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JEUDI 10 DECEMBRE 1992, MOGADISCIO SOUS CONTROLE:DEPART IMMINENT DES PARAS, LE TEMPS DE L'ESPOIR A MOGADISCIO, L'INGERENCE MEDIATIQUE

Mogadiscio sous contrôle: départ imminent des paras

Les «marines» sont à Mogadiscio. L'aide humanitaire s'organise. Le pont aérien est la grande affaire de ces prochains jours.


Il ne suffit pas de gagner une bataille, encore faut-il en organiser les conséquences, éminemment lorsque celles-ci sont humanitaires. En débarquant sur une plage de Somalie, les marines américains, avant-garde des forces internationales appelées par les Nations unies, avaient pour objectif de «rendre l'espoir» à un pays affamé et martyrisé. Au grand soulagement de Washington, la première phase, celle du débarquement, la plus délicate, s'est déroulée rapidement et les forces américaines contrôlent totalement Mogadiscio.


photographe: Theys Christian @ DG Com

Cette première intervention «humanitaire armée» ne pouvait en aucun cas déraper et donner l'impression que le militaire prenait le pas sur l'humanitaire; tout devait être fait pour qu'il soit bien clair que, cette fois-ci, les armes étaient au service des plus faibles, des pauvres et des affamés. Aussi, alors même que les premiers nageurs de combat américains gagnaient la plage de débarquement, le secrétaire général des Nations unies précisait solennellement la mission de la force mandatée par l'ONU pour nourrir des populations mourantes: Ouvrir la voie à la reconstruction politique, économique et sociale du pays. Alors que l'effort militaire est engagé, précisait M. Boutros-Ghali, les Nations unies vont travailler aux solutions à long terme qu'il convient d'apporter aux problèmes de la Somalie en coopération avec son peuple. S'adressant précisément à ce peuple, le secrétaire général lui a lancé un message de solidarité au nom de la communauté internationale: Le monde refuse d'accepter votre souffrance et votre disparition. Désormais, cette solidarité doit jouer à fond, par l'arrivée des contingents internationaux et par l'organisation du pont aérien amenant les vivres.

26 OCTOBRE 1993, CARNAGE ENTRE SOMALIENS A MOGADICIO

Une dizaine de Somaliens ont été tués et de nombreux autres blessés lors de violents combats, lundi à Mogadiscio, entre partisans du général Mohamed Farah Aïdid et ceux de son rival, le président par intérim Ali Mahdi Mohamed.

Les combats ont éclaté lorsque des miliciens du général Aïdid ont érigé des barricades pour empêcher les partisans du président de se rassembler en vue d'une «marche pour la paix» à travers la «ligne verte» qui divise Mogadiscio. Les fidèles d'Ali Mahdi, installés dans le nord de la capitale, projetaient de se rendre dans le sud, fief du général Aïdid.

Le porte-parole pour les Affaires étrangères de l'Alliance nationale somalienne (SNA) du général Aïdid, a accusé Ali Mahdi d'être responsable des combats (en ayant engagé des hommes armés pour commencer les troubles) et a appelé les forces de l'ONU à intervenir afin d'y mettre fin.


UH-1 Cobra en action au-dessus de Mogadischio

Dans l'après-midi, les combats, qui s'étaient déroulés dans la matinée près de «la ligne verte», se sont étendus vers le sud. De violents affrontements au fusil, à la grenade et au mortier faisaient ainsi rage près de l'hôtel Sahafi où résident de nombreux journalistes. L'un des hélicoptères de combat américain Cobra a répandu du gaz lacrymogène pour tenter de faire cesser les fusillades. Aucune victime américaine ou parmi les Casques bleus n'a été signalée. Le porte-parole d'Onusom II a déclaré que ses troupes n'interviendraient que si elles étaient menacées. Les 30.000 soldats de l'ONU et 6.900 soldats américains en Somalie ont cessé leurs patrouilles dans la plupart des quartiers de Mogadiscio.

Selon des responsables de l'ONU, Ali Mahdi est mécontent des tentatives visant à inclure à nouveau le général Aïdid dans le processus politique. De violents combats, commencés en novembre 1991, avaient opposé pendant plusieurs mois les partisans des deux clans, faisant quelque 30.000 morts et blessés et détruisant une bonne partie du centre-ville. (AFP)

Source: http://archives.lesoir.be/


Mercredi 24 février 1993, Washington diffère le retrait de 3.000 Marines de Somalie

Attaques de factions à Kismayo, ultimatum, manifestation antiaméricaine à Mogadiscio: la tension reste vive en Somalie.


