Somaliland et Puntland misent sur l'éducation pour se créer un avenir
Imprimé le Lundi 14 mai 2012 | 10:04 GMT
HARGEISA (© 2012 AFP) - Relativement préservées du chaos dans lequel sont plongés le sud et le centre de la Somalie depuis 20 ans, les régions dissidentes du Somaliland et du Puntland misent sur l'éducation de leur jeunesse pour se créer un avenir.
10/05/2012 |
Pour la "République du Somaliland", l'enjeu est hautement politique. Depuis qu'elle s'est auto-proclamée indépendante en 1991, à la chute du régime somalien du président Siad Barre qui allait plonger le reste du pays dans la guerre civile, cette région du nord de la Somalie cherche à devenir un pays reconnu par la communauté internationale.
Pour la région autonome voisine du Puntland - fondée en 1998 et qui n'a pas fait sécession mais dispose de ses propres institutions et administration - il s'agit surtout d'éviter que ses jeunes aillent grossir les rangs des pirates somaliens, qui sévissent en majorité depuis ses côtes, ou ceux des islamistes.
"Un pays ne peut être fort que quand il a des ressources humaines", explique à l'AFP la ministre de l'Education et des Etudes supérieures du Somaliland, Zamzam Abdi Adan, qui ne croit pas à une réunification de la Somalie.
"Nous essayons de construire des ressources humaines solides", autour de deux axes prioritaires, "égalité des sexes et intégrité", poursuit cette ancienne professeure, seule femme du gouvernement.
Peu de chiffres sont disponibles, une vaste étude est toujours en cours, mais elle estime qu'entre 50 et 55% des enfants du Somaliland sont scolarisés.
"Nous essayons de convaincre les parents d'envoyer leurs enfants à l'école", explique la ministre, qui a lancé en 2011 la gratuité de l'éducation primaire et commencé à intégrer les professeurs - auparavant payés par les frais de scolarité - dans la fonction publique.
En 2012, le pays va consacrer 10% de son budget national, soit 4 millions d'euros, au secteur éducatif.
Le Puntland voisin compte lui faire passer ce pourcentage de 3,5% cette année à 7% l'an prochain.
"Le secteur éducatif est très important", a assuré récemment son président, Abdirahman Mohamud Farole, à une délégation de l'Union européenne, premier bailleur de fonds de la Somalie, qui consacre 85 millions d'euros par an au secteur éducatif sur l'ensemble du territoire somalien, Somaliland et Puntland compris.
"Plusieurs générations ont été perdues, déjà sous le régime Barre, pas seulement durant la guerre civile", a-t-il souligné. "Nous ne voulons pas d'islamisme radical", a-t-il poursuivi, alors que les shebab, sous pression militaire dans le centre et le sud du pays, sont suspectés de vouloir s'implanter au Puntland.
Lutter contre l'extrêmisme
"L'éducation est la seule manière de contrebalancer l'extrémisme en Somalie", estime le ministre de l'Education de la région autonome, Abdi Farah Said Juxa, "il est important de (...) donner un avenir", aux jeunes de la région.
"Sans éducation, il n'y a pas d'espoir", et les jeunes "iront rejoindre des activités néfastes, telles que la piraterie et la criminalité", poursuit-il.
Le soutien européen "contribue à empêcher que les jeunes non qualifiés plongent dans les activités extrémistes", explique à l'AFP Isabel Faria de Almeida, chef de la section "Education et Développement économique" de la délégation de l'UE pour la Somalie.
Il vise également, ajoute-t-elle, à scolariser plus de filles, encore sous-représentées, particulièrement dans le secondaire, même si leur nombre est en constante augmentation.
Malgré leur volonté affichée et le soutien de l'UE, qui outre la formation, la construction et la réhabilitation d'écoles, paye les salaires d'une partie des professeurs, les deux régions font face à de nombreux défis.
"Les classes sont surchargées, les tables trop peu nombreuses", explique Nassir Jam Bulale, principal de l'Ecole Fadumo Bihi à Hargeisa - "capitale" du Somaliland - où les élèves s'entassent à quatre sur des bancs prévus pour deux.
Pour son collègue, Ali Ahmed Balayah, directeur de l'Ecole Mohamed Ahmed Ali, l'un des problèmes majeurs est le faible salaire des professeurs, environ 100 dollars (75 euros). Résultat, les plus expérimentés partent vers l'enseignement privé, où la paie peut être trois fois plus élevée.
Le ministre de l'Education du Puntland considère lui que la formation des professeurs est "l'une des questions prioritaires" dans sa région.
"Nous avons besoin de plus de classes, plus de professeurs (...) plus d'eau, plus d'électricité, plus de tout", énumère son homologue du Somaliland.
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