01/05/2012
afp.com/Mohamed Abdiwahab
MOGADISCIO - Au moins six personnes, dont deux députés, ont été tuées mardi dans une attaque-suicide revendiquée par les rebelles islamistes shebab à Dhusamareb, dans le centre de la Somalie, a-t-on appris auprès d'un responsable local et de témoins.
"L'explosion a frappé un hôtel en ville et a tué plusieurs personnes," a affirmé Mohamed Abudlahi Moalim, un important chef de la milice anti-shebab Ahlu Sunna wal Jamaa, qui contrôle la zone.
"Deux députés et quatre civils ont été tués", a précisé un témoin, Mohamud Ibrahim. Deux autres députés ont été blessés, a-t-il ajouté, précisant qu'un kamikaze s'était fait exploser pendant le déjeuner des victimes.
Selon un autre témoin, Hassan Abdulle, les députés étaient venus discuter de la mise en place d'une administration locale.
"C'était une attaque contre l'ennemi," ont revendiqué les shebab, un mouvement intégré à Al-Qaïda et qui ont juré par perte des autorités somaliennes de transition soutenues par la communauté internationale, dans une déclaration mise en ligne sur le site pro-shebab Shebab Somalimemo.com.
Dhusamareb est une ville stratégique de la région centrale de Galgadud, reprise en mars par Ahlu Sunna wal Jamaa aux shebab.
L'attaque intervient le jour même où l'ONU, l'Union africaine (UA) et l'Autorité intergouvernementale pour le développement (Igad), se sont dite "extrêmement préoccupées" par les effort déployés par certains pour faire dérailler la "feuille de route" signée en septembre pour, enfin, tenter de restaurer une autorité centrale en Somalie.
"La feuille de route continue d'être menacée par des actes d'individus et de groupes à l'intérieur et à l'extérieur de la Somalie, qui s'évertuent à saper le fragile processus que nous avons collectivement établi ces derniers mois," ont-elles dit dans une rare déclaration commune.
"Nous sommes allés trop loin, et trop est en jeu, pour que nous laissions le processus déraper, au moment précis où la meilleure chance de paix en des décennies se présente pour la Somalie," ont poursuivent l'ONU, l'UA et l'Igad, organisation est-africaine dont l'une des missions est de maintenir la paix.
Les autorités somaliennes de transition, des dirigeants de régions plus ou moins autonomes du pays et des milices comme Ahlu Sunna wal Jamaa ont signé en septembre un accord pour la formation d'un nouveau gouvernement d'ici au 20 août. Une nouvelle constitution doit être adoptée et un nouveau Parlement désigné.
La Somalie est sans gouvernement effectif, en état de guerre civile depuis la chute du président Mohamed Siad Barre en 1991.
Depuis cette date, le pays s'est fragmenté et le chaos a favorisé l'émergence de groupes rebelles comme les shebab, de seigneurs de guerre et groupes de pirates qui contrôlent de plus ou moins grandes partie du territoire.
Les tentatives pour restaurer un véritable Etat ont jusqu'ici échoué les unes après les autres.
La capitale Mogadiscio, dont se sont retirés les shebab en août dernier, reste, elle, l'une des capitales les plus dangereuses au monde, régulièrement le théâtre d'attaques aux véhicules piégés.
Ce mardi, deux personnes y sont encore mortes dans l'explosion de leur voiture, chargée d'explosifs, a-t-on appris auprès d'un policier et de témoins, qui n'ont pas pu préciser s'il s'agissait d'une attaque-suicide ou non.
Selon le policier, il n'était pas clair si les deux victimes étaient ou non au courant de la présence d'explosifs dans le véhicule.
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