Si la situation alimentaire et sanitaire s'est sensiblement améliorée en Somalie depuis le début de l'opération «Restore Hope», l'ordre n'y est toujours pas rétabli: des tireurs isolés continuent à faire régner la terreur. L'un d'eux a ainsi abattu, lundi, une jeune infirmière irlandaise, dans les environs de Mogadiscio.

Les différentes factions essayent en outre de regagner du terrain avant la conférence de réconciliation qui devrait avoir lieu dans trois semaines. Kismayo en est un exemple flagrant puisque, après les affrontements violents qui se sont déroulés durant la nuit de lundi à mardi, la tension y règne toujours. Le Département d'État a cependant affirmé mardi soir que la situation y était maintenant calme. Les forces américaines ont lancé un ultimatum au «général Morgan», chef de clan et gendre de l'ex-président Siad Barre: Nous exigeons que tous les hommes de Morgan, et pas seulement ceux qui sont à Kismayo, regagnent avec leurs armes la zone de cantonnement qui leur est assignée, c'est-à-dire près de Doble, à 50 kilomètres au nord-ouest de Kismayo, avant jeudi minuit. Tout ce qui se trouvera en dehors de cette zone à cette date sera confisqué ou détruit, a déclaré le porte-parole américain, le colonel Peck.

TENSION EN SOMALIE

Jeudi 7 janvier 1993 - TENSION EN SOMALIE

Les Marines affrontent les hommes du clan Aïdid à Mogadiscio alors qu'une lueur d'espoir apparaissait à Addis-Abeba

Les Marines américains ont donné, jeudi matin, l'assaut à un quartier nord-ouest de Mogadiscio servant d'arsenal à Mohamed Farah Aïdid, l'un des deux principaux chefs de guerre somaliens. Selon certaines sources, un Marine américain aurait été tué lors des combats; aucune source ne précisait les pertes du côté somalien.

Le colonel des Marines, Fred Peck, a précisé que ses troupes avaient attaqué le quartier à l'aube, avec le soutien de chars et d'hélicoptères Cobra. Ils ont détruit au moins deux dizaines d'immeubles et se sont rendus maîtres de la majeure partie du quartier vers 9 h (07 h 00 belges).

La zone contenait des armes, des munitions, des chars et des véhicules «technicals», a ajouté l'officier.
Le colonel a précisé que, au début de l'offensive, les Marines avaient ouvert le feu sur les servants somaliens d'une pièce d'artillerie antiaérienne, tandis que les hélicoptères Cobra arrivaient.

Il s'agit des affrontements les plus meurtriers depuis le début de l'opération «Restore Hope», le 9 décembre.
Aucune réaction officielle n'a pu être obtenue des responsables militaires américains, qui doivent tenir une conférence de presse à 13 h 30 locales (10 h 30 GMT) à Mogadiscio.

Une certaine tension régnait dans la ville à la suite de ces affrontements, et des résidents empêchaient les badauds de s'approcher de la zone des combats.

Les Marines semblent avoir voulu mettre un terme aux affrontements qui ont opposé, mercredi soir et jeudi matin, des éléments du clan Morosade, dont une partie soutient le président par intérim Ali Mahdi Mohamed et du clan des Habr-Gedir du général Mohamed Farah Aïdid.


Selon des sources somaliennes, les Américains se sont engagés dans les combats après que des éléments du clan des Morosade eurent tiré sur un de leurs hélicoptères. Cependant, le militaire américain tué l'aurait été lors des combats sur le terrain.

Les combats à la mitrailleuse lourde et au mortier ont eu lieu à proximité ou dans le lieu même de l'ancienne académie militaire somalienne.

Ces incidents graves surviennent au moment où les principaux chefs des clans somaliens réunis à Addis-Abeba sont parvenus, mercredi, à un accord de principe sur la tenue prochaine d'une conférence de réconciliation nationale. Les 14 factions somaliennes doivent se mettre d'accord sur la composition d'une commission préparatoire et les modalités d'application d'un cessez-le-feu. (AFP, RTR.)

Source: http://archives.lesoir.be/

CONTACT ÉMU AVEC L'AFRIQUE

Il a intimidé les Somaliens. Puis en a «apprivoisé» certains. Dave Hitt, marine de 25 ans, veut oeuvrer à la pacification.

