Pages

Somalie : L’armée éthiopienne revient chasser les shebab

Somalie : L’armée éthiopienne revient chasser les shebab


















L’Ethiopie est de retours  sur le territoire de son voisin pour combattre les islamistes radicaux. Une intervention qui s’ajoute à celles du Kenya et de l’Union africaine.
L’armée éthiopienne ( photo) a déjà repris la ville de Baidoa  quasiment sans combat le 22 février. Cette ville était contrôlée depuis janvier 2009 par les shebab, qui ont revendiqué leur affiliation à Al-Qaeda et s’opposent au gouvernement central somalien.
Cependant, dans les rues, certains commerces affichent toujours porte close car leurs propriétaires craignent des représailles. «Ils nous appellent et menacent de nous tuer si nous coopérons avec les Ethiopiens», affirme Moalim Ali Barre. En effet, les insurgés, s’ils ont déserté la ville, restent actifs. Il y a une semaine, de violents combats ont éclaté dans une localité située à 70 km de Baidoa.
Les Occidentaux n’interviennent plus directement
Voilà bien longtemps, près de vingt ans, que les Occidentaux ont renoncé à intervenir directement en Somalie, déléguant cette mission aux Africains. Depuis l’année dernière, le sud et le centre de la Somalie sont ainsi le théâtre d’interventions militaires sans précédent de la part de deux pays voisins, l’Ethiopie à l’ouest et le Kenya au sud, dans le but d’éliminer ces islamistes radicaux qui comptent de nombreux jihadistes étrangers dans leurs rangs et qui prônent une charia extrême. La force de l’Union africaine (12 000 soldats ougandais et burundais) a repris le contrôle de la capitale au prix d’offensives coûteuses en hommes.
Le Kenya a lancé une opération militaire mi-octobre, mais peine à progresser plus loin qu’une centaine de kilomètres au-delà de sa frontière. Son armée n’a jamais fait la guerre et la Somalie n’est pas le terrain le plus aisé pour initier des troupes qui ont surtout servi dans le cadre de missions de maintien de la paix, en Sierra Leone ou au Soudan. «Si nous nous précipitons dans cette opération, sans réellement pacifier le territoire, justifie le lieutenant-colonel kényan Jeff Nyaga, les shebab risquent d’attaquer les zones que nous avons prises.» Cet argument est accueilli avec circonspection par les Ethiopiens, qui considèrent l’opération kényane mal préparée et sans stratégie claire. «Les Kényans traînent les pieds et on ne comprend pas pourquoi. En réalité, les shebab ont peur d’une seule armée : la nôtre», confie un diplomate à Addis-Abeba.
Une armée aguerrie
En effet, l’armée éthiopienne est aguerrie. Fin 2006, avec le soutien américain, ses troupes atteignent Mogadiscio et chassent les Tribunaux islamiques. L’occupation suscite une insurrection acharnée. Des centaines de jeunes Somaliens grossissent les rangs des shebab, jusqu’alors minoritaires. Début 2009, l’armée éthiopienne se résout à plier bagages. Un repli aux relents d’échec. Deux ans plus tard, les troupes d’Addis-Abeba sont de retour. Mais, cette fois, affirment ne pas vouloir s’éterniser. «Dans tous les villages que nous avons traversés, la population nous a bien accueillis, les gens en ont assez des shebab», affirme le commandant du contingent éthiopien à Baidoa. Depuis longtemps, l’Ethiopie finance et forme diverses milices somaliennes, afin de garder le contrôle sur son voisin versatile.
Pour beaucoup d’observateurs, se pose de manière urgente la question de l’avenir de ces zones «libérées» par le Kenya, l’Ethiopie ou les troupes de l’Union africaine. Récemment, les Kényans et les Ethiopiens ont entamé des discussions pour tenter de définir une stratégie commune. Le Kenya va bientôt faire partie, à hauteur de 4 660 soldats, de la force de l’Union africaine. L’Ethiopie, elle, ne souhaite pas rejoindre une structure dont elle ne maîtriserait pas le commandement, aux mains des Ougandais.
En marge de ces opérations militaires, une course contre la montre s’est engagée sur le plan politique. Le mandat du gouvernement de transition somalien, entaché par la corruption et l’inefficacité, finit en août. D’ici là, une constitution doit être mise en place. Un diplomate occidental basé à Nairobi constate sans illusion qu’«il reste peu de temps et que tout dépend de la bonne volonté d’individus qui vont tout faire pour s’accrocher au pouvoir».

Source : Libération.fr

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire