Pages

Mercredi 1er mars 1995, Pour évacuer les derniers Casques bleus, débarquement sans heurt en Somalie

Débarquement et incidents en Somalie


VCC-1 italien sur le plage de Mogadischio


Des Marines américains et des fusiliers marins italiens ont débarqué, peu après minuit, dans la nuit de lundi à mardi, à Mogadiscio, dans le cadre de l'opération «Bouclier unifié», pour protéger le retrait des troupes des Nations unies encore présentes en Somalie.

A peine le dernier Casque bleu, pakistanais, parti du secteur, des Somaliens en armes envahissaient la piste de l'aéroport de la capitale. Des soldats italiens ont dû riposter à leurs tirs nourris, durant la nuit dernière. Il s'agit de miliciens du clan Habr Gedir - celui du général Aïdid - qui ont pris position dans l'aéroport après en avoir chassé les pillards...


1.800 Marines, accompagnés de 500 fusiliers marins italiens,
sont arrivés à bord d'aéroglisseurs géants

Plus tôt, les . Mission: protéger le retrait des 2.400 derniers Casques bleus de l'Opération des Nations unies en Somalie (Onusom II) ainsi que d'une poignée de hauts fonctionnaires de l'ONU. Et embarquer une cinquantaine de véhicules blindés et trente chars. Au moment du débarquement, la situation était calme dans le centre de la capitale somalienne.

Tandis qu'une unité de Marines accostait au port, d'autres unités arrivaient simultanément à «Green Beach», à proximité de l'aéroport. Dans le port, des Casques bleus du Bangladesh ont accueilli les deux premiers contingents de Marines. Ils ont accosté avec retard en raison d'une mer un peu forte.

Samedi 13 mars 1993, Trois paras belges tués par une mine en Somalie

Le détachement belge en Somalie paie un lourd tribut à sa mission humanitaire: trois parachutistes ont été tués et deux autres blessés par l'explosion d'une mine à Hoosingo, à 130 km à l'ouest de la ville de Kismayo en direction de la frontière kényane.


L'épave de la jeep détruite par la mine

Les paras effectuaient une mission de reconnaissance à bord de deux jeeps. A la vue d'une carcasse de voiture, la première s'est immobilisée et l'autre s'est rangée, faisant exploser une mine qui a fauché les occupants des deux véhicules.

Les victimes sont le sous-lieutenant de réserve Frédéric Boon (26 ans), de la 13e compagnie du 1er bataillon para, le caporal Dominique Jacob (28 ans), habitant à Vresse, le caporal Eric Noël (25 ans), du 3e Lanciers para, habitant à Bioul. Les deux blessés sont le premier sergent Jean-Bernard Mathieu (25 ans), du 3e Lanciers para, et le soldat milicien Frédéric Deglin (19 ans), du 3e Lanciers para, habitant à Ellemelle. Ils souffrent de brûlures aux yeux, tandis qu'un Somalien a été blessé.

 
sous-lieutenant de réserve
Frédéric Boon

Cet accident, le plus meurtrier depuis le début de l'intervention, qui a déjà fait 11 victimes occidentales, intervient deux jours après qu'un autre para belge eut été tué accidentellement lors de l'explosion du siège éjectable de l'épave d'un avion.

(A Mombasa, notre envoyée spéciale, Véronique Kiesel, a recueilli la réaction du ministre de la Défense Leo Delcroix, qui faisait route vers Kismayo: Depuis le début de nos missions, en Yougoslavie comme en Somalie, tous les matins, j'avais peur d'apprendre ce qui s'est passé. (...) Notre population doit être consciente que c'est un élément inhérent à la tâche que nous nous sommes engagés à accomplir. Jusqu'ici, nous avions eu beaucoup de chance en Somalie; cela avait peut-être fait oublier les risques que nos militaires courent tous les jours. Je ne pense cependant pas que la mort de ces hommes remette en question cette opération.


caporal
Dominique Jacob

Si le nombre de victimes devait soudainement augmenter dans une proportion importante, nous devrions nous interroger sur nos tâches futures. Mais cela dépend également des réactions de la population locale, hostile ou non. (...) Je vais discuter de tout cela avec le lieutenant-colonel Jacqmin. S'il a besoin de matériel supplémentaire pour que ce type de drame ne se reproduise plus, nous l'enverrons évidemment. Nous allons tout mettre en oeuvre pour éviter de nouveaux accidents.)


