Le 03/02/2012
afp.com/Abdurashid Abdulle
"Il n'y a désormais plus de région en Somalie qui se trouve encore soumis à des conditions de famine", a déclaré à la presse le nouveau directeur général de l'Organisation des Nations Unies pour l'alimentation et l'agriculture (FAO selon l'acronyme anglais), José Graziano da Silva.
Mais près d'un tiers de la population de ce pays de la Corne de l'Afrique a toujours besoin d'une aide d'urgence, a précisé l'Unité d'analyse sur la situation de la sécurité alimentaire en Somalie de l'ONU (FSNAU).
L'état de famine avait été déclaré par l'ONU dans les premières régions du sud de la Somalie le 20 juillet dernier, en conséquence d'une sécheresse particulièrement marquée, ajoutée aux effets de la guerre civile qui ravage ce pays privé de gouvernement central effectif depuis 1991.
La mobilisation, même tardive, de la communauté internationale, suivie d'une saison des pluies celle-là particulièrement forte, a permis de renverser la tendance. L'ONU avait déclaré en novembre dernier que trois des six régions du sud du pays jusqu'alors en situation de famine -- celles de Bay, Bakol et du Bas Shabelle -- ne l'étaient plus désormais.
C'est désormais également le cas des trois dernières régions les plus touchées, à savoir les parties de Mogadiscio ainsi que la région d'Afgoye, à 30 km au sud de la capitale somalienne, qui avaient accueilli des dizaines de milliers de personnes déplacées par la sécheresse au plus fort de la crise, selon les derniers chiffres publiés vendredi par la FSNAU et par le système américain d'alerte anti-famine (Fews Net).
Mais "ces gains demeurent fragiles et peuvent être annulés sans un soutien continu" de la communauté internationale, a averti Mark Bowden, coordinateur humanitaire des Nations Unies pour la Somalie.
"La situation humanitaire demeure très critique en Somalie", où "les taux de décès (...) restent parmi les plus hauts du monde", a-t-il expliqué, ajoutant que l'accès aux populations les plus vulnérables, dans le sud du pays, restait difficile.
"Il y a toujours en Somalie 2,34 millions de personnes touchées par la crise" née de la sécheresse, a souligné devant la presse Jose Graziano da Silva, parmi lesquelles 1,7 million dans les régions du sud. "Si nous ne continuons pas à aider ces gens (...) ils ne vont pas survivre et la famine reviendra", a-t-il prévenu.
"Nous avons moins de 100 jours pour éviter une nouvelle famine dans la région", a poursuivi le patron de la FAO, en référence à la nécessité de mettre en place, cette fois-ci à temps, des dispositifs de prévention.
"On ne peut éviter la sécheresse, mais on peut mettre en place des mesures pour tenter d'éviter qu'elle ne se transforme en famine. Il reste trois mois avant la nouvelle saison des pluies", a-t-il expliqué.
La crise alimentaire en Somalie a coûté la vie à des "dizaines de milliers de personnes" en 2011, dont plus de la moitié étaient des enfants de moins de cinq ans, a indiqué Grainne Moloney de la FSNAU, en précisant qu'il était extrêmement difficile de donner un chiffre plus précis.
En décembre 2011, les Nations unies ont lancé à cette fin un appel à une assistance de 1,5 milliard de dollars (1,1 milliard d'euros) pour aider la Somalie cette année.
La crise alimentaire reste sévère dans l'ensemble de la Corne de l'Afrique, où 9,5 millions de personnes continuent de dépendre d'une aide d'urgence, contre 13,3 millions en septembre dernier.
Par ailleurs, plus d'un million de personnes, soit 100.000 de plus que l'an dernier, risquent de se retrouver en grave insécurité alimentaire en 2012 au Soudan du Sud, a averti la FAO.
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