MOGADISCIO
De notre envoyée spéciale


Tous mes amis de Baishore, New York, devraient venir ici. Cela leur ferait du bien de se sentir utiles, de découvrir des gens qui ont la même couleur de peau que nous et qui nous sourient. Moi, c'est mon premier contact avec l'Afrique, et je suis bouleversé. J'avais pourtant fait la guerre du Golfe. Mais ici, c'est différent.
Le lieutenant Dave Hitt, 25 ans, venu tout droit de son bataillon de Landing à Mogadiscio, ne cache pas son émotion après ce premier contact avec la capitale - fût-elle en ruine - d'un pays africain. Arrivé mercredi, c'est ce week-end qu'il a pour la première fois quitté la sécurité du périmètre de l'aéroport où les marines ont recréé leur univers, pour découvrir physiquement Mogadiscio.


Non contents de contrôler le port, les marines ont commencé à patrouiller dans les zones chaudes de la ville pour y démontrer qu'ils entendent désormais assurer un minimum de sécurité. Soldats couchés sur le sol avec automitrailleuse en position de tir dans leur dos, blindés balayant l'horizon de leur lourd canon, les militaires qui fouillent chaque voiture sont étroitement protégés par leurs camarades.

LE DANGER À CHAQUE SECONDE

Lundi 14 décembre 1992, Dans l'attente du feu vert américain pour aller rétablir l'ordre (d'ici la fin de la semaine?) à Kismayo

MOGADISCIO
De notre envoyée spéciale


Vite fait, bien fait. En une heure, les 120 premiers paracommandos belges, arrivés à 7 h 30, dimanche matin, en provenance d'Addis-Abeba, avaient réussi à vider en bon ordre les huit C-130 amenant en Somalie la 11e compagnie de Diest.

Les «marines», qui n'avaient offert qu'un créneau d'une heure, regardaient leur montre pendant que les paras belges déchargaient prestement 22 véhicules, plusieurs pièces d'armement, dont des mortiers de 60, des mitrailleuses, des armes individuelles, sans oublier les provisions, dont cinq litres d'eau par personne et par jour.

Les Belges ont eu raison de prévoir une certaine autosuffisance: les Américains, qui assurent le commandement de l'opération, arrivent à peine à organiser l'installation de leurs propres troupes au nombre de 4.000 à l'heure actuelle. Quant aux autres, ils arrivent en ordre dispersé, sinon dans le désordre: les Français n'ont pas encore de communications radio, la presse italienne cherche toujours la brigade San Marco et le colonel Peck, porte-parole américain de l'opération «Restore Hope», n'était même pas au courant de l'arrivée des forces qu'il appelle «alliées».

Le lieutenant pakistanais Muqeem, qui campe à l'aéroport depuis plusieurs mois, se réjouit ouvertement de l'arrivée des Belges et nous offre du thé et des gâteaux pour fêter cet événement tant différé: Depuis septembre, on les attendait. Et nous avions peur qu'ils renoncent, à l'instar des Autrichiens.

Quant aux paras belges, ils sont visiblement satisfaits de se retrouver enfin en terre africaine. Bon nombre d'entre eux gardent la nostalgie de l'opération «Blue Beam» menée au Zaïre en 91.

Massacres quotidiens des populations civiles de Mogadiscio par les Forces tueuses du Burundi et de l’Ouganda

La Ligue Djiboutienne des Droits Humains (LDDH), depuis 2006 après l’occupation de la Somalie du Sud par les Forces coloniales éthiopiennes, qui colonisent encore l’OGADEN, a constamment dénoncé la présence des Forces Etrangères en République de Somali mais aussi les interférences et ingérences étrangères en particulier celles des Etats-Unis à partir de la République de Djibouti.

Dès le départ des Forces Ethiopiennes la LDDH avait salué cette Décision du Parlement d’Addis-Abeba et de son Gouvernement.

Mais immédiatement, les Crimes de Guerre, Crimes de Génocide et Crimes contre l’Humanité ont repris avec les Forces d’Amison sous le financement du Président BUSH passible de Crimes de Guerre en Irak, puis ensuite par le Président OBAMA qui sera probablement passible des Crimes de Guerre en Afghanistan et en République de Somali particulièrement à Mogadiscio.

Somalie : La liberté de presse en péril

Un journaliste tué par balle à Mogadishu
17 février 2012 par CSI

Le 28 janvier, Hassan Osman Abdi, journaliste de premier plan en Somalie a été pris en chasse depuis son lieu de travail, intercepté et tué d’une volée de balles. Il a succombé à ses blessures alors qu’il était conduit à l’hôpital. La CSI condamne avec force ce meurtre et appelle à ce que des mesures urgentes soient prises pour mettre fin aux attaques contre les journalistes.

Hassan Osman Abdi était directeur du réseau de médias Shabelle Media Network. Il était engagé dans le Syndicat national des journalistes somaliens (NUSOJ), dont il était secrétaire de branche pour la région de Banadir. Il est le troisième membre du Shabelle Media Network à se faire assassiner depuis 2007, après Bashur Nur Gedi (2007) et Mukhtar Mohamed Hirabe (2009). D’après l’information reçue par le NUSOJ, Abdi aurait vraisemblablement été assassiné pour son rôle dans la divulgation de cas de corruption liés aux milieux politiques.

« La liberté de la presse est essentielle pour la démocratie et les journalistes doivent avoir la possibilité de mener à bien leur activité légitime sans avoir à craindre pour leur vie », a indiqué Sharan Burrow, secrétaire générale de la CSI.

La Somalie est le pays le plus meurtrier d’Afrique pour les journalistes.

Pour une information plus détaillée, prière de vous rendre sur le site web de la Fédération des journalistes africains (FJA) : http://africa.ifj.org/en/articles/f...

source : http://www.ituc-csi.org

Samedi 11 janvier 1992, Déjà 20.000 victimes dans les combats. Le carnage se poursuit depuis deux mois en Somalie

30 janvier 1991, groupe de rebelles somaliens dans Mogadishu
Alexander Joe / AFP
Aucune trêve n'est en vue après huit semaines d'affrontements entre clans somaliens à Mogadiscio, où le nombre des victimes est si élevé que les hopitaux utilisent chaque jour une tonne de liquides intra-veineux.
«Nous ne connaissons pas le nombre de tués car les bombardements tuent la plupart des victimes dans leurs maisons», déclare le directeur d'un hôpital de fortune. On estime que les combats ont fait jusqu'à 20.000 tués et blessés depuis le début de la bataille pour le pouvoir, le 17 novembre, entre Mohamed Farah Aidid et Ali Mahdi Mohamed. Les amputations et les opérations effectuées sur des corps déchirés par les balles ont souvent lieu sur un sol gorgé de sang.

La Somalie est plongée dans le chaos depuis le renversement de l'ex-président Siad Barre il y a un an par une coalition de mouvements rebelles. Une fois ce dernier chassé du pouvoir, les chefs des différents groupes insurgés se sont retournés les uns contre les autres. Ce pays de la Corne de l'Afrique n'est plus qu'un assemblage hétéroclite de zones tribales contrôlées par des «seigneurs de la guerre».

Le clan de Mohamed Farah Aidid, les Habr Gebdir, et celui d'Ali Ali Mahdi Mohamed, les Abgal, contrôlent chacun certains quartiers de la capitale. Les combats ont surtout lieu dans le centre, à moitié détruit, de cette capitale autrefois élégante. Les deux hommes appartiennent pourtant à la même tribu, celle des Hawiye. Plusieurs autres clans Hawiye se sont emparés de l'aéroport, du port et d'une station de radio.

Les deux camps affirment souhaiter un cessez-le-feu. Mais seul Ali Mahdi est favorable à l'envoi d'une force de maintien de la paix pour assurer l'acheminement d'une aide d'urgence. «Nous aimerions faciliter une intervention de l'ONU et nous n'aurions a priori rien contre la venue d'un pays pour rétablir l'ordre», a-t-il dit dans son QG de Karan, au nord du pays.

Mohamed Farah Aidid, lui, est hostile à une intervention extérieure. «Cela compliquerait encore davantage la situation. Nous pouvons nous-mêmes résoudre nos propres problèmes», a-t-il affirmé dans son bastion, près de l'aéroport de Mogadiscio. Une trêve est d'autant plus difficile à imposer que les chefs de guerre controlent de moins en moins leurs troupes. Des bandes de jeunes gens, drogués au khat, une plante narcotique, arpentent les rues à la recherche de maisons à piller et de membres rivaux à abattre.

Le week-end dernier, l'émissaire de l'ONU James Jonah n'a pas réussi à conclure un cessez-le-feu en Somalie. Des milliers d'habitants ont fui la capitale, mais ils se retrouvent souvent sans abri et sans vivres dans les campagnes.