Caporal Eric Noël

Il y a quelques jours que le détachement belge s'est vu confier la responsabilité de la région de Kismayo, un territoire plus vaste que la Belgique. La promotion témoignait de l'estime dans laquelle le haut commandement américain tient les militaires belges, mais elle comportait aussi son poids de dangers. Kismayo est en effet l'une des régions les plus «chaudes», où deux chefs de guerre se livrent une lutte sans merci. Le colonel Jess, originaire de l'Ogaden et partisan du général Aïdid, «tient» Kismayo, tandis que le général Morgan, de la tribu des Majerteen (issue du nord-est du pays), beau-fils de l'ancien président Siad Barre, tente de la reconquérir. Depuis le Nigeria où il est réfugié, Barre tente d'approvisionner ses fidèles en armes, ce qui amène les Belges à renforcer les missions vers la frontière kenyane.

Et, désarmant les «combattants», les militaires belges, accueillis en libérateurs, n'ont pas tardé à provoquer leur rancoeur.

BRAECKMAN,COLETTE

Source: http://archives.lesoir.be/

VENDREDI 19 FEVRIER 1993, MOINS EXSANGUE ET AFFAMEE QU'AU DEBUT DE RESTORE HOPE LA SOMALIE RESTE IMPREVISIBLE

La Somalie reste imprévisible

Que laissent derrière eux les Américains, qui se préparent à passer la main à l'ONU en Somalie?

Certainement un pays moins exsangue et affamé qu'à leur arrivée, mais où rien n'est réglé, tant en ce qui concerne la sécurité que l'avenir politique du pays.


Marines US engagé dans l'Opération "Restore Hope" au coté d'une patrouille onusienne, composé de soldats de PakBat (Bataillon pakistanais) d'UNOSOM III.
 Les milieux diplomatiques et humanitaires redoutent une nouvelle explosion, une fois que le dispositif américain, principale force de dissuasion de «Restore Hope», se sera retiré, laissant la place à des troupes moins «impressionnantes» pour les factions somaliennes.

Vendredi 8 janvier 1993, Cessez-le-feu, désarmement? Encore des désaccords entre les chefs somaliens

Face aux harcèlements de tireurs somaliens, les troupes américaines ont frappé du poing sur la table hier à l'aube...

Les soldats américains en Somalie ont effectué, jeudi, au petit matin, leur plus importante opération militaire depuis leur débarquement, le 9 décembre: avec des hélicoptères et des chars, ils ont donné l'assaut à deux positions contrôlées par les forces du général Mohamed Farrah Aidid, l'un des deux hommes forts du pays, dans le nord-ouest de Mogadiscio.
Cette opération avait apparemment pour but de lutter contre les actions de tireurs isolés qui, depuis le début de l'opération «Rendre l'espoir», prennent pour cibles les soldats américains.
Mercredi soir, environ 400 soldats ont ainsi encerclé les deux bâtiments d'où étaient venus des tirs ces derniers jours et où les hommes du général Aidid avaient accepté de déposer leurs armes. Pendant la nuit, les Américains ont diffusé par haut-parleurs des messages ordonnant aux occupants de se rendre avant 6 heures du matin. Au petit matin, ils ont donné l'assaut.
Ils ont attaqué avec des hélicoptères Cobra AH-1, des jeeps Humvee équipées de missiles antichars, des chars M1A1 et des véhicules légers. L'assaut a duré 20 minutes et n'a fait officiellement qu'un blessé parmi les troupes américaines, un marine touché par erreur par un de ses camarades. Aucun bilan d'éventuelles victimes somaliennes n'a été publié.

Au moins 13 personnes ont été arrêtées après cet assaut et les Américains ont saisi tout un arsenal, dont des chars, des armes de DCA, des mortiers et une quinzaine de pièces d'artillerie. L'entourage du général Aidid a affirmé que les tirs venant de ces deux endroits avaient été le fait de tireurs isolés, agissant sans contrôle.

