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Somalie: la carte de la violence

 


Cette carte, réalisée par le cabinet britannique de consultants en risques géopolitiques Maplecroft, illustre l'intensité des violences aux niveaux régional et local en 2012 en Somalie, plongée dans le chaos et la guerre civile depuis le renversement du président Siad Barre en 1991.
Les islamistes shebab, affiliés à Al-Qaïda, ont été boutés en un an et demi hors de la quasi-totalité de leurs bastions du sud et du centre de la Somalie.
Ils ont été délogés de la capitale Mogadiscio en août 2011 par l'Amisom, la force de l'Union africaine en Somalie, à laquelle se sont intégrés en juin 2012 quelque 4.000 soldats kenyans qui intervenaient pour leur propre compte en Somalie depuis la fin de l'année précédente. En septembre 2012, les shebab ont abandonné le port de Kismayo, dans le sud du pays, après un assaut massif des troupes kenyanes.
L'Ethiopie, qui avait envahi la Somalie en 2006 avec le soutien des Etats-Unis mais en avait été chassée trois ans plus tard par une insurrection, intervient à nouveau dans le pays depuis novembre 2011 (la présence en Somalie de l'Ethiopie, longtemps considérée comme son ennemi traditionnel, est controversée).


Des soldats de l'armée nationale somalienne à Jowhar, le 10 décembre 2012 (photo: AFP / AU-UN IST / Stuart Price)
AFP / AU-UN IST / Stuart Price


Le corps expéditionnaire éthiopien a pris plusieurs villes-clé, dont Baidoa dans le centre. Basée à Mogadiscio depuis la prise de la ville avant d'étendre ses opérations, l'Amisom, forte de 17.000 hommes, avance vers le nord-ouest et tente d'établir la jonction avec l'armée éthiopienne à Baidoa.
Dernier revers en date pour les shebab: la capture début décembre par l'Amisom et l'armée somalienne de la ville stratégique de Jowhar, au nord de Mogadiscio, que les islamistes contrôlaient depuis 2009.
Malgré leurs défaites en série, les shebab restent une menace. Ils contrôlent toujours des zones rurales ainsi que la petite ville côtière de Barawe, à 180 km au sud de Mogadiscio, et mènent des attaques de type guérilla et des attentats suicide dans des zones contrôlées par le gouvernement, dont la capitale.
Débordées numériquement et militairement, les milices extrémistes seraient en train de se relocaliser dans la région de Galgala dans les montagnes de Golis, au Puntland (nord). Cette région difficile d'accès et criblée de grottes est située à la frontière au tracé contesté entre le Puntland et le Somaliland. La zone a longtemps été sous le contrôle d'un chef de guerre local et trafiquant d'armes lié aux shebab, Mohamed Saïd Atom, qui a cependant perdu beaucoup d'hommes au cours d'une offensive menée contre lui par les forces armées du Puntland en 2010-2011. Le repli des shebab vers les zones les plus reculées du pays rappelle la façon dont les talibans afghans en déroute avaient convergé fin 2001 vers Tora Bora.