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Somalie: les shebab interdisent à la Croix-Rouge de travailler



Les rebelles islamistes somaliens shebab ont annoncé lundi qu'ils interdisaient au Comité
international de la Croix-Rouge (CICR) de travailler dans les zones sous leur contrôle, ordonnant
à l'organisation d'y cesser toutes ses activités. | Tony Karumba



Les rebelles islamistes somaliens shebab ont annoncé lundi qu'ils interdisaient au Comité international de la Croix-Rouge (CICR) de travailler dans les zones sous leur contrôle, ordonnant à l'organisation d'y cesser toutes ses activités.
Les insurgés affiliés à Al-Qaïda ont indiqué dans un communiqué "avoir décidé de mettre un terme au contrat" avec le CICR, arguant que l'ONG avait distribué de la nourriture "avariée" et avait "accusé à tort les moudjahidine (combattants) d'entraver les distributions alimentaires".
Le CICR était l'une des rares organisations humanitaires travaillant encore dans les zones des sud et centre somaliens contrôlées par les shebab.
Mais l'ONG avait annoncé plus tôt dans le mois la suspension de ses distributions alimentaires dans ces régions, après le blocage de 140 camions d'aide destinée à 240.000 personnes dans les provinces du Moyen Shabelle, l'une de trois régions somaliennes encore en situation de famine selon les Nations unies, et de Galgadud.
Le CICR ne désignait pas alors les autorités ayant intercepté son aide. La région du Moyen Shabelle est contrôlée par les shebab. Celle de Galgadud est plus divisée, contrôlée partiellement par les insurgés mais aussi par une milice ennemie, Ahlu Sunna wal Jamaa.
L'organisation maintenait tout de même d'autres activités dans ces zones troublées du sud et du centre somaliens, notamment des soins de santé et de l'accès à l'eau potable. Elle conserve par ailleurs le reste de ses programmes dans le pays.
Mais selon les rebelles islamistes, le CICR a "rompu (leur) confiance". Ils ont en mesure de rétorsion "brûlé près de 2.000 mètres cubes de rations expirées du CICR destinées à la distribution".
La Somalie a été touchée par la terrible sécheresse de la Corne de l'Afrique. La crise alimentaire y a été aggravée par des combats incessants -- le pays est en état de guerre civile depuis 20 ans. Et l'ONU craint toujours que quelque 250.000 Somaliens ne meurent de faim.
Les shebab avaient déjà forcé en 2009 la majorité des ONG étrangères et agences onusiennes à évacuer les zones sous leur contrôle, les accusant de visées
politiques ou de déstabilisation du marché agricole local.
Et elle avait prononcé en novembre la fermeture de 16 ONG et agences humanitaires de l'ONU accusées "d'activités illégales" en Somalie, tout en menaçant d'interdiction toute autre organisation qui ne respecterait pas leurs règles.
Ces derniers mois, les shebab font face à une pression militaire accrue. Ils avait déjà abandonné leurs positions clé dans Mogadiscio en août, et doivent affronter les incursions de troupes kényanes au sud, et éthiopiennes à l'ouest.

Gestion de la crise somalienne : Rawlings propose d’associer les chefs traditionnels

Jerry John Rawlings
Un dossier du 18e sommet de l’Union africaine (UA) qui se tient dimanche et lundi à Addis-Abeba en Ethiopie, la Somalie retrouve progressivement la stabilité, mais pour une atmosphère de confiance durable, l’envoyé spécial de l’UA, Jerry Rawlings, propose d’associer les chefs traditionnels.


Pour l’ancien président ghanéen interrogé samedi par Xinhua, l’influence de ces personnalités importantes n’a pas été suffisamment utilisée pour réaliser les objectifs de paix poursuivis dans ce pays de la corne de l’Afrique en proie à une guerre civile depuis plus 22 ans.
Question : Comment évolue votre mission de rétablissement de la paix en Somalie ?
Réponse : L’armée a pu rétablir une réelle atmosphère de sécurité. C’est mon constat personnel à propos de ce conflit. C’est le travail que nous avions besoin d’accomplir. J’espère que la mobilisation des ressources que nous sollicitons permettre la mise en place des administrations locales, en vue d’assurer la stabilité autant que de garantir aux différentes communautés certains aspects d’autorité. Les gens sont impatients de voir août arriver. C’est pourquoi ils fondent des espoirs dans la conférence de Londres pour qu’elle crée des opportunités dans cette direction. Nous savons que la conférence de Londres renforce les efforts que nous menons.
Mais, je suis aussi impatient au sujet du rendez-vous d’août, parce que nous aurions pu faire mieux pour accomplir la feuille de route qui nous a été confiée, mais je pense que aussi longtemps que nous pourrons nous réjouir de la sécurité qui a été instaurée par les militaires, nous regardons en même temps vers certains chefs traditionnels. Ce sont des acteurs importants. Je ne pense pas que nous leur avons suffisamment accordé la considération nécessaire que nous aurions dû le faire. Sans eux, la paix et la stabilité n’auront pas été possibles. Nous devons utiliser cet avantage pour faire appel à certains d’entre eux pour nous aider à créer une atmosphère de confiance.
Q : Est-ce facile de gérer une telle crise en comptant sur des financements extérieurs ?
R : Il y a beaucoup à faire avec les ressources financières et la communauté internationale fait du mieux qu’elle peut. Nous avons encore de beaucoup de ressources. Mais, j’insiste que nous devrions utiliser de manière efficiente les capacités des gens sur le terrain. Les chefs traditionnels, je ne pense pas que nous utilisons suffisamment leur influence à la mesure de ce qu’ils peuvent nous apporter pour la stabilité recherchée.
Q : Quelle est aujourd’hui la situation humanitaire ?
R : Il y a une amélioration. Mais, nous aurions tort de dormir sur nos lauriers. La situation demeure obscure et préoccupante. J’espère que les milices al Shabab ne sont pas en train de se retirer pour créer des poches d’insécurité inaccessibles à l’intérieur du territoire somalien. Il est bien vrai qu’elles sont toujours armées et que leur capacité de nuisance reste une source d’inquiétude, mais cela ne doit pas nous faire penser que le processus engagé reste long. Nous avons néanmoins besoin encore d’assistance et je sais pas dans quelle mesure nous pourrions faire appel aux entreprises italiennes afin de régler cette crise.
Propos recueillis par Raphaël MVOGO et Liu Fang

Source: http://www.fratmat.info/