Cette démonstration de force des Américains prouve que la situation reste loin d'être satisfaisante en Somalie sur le plan de la sécurité, presque un mois après le début de l'opération «Rendre l'espoir». Les accrochages continuent, soit entre clans rivaux, soit dirigés contre des Occidentaux.

Samedi 6 février 1993, Des renforts pour les paras de Kismayo. La Belgique va envoyer 250 hommes de plus en Somalie

Le Conseil des ministres a décidé vendredi d'envoyer un renfort de 250 militaires supplémentaires en Somalie, qui viendront renforcer les quelque 645 soldats et marins belges déjà engagés dans l'opération «Rendre l'espoir».


Eléments de l'Escadron B du 4ème Chasseur à Cheval,
au moment du départ vers l'aéroport de Koln, lieu
d'embarquement pour la Somalie

Ces 250 militaires supplémentaires - un détachement opérationnel et un détachement technique -, permettront de réduire la charge de travail des para-commandos déjà déployés à Kismayo, a indiqué un porte-parole du ministre de la Défense. Le départ des premiers militaires envoyés en renfort aura lieu dès la semaine prochaine.

Selon le porte-parole de M. Delcroix, l'envoi de ces 250 militaires jusqu'au terme prévu de la mission des troupes belges (en décembre prochain) entraînera une dépense supplémentaire de 336 millions de francs. Ce montant sera réparti pour un tiers entre le ministère de la Défense nationale et celui de la Coopération au développement alors que les 112 millions restants devront faire l'objet d'une demande de crédits supplémentaires de la part du ministère de la Défense nationale.

Somalie : La guerre globale contre le terrorisme et la crise humanitaire

30 octobre 2011 par Horace Campbell




En Somalie, la moitié de la population risque la famine. Dans la Corne de l’Afrique, ils sont 11 millions de personnes à être en péril. La dimension de cette crise soulève des questions. Qu’est-ce qu’une famine au jour d’aujourd’hui ? Comment est-il possible d’avoir une famine alors que règne l’abondance ? Comment est-il possible, presque 20 ans après l’opération Restore Hope , que le secrétaire au développement du Royaume Uni, Andrew Mitchell mette en garde pour dire que « l’humanité est engagée dans une course contre la montre" en Somalie ? La famine sonne le réveil pour nous tous, afin que nous comprenions que certaines de nos priorités sont fausses.


Au Ghana, Andrew Adasi, un garçon de onze ans, a démontré sa compassion et son souci du sort des gens lorsqu’il est allé quêter de l’argent auprès des populationsen faveur des enfants de Somalie. La démarche de ce jeune garçon devrait nous stimuler tous à faire montre de considération pour les enfants menacés de la Corne de l’Afrique. L’Union africaine a nommé un autre Ghanéen, l’ancien président Jerry Rawlings, pour la représenter. Seuls quatre pays africains ont fait des dons et jusqu’à maintenant la réponse africaine n’a pas été à la hauteur de la tragédie. L’Organisation de la Conférence Islamique (OCI) a aussi promis 350 millions de dollars pour assister les victimes de la famine en Somalie.

Pourtant, au milieu de cette crise, nous devons porter nos regards au-delà de la frénésie des collectes de fond et approfondir la question. Les famines et sécheresses sont bonnes pour les affaires des ONG et les organisations internationales dont les actions humanitaires ont des visées ultérieures. Je dois réaffirmer le point de vue selon lequel seule une confédération de sociétés démocratiques peut protéger la population d’autres désastres comme des famines dans la Corne de l’Afrique. C’est aussi dans le contexte de l’Union africaine qu’il sera possible de poser les fondations pour des conditions qui préviennent les famines futures et le militarisme qui prend pied dans le sillage des famines et des mouvements de population.

Il y a des entrepreneurs qui se sont rendus dans la région afin de vendre à la population une technologie qui génère la pluie. Ceci est une mascarade. La coopération internationale en vue de mettre un terme à la sécheresse et à la famine ne doit pas être l’occasion pour certains de s’enrichir. Je veux me référer à mon propre parcours dans la lutte pour la paix en Somalie afin d’élever ma voix en soutien aux peuples somalien et d’Afrique de l’Est à l’heure de leur détresse.