le corps de ce soldat.
Une opération de commandos français de la DGSE (service français de renseignement extérieur), lancée dans la nuit de vendredi à samedi pour libérer un des leurs, otage des shebab depuis juillet 2009, s'est soldée par un échec: un autre soldat français a été tué et le sort de l'otage, qui n'a pas été libéré, reste incertain.
Selon des témoins, huit civils somaliens ont aussi péri durant l'opération à Bulomarer, localité sous contrôle des islamistes au sud de Mogadiscio. Les soldats français ont fait face à une résistance "plus forte que prévu" de la part des islamistes, selon le ministre français de la Défense, Jean-Yves Le Drian.
L'otage français, présenté comme Denis Allex - sans doute un pseudonyme -, avait été enlevé le 14 juillet 2009 dans la capitale somalienne. M. Le Drian avait estimé samedi que "tout donnait à penser qu'il avait été abattu par ses geôliers" lors du raid pour le libérer.
Les shebab affirment que leur otage est toujours vivant et entre leurs mains mais n'en ont pas apporté la preuve.
© 2013 AFP
 
 

Somalie : comment les commandos ont échoué à libérer Denis Allex

13 janvier 2013 à 16:26

Saisie d'un stock d'armes des islamistes shebab au nord de Mogadiscio, en septembre 2012.
Saisie d'un stock d'armes des islamistes shebab au nord de Mogadiscio, en septembre 2012.
(photo Mohamed Abdiwahab. AFP)
Les commandos français ont échoué à libérer un otage samedi en Somalie après s'être heurtés à la résistance acharnée de combattants islamistes alertés in extremis par la population locale, lors d’un raid au cours duquel huit civils ont été tués, ont rapporté dimanche des témoins.
Le ministre français de la Défense, Jean-Yves Le Drian, a reconnu samedi que la résistance avait été «plus forte que prévu» pour les commandos, débarqués dans le sud somalien pour libérer un des leurs, un agent de la DGSE (services secrets et de renseignement) détenu depuis plus de trois ans par des insurgés islamistes.
Le sort de cet otage, présenté comme Denis Allex -- sans doute un pseudonyme -- demeure incertain.
Le ministre français de la Défense a estimé samedi que «tout donnait à penser que Denis Allex avait été abattu par ses geôliers» lors du raid.
Les islamistes shebab affirment que leur otage est toujours vivant et détenu loin du lieu de l’attaque française, mais ils n’en avaient toujours pas apporté la preuve dimanche. Ils ont ajouté que le militaire français serait jugé d’ici lundi soir.
Une certaine imprécision demeure également sur l’ampleur des pertes françaises. Le président François Hollande a salué samedi soir «le sacrifice de deux soldats», alors que M. Le Drian avait auparavant fait état d’un soldat tué et d’un autre «porté disparu». Les shebab assurent détenir un soldat français blessé, là non plus sans en avoir encore apporté la preuve.
Le gouvernement français a fait état de la mort de 17 «terroristes».
L’opération a été décidée par M. Hollande «il y a un mois», «lorsqu’on a su avec un maximum de certitudes où se trouvait très précisément l’otage», a révélé dimanche M. Le Drian sur la chaîne de télévision i-TV.
Un bâtiment de guerre a alors été déployé au large de la Somalie, d’où sont partis les hommes du commando, selon le ministre.
Au moins cinq hélicoptères ont débarqué au milieu de la nuit de vendredi à samedi une cinquantaine de commandos du service action (SA) de la DGSE à proximité de Bulomarer, localité sous contrôle islamiste au sud de la capitale Mogadiscio, selon une source dans les milieux du renseignement français.
Les Français ont atterri à trois kilomètres de la localité où était censé être détenu l’otage, mais leur présence a été rapidement éventée, selon des habitants sur place.
«Des gens ont vu (les commandos français) débarquer dans des champs, les shebab ont été informés que des hélicoptères avaient atterri et qu’ils avaient débarqué des soldats, et ainsi ils (les islamistes) ont pu se préparer», a déclaré un habitant de Bulomarer, Adan Derow, interrogé au téléphone depuis Mogadiscio.
«Les combattants moudjahidine étaient déjà au courant de l’attaque et nous étions prêts à nous défendre, grâce à Dieu», a confirmé à l’AFP un commandant local islamiste, Cheikh Mohamed Ibrahim.
Des combats acharnés ont duré environ 45 minutes, selon les shebab, avant le retrait des commandos français.


 

Victimes civiles

La population locale pleurait dimanche la mort de huit victimes civiles, selon plusieurs témoins interrogés par l’AFP.
Quatre de ces civils ont été tués lors de la progression au sol des commandos vers Bulomarer, dans des circonstances qui restent à éclaircir: un couple, leur fils et un autre homme, a priori des éleveurs locaux selon les habitants du secteur.
Quatre autres civils ont été tués par des balles perdues dans les combats à Bulomarer, dont une femme, son enfant et le gardien d’un marché.
«Nous ne savons pas pourquoi des civils ont été tués» hors de Bulomarer, a indiqué Ali Moalim Hassan, un notable local, ajoutant que leurs corps ont été retrouvés près d’un lieu appelé Dhaydog.
Les soldats français «ont tué des civils innocents et ils sont repartis sans avoir rien obtenu, les gens ici sont très déçus du gouvernement français en raison de ces victimes civiles», a déclaré un autre habitant de Bulomarer, Moalim Ahmed Nur.
«Ces gens (les commandos français) étaient fous», s'énerve un employé somalien d’une agence humanitaire locale, s’exprimant sous couvert d’anonymat. «On nous dit qu’ils étaient environ une quarantaine face à plus de cent combattants shebab lourdement armés. Leur mission était impossible et très peu professionnelle».
Les islamistes shebab ont perdu la totalité de leurs bastions depuis un an et demi face à l’avancée d’une coalition d’armées régionales mieux équipées, mais ils contrôlent encore des parties rurales du Sud et du centre de la Somalie, un pays pauvre de la Corne de l’Afrique privé de gouvernement centralisé depuis 1991.
(AFP)

URL Source : http://www.liberation.fr/monde/2013/01/13/otage-en-somalie-les-circonstances-d-un-echec_873640