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Les raisons du retour de l’Us Army en Afrique

APRES L’ECHEC EN SOMALIE IL Y A 18 ANS

NETTALI.NET - Ce n’est jamais sans intérêt que la puissante Amérique décide d’envoyer ses militaires sur un théâtre d’opérations extérieures, surtout dans le contexte actuel marqué par les stigmates au sein de l’opinion avec les guerres en Irak et en Afghanistan. Mais l’interventionnisme des puissances occidentales a repris droit de cité, surtout pour l’accès aux réserves pétrolières (Libye). Alors pourquoi l’Oncle Sam s’enfonce t-il en forêt équatoriele ?

Le président Barack Obama a annoncé avoir autorisé un petit nombre de soldats américains équipés pour le combat à se déployer en Afrique centrale pour aider les forces de la région oeuvrant à faire quitter le champ de bataille à Joseph Kony, le chef de l’Armée de résistance du seigneur.
Un premier groupe de conseillers américains est arrivé mercredi 12 octobre en Ouganda et d’autres suivront au cours du mois dans les pays voisins : RD Congo, Centrafrique et Soudan du Sud.
Il s’agit du plus important déploiement de troupes en Afrique annoncé par Washington depuis le sanglant fiasco de l’intervention en Somalie en 1993. La LRA, réputée l’une des guérillas les plus brutales du monde, a sévi à partir de 1988 dans le nord de l’Ouganda, mais ses combattants se sont installés depuis dans les pays voisins. L’administration américaine a tenu à préciser que "les soldats américains ne combattraient pas directement les rebelles". Mieux, "nos forces fourniront des renseignements, des conseils et une aide", a assuré M. Obama.
Ce n’est donc pas une opération à grande échelle, mais dans le langage diplomatique, le terme "équipés pour le combat" est lourd, comme l’équipement des forces spéciales. Face aux risques de déstabilisation d’une Afrique centrale qui sort difficilement de vingt ans de tensions, sans compter le soutien à apporter au Soudan du Sud, nouvellement indépendant et allié de Washington, la décision du président Obama se comprend. Ce n’est pas "Restore Hope", opération officiellement humanitaire qui a viré au désastre en Somalie, en 1993, mais un engagement autrement plus pragmatique. La contagion du LRA devait trouver remède, d’autant que les Etats les plus "fragiles" de la zone ne sont pas à l’abri du chaos.
Il y a eu, en 2011, le référendum du Sud-Soudan de janvier et les élections présidentielles en Ouganda de février. "Ces deux pays font, avec la RCA et la RDC, partie d’une problématique dévastatrice autour de la LRA", explique Kris Berwouts, le directeur d’EURAC, le réseau des Ong européennes pour l’Afrique centrale. La LRA, née dans le conflit et les déséquilibres en Ouganda, a pu se développer dans une zone qui s’étend dans les quatre pays.
La LRA n’est pas le seul trait d’union entre l’Afrique centrale et la Corne de l’Afrique (où en Somalie les Shebabs islamistes sèment la terreur), deux régions où des différends locaux et des conflits nationaux ont débordé des frontières nationales parce que les antagonismes locaux ont été polarisés et entremêlés à ceux des pays voisins. L’Ouganda et le Burundi participent à l’AMISOM...
La LRA est accusée de massacres de civils, de mutilations et d’enrôlements forcés d’enfants. En vingt ans, les combats entre la guérilla et les forces ougandaises ont fait plusieurs dizaines de milliers de morts et 1,8 million de déplacés. Ces affrontements ont cessé en 2006, au lancement d’un processus de paix, mais la LRA est depuis demeurée active dans les pays voisins.
La semaine dernière, le responsable de la zone Afrique pour l’armée américaine, le général Carter Ham, a affirmé que Kony, recherché par la Cour pénale internationale (CPI) pour crimes de guerre et crimes contre l’humanité, se trouvait probablement en Centrafrique.