"Cette mise en scène est particulièrement odieuse." Ce sont les mots de Jean-Marc Ayrault lundi à Caen suite à la publication sur Internet de photos du cadavre d'un homme présenté comme le chef du commando ayant échoué à libérer samedi en Somalie l'otage français Denis Allex. "Cette opération, particulièrement dangereuse, a échoué mais le gouvernement la revendique pleinement car il ne peut y avoir de complaisance à l'égard du terrorisme", a ajouté le Premier ministre rappelant que cette opération avait été décidée avant Noël. "Je remercie le presse française de ne pas avoir diffusé ces images qui visent à dégrader", a-t-il déclaré.
Un peu plus tôt dans la journée, les insurgés islamistes somaliens shebab ont publié sur leur compte Twitter trois photos d'un cadavre. "Le commandant français tué durant l'opération de secours bâclée à Bulomarer", indique la légende de la première image, sur laquelle apparaît un jeune homme aux cheveux courts, portant des marques sur le visage. "François Hollande, cela en valait-il la peine?" dit la légende de la deuxième photo sur laquelle le corps apparaît en plan plus large, à côté de matériel militaire, dont des armes.
Trois photos publiées
La troisième photo montre son visage en gros plan. Du col de la chemise dépasse une chaîne et une petite croix chrétienne argentées. "Retour des Croisades, mais la croix n'a pu le sauver du sabre", dit encore la légende. Une quatrième photo décrite comme celle d'une "partie du butin récupéré des forces françaises en fuite" montre deux fusils d'assaut et une arme de poing.
Les islamistes somaliens avaient déjà annoncé plus tôt lundi qu'un soldat français qu'ils disaient avoir fait prisonnier avait succombé à ses blessures. Dans un texte publié en même temps que les photos, les shebab affirment que le soldat était le "commandant dirigeant l'opération", capturé après avoir été grièvement blessé et "abandonné par ses camarades".
Le "sort" de Denis Allex
Le ministre français de la Défense, Jean-Yves Le Drian, avait implicitement confirmé lundi la mort de ce soldat. Il avait également dit craindre, de la part des insurgés somaliens, une "mise en scène macabre" de son corps et de celui de l'otage, Denis Allex, agent des services français de renseignement extérieur (DGSE) enlevé le 14 juillet 2009 à Mogadiscio .
Paris considère très vraisemblable le décès d'Allex depuis l'opération qui n'a pu l'arracher à ses geôliers. Les shebab ont, eux, assuré sans en apporter la preuve, qu'il était encore en vie et entre leurs mains et avaient annoncé leur intention de le juger. Ils ont en effet annoncé lundi sur Twitter être parvenus à "un verdict unanime" sur son "sort". Ils indiquent : "Les détails de ce verdict et des informations relatives aux évènements ayant conduit à l'opération de secours bâclée seront publiés dans les heures à venir, si Dieu le veut."
C.V. (avec AFP) - leJDD.fr
lundi 14 janvier 2013
Source: http://www.lejdd.fr/