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Somalie: l'Amisom lance un assaut contre les shebab sur la région d'Afgoye

22 mai 2012

Des insurgés islamistes shebab près d'Afgoye, en Somalie
(AFP/Archives, Abdirashid Abdulle Abikar)
MOGADISCIO — La force de l'Union africaine en Somalie a annoncé avoir lancé mardi un assaut sur la région stratégique d'Afgoye, située à l'ouest de Mogadiscio et sous contrôle des insurgés islamistes shebab que l'Amisom combat aux côtés des autorités somaliennes de transition.
"Tôt ce matin, la mission de l'Union africaine en Somalie (Amisom) et l'armée nationale somalienne ont lancé une opération soigneusement planifiée pour ramener la sécurité et la stabilité sur le couloir d'Afgoye, à l'ouest de Mogadiscio," a annoncé l'Amisom dans un communiqué.
Les soldats "font de bon progrès," a-t-elle assuré.
"Les militants d'Al-Qaïda qui restaient (...) ont vidé leurs bases dans la zone", a renchéri Mohamed Osmail, un responsable de l'armée somalienne. "L'armée a coupé une route-clée en périphérie de Deynile, que l'ennemi utilisait pour organiser des attaques et transporter des combattants pour mettre à mal la sécurité de la ville (Mogadiscio)."
Deynile, en banlieue de la capitale somalienne, ouvre sur le couloir d'Afgoye, qui abrite la communauté de déplacés la plus importante au monde. En début d'année, quelque 410.000 personnes, victimes de la sécheresse et des combats incessants, s'y trouvaient encore, selon l'ONU.
Ces derniers mois, des milliers de civils avaient fui Deynile pour la capitale, dans la perspective de cet assaut progouvernemental. De nombreux shebab s'étaient retirés dans la zone après avoir été chassés de Mogadiscio par l'Amisom et l'armée somalienne en août 2011.
Cheikh Fouad Mohamed Shangole, un important chef de la rébellion shebab, a confirmé mardi les combats et appelé la population à se battre contre les forces gouvernementales.
"J'appelle toute la communauté musulmane à s'unir pour défendre sa religion et son pays contre l'ennemi," a-t-il déclaré sur la radio pro-shebab Andalus.
Selon des témoins, les échanges de tir d'artillerie et de mitrailleuses ont éclaté mardi un peu avant l'aube.
"Plusieurs salves de tirs d'artillerie ont frappé la zone du km13 et les quelque familles qui étaient encore là ont commencé à fuir ce matin, la guerre semble avancer vers le couloir d'Afgoye", a raconté l'un d'eux, Muhidiin Adan.
"J'ai vu deux tanks appartenant à l'Amisom dans les rues, près de la piste d'atterrissage de Deynile (...) Ils veulent couper les sources d'approvisionnement des shebab," a renchéri un autre témoin, Hassan Abdi.
Après leur retrait de la capitale l'été dernier, les insurgés ont continué à y mener des attaques de type guérilla et les forces progouvernementales tentent depuis plusieurs mois d'étendre leur contrôle sur les abords de la ville.
Les rebelles shebab contrôlent encore de grandes partis du centre et du sud de la Somalie. Mais ils y sont de plus en plus affaiblis, pris dans l'étau d'une offensive militaire régionale depuis l'intervention, fin 2011, des armées kényane et éthiopienne dans la région. Ils chercheraient désormais à ouvrir un nouveau front plus au nord, vers la région autoproclamée autonome du Puntland.
La Somalie est rongée par plus de 20 ans de guerre civile, sans gouvernement effectif depuis la chute du président Siad Barre en 1991.
Les actuelles autorités de transition, soutenues à bout de bras par la communauté internationale et qui ont, comme les précédentes, échoué à restaurer une autorité centrale, ont jusqu'en août pour se dissoudre et mettre en place leur succession.

URL Source : http://www.google.com/hostednews/afp/article/ALeqM5ijUQBm6aSwC0vlIcV1hem3vmlE4g?docId=CNG.569797ecbd3cc505c535ebcdd0b5839f.6a1

Procès du Ponant : comment la France lutte contre la piraterie maritime ?

Mardi 22 Mai 2012

Le procès de six pirates somaliens présumés, accusés d'avoir participé en 2008 pour l'attaque du voilier de luxe français Ponant s'est ouvert ce matin devant la cour d'assises de Paris. Ce procès, le deuxième du genre en France, débute alors que les accrochages armés entre les pirates et les forces internationales envoyées sur place s'intensifient au large de la Somalie.
Une opération de la Marine nationale pour intercepter des pirates © Marine nationale

La Somalie, un des pays les plus pauvres et les plus instables au monde. Un pays dévasté par la guerre civile. Il n'y a pas de gouvernement stable. La situation dans ce pays qualifié par le chef de la diplomatie de Londres William Hague, de "pire Etat de non-droit au monde".
La Somalie est aujourd'hui infestée par des pêcheurs devenus pirates.
Ils sont à l'origine d'une activité très lucrative aujourd'hui. La piraterie est devenue un véritable business.
La rançon moyenne payée aux pirates est passée de 4 millions de dollars en 2010 à 5 millions en 2011, mais le montant global des rançons s'est élevé en 2011 à 160 millions soit seulement 2% du coût total de la piraterie en Somalie, note Oceans Beyond Piracy.
Huit navires et 235 marins seraient toujours otages des pirates somaliens.

La législation évolue

Pour tenter d'endiguer le phénomène, les initiatives militaires dans l'Océan indien ont été multipliées: mission Atalante, lancée en 2008 par l'Union européenne (UE), opération Ocean Shield de l'Otan. En France, l'Etat a aussi accepté de mettre à disposition des "équipes de protection embarquée" (EPE), composées de militaires, pour certaines activités jugées "stratégiques".

Une loi adoptée en janvier 2011 reconnaît finalement aux tribunaux français une compétence "quasi universelle" pour juger les pirates appréhendés par des agents français quelle que soit la nationalité du navire ou des victimes.
Et sur le plan diplomatique, l'UE tente de convaincre les pays africains de l'Océan indien de signer des "accords de transfert" de pirates somaliens arrêtés pour qu'ils y soient jugés. En 2009, de tels accords ont été signés avec le Kenya et les Seychelles, puis en 2011 avec l'île Maurice. "90% des pirates ne sont pas jugés", relèvent toutefois les chercheurs, dont certains prédisent que la piraterie, "nouvel avatar de la mondialisation", pourrait dans les prochaines années devenir "une normalité" de l'environnement maritime.


Piraterie - Une plaie de plus en plus coûteuse pour la navigation mondiale

22/05/2012


Un Somalien armé contemple un navire au large.Photo
AFP/Mohamed Dahir
Le procès des pirates du Ponant qui s’ouvre à Paris sera, une fois de plus, l’occasion de se pencher sur une forme de criminalité aussi vieille que la navigation.

Les pirates d’aujourd’hui ont troqué le drapeau noir à tête de mort pour le GPS et le téléphone portable, mais leurs méfaits sont les mêmes que ceux commis par leurs ancêtres.
En revanche, les pays dont les navires ont été victimes d’actes de piraterie ont dû revoir leur arsenal juridique tout en expédiant dans les secteurs sensibles des bâtiments chargés d’assurer la liberté du trafic et du commerce maritimes.

Les pirates d’aujourd’hui ont troqué le drapeau noir à tête de mort pour le GPS et le téléphone portable, mais leurs méfaits sont les mêmes que ceux commis par leurs ancêtres.
En revanche, les pays dont les navires ont été victimes d’actes de piraterie ont dû revoir leur arsenal juridique tout en expédiant dans les secteurs sensibles des bâtiments chargés d’assurer la liberté du trafic et du commerce maritimes.

