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Samedi 13 mars 1993, Trois paras belges tués par une mine en Somalie

Le détachement belge en Somalie paie un lourd tribut à sa mission humanitaire: trois parachutistes ont été tués et deux autres blessés par l'explosion d'une mine à Hoosingo, à 130 km à l'ouest de la ville de Kismayo en direction de la frontière kényane.


L'épave de la jeep détruite par la mine

Les paras effectuaient une mission de reconnaissance à bord de deux jeeps. A la vue d'une carcasse de voiture, la première s'est immobilisée et l'autre s'est rangée, faisant exploser une mine qui a fauché les occupants des deux véhicules.

Les victimes sont le sous-lieutenant de réserve Frédéric Boon (26 ans), de la 13e compagnie du 1er bataillon para, le caporal Dominique Jacob (28 ans), habitant à Vresse, le caporal Eric Noël (25 ans), du 3e Lanciers para, habitant à Bioul. Les deux blessés sont le premier sergent Jean-Bernard Mathieu (25 ans), du 3e Lanciers para, et le soldat milicien Frédéric Deglin (19 ans), du 3e Lanciers para, habitant à Ellemelle. Ils souffrent de brûlures aux yeux, tandis qu'un Somalien a été blessé.

 
sous-lieutenant de réserve
Frédéric Boon

Cet accident, le plus meurtrier depuis le début de l'intervention, qui a déjà fait 11 victimes occidentales, intervient deux jours après qu'un autre para belge eut été tué accidentellement lors de l'explosion du siège éjectable de l'épave d'un avion.

(A Mombasa, notre envoyée spéciale, Véronique Kiesel, a recueilli la réaction du ministre de la Défense Leo Delcroix, qui faisait route vers Kismayo: Depuis le début de nos missions, en Yougoslavie comme en Somalie, tous les matins, j'avais peur d'apprendre ce qui s'est passé. (...) Notre population doit être consciente que c'est un élément inhérent à la tâche que nous nous sommes engagés à accomplir. Jusqu'ici, nous avions eu beaucoup de chance en Somalie; cela avait peut-être fait oublier les risques que nos militaires courent tous les jours. Je ne pense cependant pas que la mort de ces hommes remette en question cette opération.


caporal
Dominique Jacob

Si le nombre de victimes devait soudainement augmenter dans une proportion importante, nous devrions nous interroger sur nos tâches futures. Mais cela dépend également des réactions de la population locale, hostile ou non. (...) Je vais discuter de tout cela avec le lieutenant-colonel Jacqmin. S'il a besoin de matériel supplémentaire pour que ce type de drame ne se reproduise plus, nous l'enverrons évidemment. Nous allons tout mettre en oeuvre pour éviter de nouveaux accidents.)


Caporal Eric Noël

Il y a quelques jours que le détachement belge s'est vu confier la responsabilité de la région de Kismayo, un territoire plus vaste que la Belgique. La promotion témoignait de l'estime dans laquelle le haut commandement américain tient les militaires belges, mais elle comportait aussi son poids de dangers. Kismayo est en effet l'une des régions les plus «chaudes», où deux chefs de guerre se livrent une lutte sans merci. Le colonel Jess, originaire de l'Ogaden et partisan du général Aïdid, «tient» Kismayo, tandis que le général Morgan, de la tribu des Majerteen (issue du nord-est du pays), beau-fils de l'ancien président Siad Barre, tente de la reconquérir. Depuis le Nigeria où il est réfugié, Barre tente d'approvisionner ses fidèles en armes, ce qui amène les Belges à renforcer les missions vers la frontière kenyane.

Et, désarmant les «combattants», les militaires belges, accueillis en libérateurs, n'ont pas tardé à provoquer leur rancoeur.

BRAECKMAN,COLETTE

Source: http://archives.lesoir.be/

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