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SOMALIE - LES MARINES À L'AVANT-GARDE (Samedi 5 décembre 1992)

L'intervention en Somalie est un premier exemple d'opération militaire d'envergure au service d'une cause humanitaire.



Les bandes de pillards qui affament les populations de Somalie et rendaient vaines toute aide humanitaire vont trouver autre chose devant elles que des femmes, des vieillards et des enfants. Sous le drapeau des Nations unies, les Etats-Unis sont le fer de lance d'une intervention militaire, premier exemple de recours à la force pour appliquer un droit d'ingérence au service d'un peuple martyrisé.

L'arrivée des quelque 28.000 soldats américains en Somalie pourrait se faire en trois temps, de façon à agir avec un maximum de sécurité pour les troupes. L'opération devrait commencer, sans doute au début de la semaine prochaine, par l'intervention des 1.800 marines qui croisent au large de la Somalie. Cette première phase, la plus risquée, consistera à prendre le contrôle du port et de l'aéroport de Mogadiscio. Embarqués à bord du navire amphibie «Tripoli», les marines utiliseraient les deux navires associés, le «Juneau» et le «Rushmore». Ils disposeront de 23 hélicoptères de transport et d'attaque comme le «Cobra», ainsi que de véhicules blindés légers LAV. Des chars M 1A1 devraient également être déployés. Ces marines devront aussi préparer l'arrivée des autres troupes. Il leur faudra réparer des infrastructures, telles que la piste de l'aéroport de Mogadiscio pour permettre l'atterrissage des gros porteurs. C'est pourquoi une flottille partie de Diego Garcia, la grande base américaine de l'océan Indien, devrait simultanément entamer des transports de munitions, bulldozers, vivres, véhicules tout-terrain, carburant pour les appareils, stations d'épuration d'eau, etc.

Insigne d'épaule de la 10th Mountain Division
Dans un deuxième temps, selon le «New York Times», 16.000 marines de cette même 1re Force expéditionnaire arriveront depuis leur base de Californie. Ces renforts serviraient à protéger et réparer la dizaine d'autres points clés nécessaires à la distribution des vivres dans le pays: Nous ne prévoyons pas de protéger l'ensemble du pays, avait indiqué, jeudi, un responsable de l'administration. La ville de Kismayu, à environ 160 kilomètres au sud de Mogadiscio, devrait être protégée très vite, puisqu'elle est avec Mogadiscio la seule à disposer d'une piste pour les gros porteurs. Là aussi, la tâche devrait être non seulement militaire mais technique, de façon à remettre en état les routes, pistes d'atterrissage, points d'eau.
C'est alors qu'arriveraient, dans un troisième temps, les quelque 10.000 soldats de l'armée de terre, membres de la 10e division d'infanterie légère, pour être répartis sur une dizaine de points dans le pays. L'aviation ne devrait pas être utilisée. Pour parer cependant à l'éventualité de combats imprévus, le porte-avions «Rangers», qui croise dans l'océan Indien, sera amené au large des côtes somaliennes pour prouver notre détermination, a précisé le général Colin Powell, en présentant hier le plan définitif d'une opération qui pourrait se prolonger au-delà du 20 janvier, date de passation des pouvoirs entre les présidents Bush et Clinton - Je ne veux pas être limité par une date artificielle, a lancé le secrétaire à la Défense Dick Cheney, alors que le général Powell évaluait la durée de la mission à deux ou trois mois.

Ce déploiement massif vise à montrer clairement aux factions somaliennes qu'elles prendraient beaucoup de risques si elles s'aventuraient à engager la lutte. Même si le Pentagone ne divulgue jamais les règles d'engagement de ses troupes, un responsable du Pentagone cité, vendredi, par le «Washington Post» estimait que les marines devraient avoir le droit de riposter en cas d'attaque.

Les factions somaliennes peuvent, certes, disposer d'un certain nombre de chars, de véhicules blindés et de lance-grenades. Mais cela pèsera peu pour la 1re Force expéditionnaire entraînée aux opérations de commando et pour la 10e division Mountain d'infanterie. Selon un responsable du Pentagone, ces unités sont entraînées à se déplacer très rapidement: C'est une force pour entrer, protéger les ports et les routes, puis faire marcher de nouveau la machine. (D'après AFP.)

Source : archives.lesoir.be

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