Pages

APRES LA MORT DE 22 CASQUES BLEUS PAKISTANAIS,SAMEDI,A MOGADISCIO:L'ONU EXIGE QUE JUSTICE SOIT FAITE, Lundi 7 juin 1993

Dimanche soir, le Conseil de sécurité a réagi avec fermeté à l'attaque sanglante menée samedi contre les troupes de l'ONU.


AH-1 Cobra de l'USMC en action
Résolution très ferme, adoptée à l'unanimité dimanche par le Conseil de sécurité, après la mort, la veille à Mogadiscio, de 22 Casques bleus pakistanais. Les Nations unies exigent l'arrestation et le jugement des responsables de cette attaque «préméditée». Avant l'adoption de la résolution, des hélicoptères américains et italiens ont détruit dix pièces d'artillerie, au nord de Mogadiscio, appartenant au général Aïdid, désigné comme responsable de la tuerie de samedi.

L'accrochage de samedi est l'un des plus meurtriers depuis le début de l'opération internationale en Somalie, le 9 décembre dernier. Bilan des troupes de l'ONU: 22 tués et 57 blessés. Bilan somalien: 35 morts et 130 blessés.

L'attaque semble avoir été déclenchée par une rumeur: l'assaut lancé par des troupes des Nations unies contre la principale station de radio de Mogadiscio, aux mains du général Mohamed Farah Aïdid, un des principaux chefs de guerre somaliens, qui avait accusé les soldats de l'ONU, le mois dernier, de meurtres et d'ingérence dans les affaires de son pays. Le général Aïdid a accusé sur les ondes de sa radio les Casques bleus d'être à l'origine du bain de sang en «s'emparant illégalement de la station de radio et en ouvrant le feu sur la foule».

«Faux», rétorquent les Nations unies. Selon leur version, les troupes de l'ONU avaient commencé à inspecter cinq des sites de stockage d'armes des différentes factions somaliennes autour de Mogadiscio, un de ces sites se trouvant près de la radio du général Aïdid. C'est alors qu'environ 80 Casques bleus pakistanais se sont retrouvés encerclés par des miliciens somaliens qui ont ouvert le feu. Et les Pakistanais ont riposté.

Dès que les violences ont éclaté, les inventaires ont été interrompus. Les échanges de tirs ont duré plusieurs heures avant que des Casques bleus italiens n'interviennent, avec chars et hélicoptères, à la rescousse de leurs collègues pakistanais.

Dimanche, la carcasse carbonisée d'une jeep pakistanaise se trouvait toujours sur la route du 21 octobre, connue pour ses tireurs isolés. Des débris de barricades faites de pneus enflammés étaient encore éparpillés dans plusieurs rues. Les patrouilles des militaires de l'ONU restaient discrètes, et la plus grande partie de Mogadiscio semblait calme. Mais les Nations unies ont tout de même évacué, vers le Kenya, une partie de leur personnel basé dans la capitale somalienne: 220 civils, fonctionnaires ou membres d'organisations humanitaires et de coopération.

Il s'agit de la plus grave flambée de violence en Somalie depuis le début de l'opération ONUSOM II, le 4 mai, lorsque les Nations unies ont pris le relais des Américains à la tête de la force internationale dans ce pays de la Corne de l'Afrique déchiré par la guerre civile. Mogadiscio était à peu près calme depuis février dernier. Plus de 18.000 soldats originaires de 23 pays, dont la Belgique, se trouvent actuellement en Somalie. Le plus fort contingent a été fourni par le Pakistan (4.700 soldats). Les Forces armées belges signalent que les 26 militaires belges présents au quartier général de l'ONU à Mogadiscio sont tous sains et saufs. (AFP, AP, Rtr et Belga.)

Source: archives.lesoir.be

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire