Le 3 décembre 1992, alors que les chefs de guerre alors au pouvoir et leurs combattants accaparent l’aide humanitaire, l’ONU vote la Résolution 794 autorisant l’envoi d’une force militaire pour instaurer les conditions de sécurité nécessaires aux opérations humanitaires en Somalie. Le 9 décembre, les militaires de l’UNITAF (United Allied Forces) débarquent dans le cadre de l’opération Restore Hope. Filmée par les caméras des grands médias internationaux, l’arrivée des soldats américains sur les plages somaliennes se fait avec la conviction que la mission se déroulera sans problème. Pour le président Bill Clinton fraîchement élu, ses équipes de la Maison Blanche et le Pentagone, elle est en effet techniquement facile – bien plus facile en tout cas qu’une mission en ex-Yougoslavie, qu’il s’agit alors d’éviter en intervenant en Somalie – car jamais les bandes armées somaliennes n’oseront s’opposer à une force bien organisée et bien équipée. Mieux, le relief plat parcouru d’épineux épars incite l’administration américaine à considérer qu’il sera très difficile pour les chefs de guerre de monter des embuscades contre les unités escortant les convois de ravitaillement dans l’intérieur du pays (1).
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Lorsque la Somalie revient sur le devant de la scène après les attentats du 11 septembre 2001, les États-Unis privilégient ainsi une approche indirecte, maritime d’abord puis terrestre. En 2002, ils mettent en place la Combined Task Force 150 (4) dans le cadre de l’opération Enduring Freedom en Afghanistan, dont l’une des missions est de mener des opérations maritimes dans le golfe d’Aden et sur la côte orientale de la Somalie. Quelques années plus tard, ils appuient également auprès de l’ONU l’Éthiopie dans ses projets d’intervention pour rétablir l’autorité du gouvernement fédéral de transition. L’entrée des forces éthiopiennes dans Mogadiscio le 28 décembre 2006 ne met cependant pas fin aux combats et, lorsqu’elles quittent le pays le 26 janvier 2009, les 8 000 soldats de l’AMISOM, mandatés par l’Union africaine et chargés de la relève, ne contrôlent qu’une petite partie de la capitale.
Notes
(1) Jean-Christophe Mabire, ibid., p. 66.
(2) Pendant le règne de Siad Barré, Aïdid a occupé le poste d’ambassadeur en Inde et de directeur des services secrets somaliens, avant d’être arrêté et emprisonné pendant six années pour traîtrise. Le Congrès de la Somalie Uni a été créé en 1989 avec pour objectif de mettre fin au pouvoir de Siad Barré.
(3) Jean-Christophe Mabire, art. cit., p. 68.
(4) Force opérationnelle navale multinationale dont le quartier général se trouve à Bahreïn, la Combined Task Force 150 est chargée d’assurer une mission de surveillance de l’océan Indien afin de dissuader et d’empêcher les déplacements de groupes terroristes et de lutter contre les trafics qui les financent. En janvier 2009, une autre force internationale, la Combined Task Force 151, est mise en place pour lutter tout particulièrement contre la piraterie au large de la Somalie.