Avant même la bataille de Mogadiscio, l'ONU estimait que 4,5 millions de personnes étaient menacées par les pénuries alimentaires et que les décès seraient nombreux si la sécurité n'était pas renforcée pour permettre l'acheminement des secours. La plupart des organisations humanitaires se sont retirées en raison de l'insécurité. (D'après Reuter.)

Source: http://archives.lesoir.be/

Etre pirate en Somalie : une alternative à l’oubli

16 juin 2009 par Isabel Ferreira

Questions : l’état avancé de délabrement de la Somalie ne serait-il pas la conséquence d’une certaine forme de nonconformité avec le modèle occidental ? Les méchants pirates somaliens qui sèment la terreur et menacent une des artères vitales du commerce mondial dans le golf d’Aden, ne représenteraient-ils pas une compensation au pillage de leurs ressources, à l’abandon de la communauté internationale, à la seule logique de répression violente et intéressée du reste du monde ? Quand et comment les puissances industrielles vont-elles comprendre que la solution manichéenne consistant soit à distribuer du riz, soit à intervenir militairement, ou par le biais de l’ingérence dans un pays souverain, est vouée à l’échec ou plus encore à la destruction pure et simple de l’Etat concerné (Irak, Afghanistan, Pakistan, Somalie…) ?

Car, bien sûr, les politiques bien connues de pompiers et de lutte contre le crime font florès dans ces régions dévastées du monde… Après la chute du dictateur Siad Barre en 1991, l’ONU multiplie les opérations humanitaires en Somalie où la première intervention au nom du droit international d’ingérence humanitaire est menée. De 1992 à 1995, toutes les tentatives « humanomilitaires  » tournent au fiasco et sont incapables de normaliser la situation.

Pendant une décennie, l’Occident ignore cette zone du globe et le pays, majoritairement musulman, livré au chaos impliquant des clans régionaux et aux mains de « seigneurs de la guerre », assiste à un renouveau islamique.

C’est ainsi qu’en juin 2006, des affrontements entre l’ARPCT (Alliance pour la Restauration de la Paix et Contre le Terrorisme) et les Nouvelles du continent fondamentalistes musulmans de l’UTI (Union des Tribunaux Islamiques) ont conduit à la victoire de ces derniers pour le contrôle de Mogadiscio. S’ensuit alors une brève période de paix (6 mois) ou l’UTI, à sa manière, acquiert la confiance de la population et instaure une force politique unifiée et un certain ordre. Un ordre pas au goût de tout le monde. Le mot « islamique » ayant été lâché, celui de « terroriste » y est immédiatement associé. Le 11 Septembre aidant, la Somalie est alors considérée par l’administration Bush comme un fief des membres d’Al Qaïda.

Craignant une « talibanisation » de la région pouvant menacer l’accès aux matières premières, les Etats-Unis donnent le feu vert à l’ennemi de toujours, l’Ethiopie, pour envahir la Somalie. Au mépris de toute légitimité de l’Etat et de sa population, et dans le but d’imposer leur propre modèle démocratique, les Etats-Unis, par le biais de l’Ethiopie, replongent le pays dans le chaos, réduisent à néant la tentative de construction d’un Etat unifié par l’UTI et impose de nouveau l’anarchie.

C’est à se demander si la misère et la piraterie somaliennes ne sont pas plus acceptables pour la communauté internationale qu’un régime hostile aux valeurs occidentales ?

Il est en effet moins coûteux, plus rapide et beaucoup plus spectaculaire de créer des forces navales, des polices internationales des mers et de permettre à des navires de guerre d’entrer dans les eaux territoriales de la Somalie (au mépris de sa souveraineté) que de chercher une véritable stratégie internationale et une concertation pour un volet de stabilisation de la Somalie.

Les pirates ne sont que les symptômes de ce pays à l’agonie et non les causes. Au large d’un pays où la moitié de la population a faim et où un enfant sur cinq souffre de malnutrition, des cargos transitent avec des armes, des hydrocarbures, du poisson…

Pour les uns, la vie continue tout près de l’endroit où elle s’est arrêtée pour les autres. Non, ces hommes n’ont rien à perdre, peut-être se servent-ils une petite partie du gâteau dont ils ont été privés. La prise d’otages comme seule alternative à l’oubli.

Isabel Ferreira

Source : http://www.afriquesenlutte.org/afrique-de-l-est/somalie/article/etre-pirate-en-somalie-une