La France a ainsi voté une loi réprimant la piraterie maritime et aérienne en 2011. Plusieurs actes de piraterie perpétrés contre des bateaux français ont conduit à mettre en place un nouveau texte. La précédente loi datait de 1825 ! Elle avait été abrogée en 2007. Mais l’ampleur des opérations de brigandage au large de la Somalie a conduit la France à se doter d’un outil juridique destiné à encadrer les opérations menées par la Marine nationale. Il faut savoir que si la France était préoccupée, comme tous les États victimes de la piraterie, la Cour européenne des droits de l’homme a défendu, elle, le droit des pirates à bénéficier de toutes les garanties.

4000 actes de piraterie

En début d’année, le Sénat a mis en place une commission chargée de faire le point sur l’application de cette loi et, plus largement, sur la lutte contre la piraterie.

Le rapport des sénateurs Jean-Claude Peyronnet et François Trucy rappelle que, « selon le Bureau maritime international, plus de 4000 actes de piraterie auraient été recensés au cours de ces vingt dernières années ». Les zones les plus dangereuses se situent dans le Golfe d’Aden et au large de la Somalie, ainsi que dans le détroit de Malacca, au large de l’Indonésie et dans le golfe de Guinée.

L’Union européenne a lancé en 2008 l’opération Atalante de protection et d’intervention au large de la Somalie. Cette opération s’appuie sur plusieurs résolutions des Nations unies.

Depuis cette date, le rayon d’action des bâtiments de guerre engagés dans ce combat s’est considérablement élargi. Les pirates, de plus en plus aguerris et de mieux en mieux équipés, opèrent jusqu’au large de l’Inde ou de Madagascar. Au total, la zone couverte par Atalante équivaut à une fois et demi la surface du continent européen.

Les Européens ne sont pas seuls à entretenir une force navale dans l’océan Indien. Les Américains, les Russes ou les Chinois ont également envoyé des navires de guerre dans ce secteur.

Cette mobilisation explique que les actes de pirateries ont décru. Le rapport sénatorial fait état de 168 attaques en 2011 contre 215 en 2009. Le nombre de navires capturés est également en baisse. En revanche, les rançons payées n’ont jamais été aussi élevées. Elles sont passées de quatre millions de dollars en moyenne en 2010 à 5,3 millions l’an dernier. Si on ajoute aux rançons, l’augmentation des primes d’assurance, le coût des opérations militaires et bien d’autres charges, le coût global de la piraterie maritime est estimé « entre 7 et 8 milliards de dollars par an », selon les sénateurs français.

Les élus ont également mis le doigt sur d’étonnantes pratiques. Ainsi, il existe des sociétés qui se sont spécialisées dans la négociation des rançons. Elles prélèvent, évidemment, leur pourcentage sur la somme versée.

Ces pratiques et quelques autres font dire aux sénateurs français qu’ « au regard de l’importance des sommes en jeu, on peut s’interroger. Certains ne tirent-ils pas un profit direct de la piraterie maritime et n’ont-ils pas un intérêt à ce que ce phénomène se prolonge dans les prochaines années ? »

 

La mission Jack Lang

La communauté internationale s’est aussi préoccupée du sort des pirates faits prisonniers. Il faut savoir que la plupart sont relâchés, faute de juridiction capable de les juger. Le Kenya, qui avait donné son accord, y a finalement renoncé.

Un rapport, commandé par l’Onu à l’ancien ministre français Jack Lang, également juriste, aboutissait à plusieurs propositions. Il proposait notamment de créer des zones spécialisées au Puntland et au Somaliland, dans le territoire somalien, mais sous statut international. Rien n’a été lancé depuis, alors que la piraterie, elle, continue de prospérer sur fond de guerre civile.

URL Source : http://www.lalsace.fr/actualite/2012/05/22/une-plaie-de-plus-en-plus-couteuse-pour-la-navigation-mondiale