Pour les troupes étrangères qui s'y sont risquées, la Somalie a été un guêpier. Le Kenya n'échappe pas à la règle : son opération militaire contre les miliciens islamistes chababs tourne au fiasco.
22.11.2011 | Abdou Zouré
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Cela fait un peu plus d’un mois que les Kényans se sont lancés aux trousses des chababs en Somalie. Mais le bilan est bien maigre : peu de terroristes tués et de nombreux déboires, et en prime des bavures. Bref, une intervention militaire qui a des allures d'occupation avec des répercussions sur Nairobi (attentats à la bombe dans la capitale kényane). Et, pour ne rien arranger, ce bourbier dans la zone sud de la Somalie qui ralentit la progression des troupes kényanes. Le bilan est donc mitigé : l'enthousiasme du début s'est un peu tiédi et on ne manque pas de s'interroger sur l'issue de cette énième campagne contre les chababs.
On le sait, le Kenya n'a pas été le premier à se lancer à l'assaut des islamistes somaliens. Les Etats-Unis y ont perdu quelques étoiles, l'Ethiopie s'y est brisée quelques dents, la mission de la force de maintien de la paix de l’Union africaine en Somalie (généralement appelée Amisom) a été un échec... Et c'est troublant de constater que la Somalie présente tant de ressemblances avec l'Afghanistan, ce hérisson en boule sur lequel le serpent américain s'est acharné jusqu'à en perdre haleine sans rien obtenir de bon en compensation des civils tués et des nombreux soldats ramenés au pays les pieds devant.
On le sait, le Kenya n'a pas été le premier à se lancer à l'assaut des islamistes somaliens. Les Etats-Unis y ont perdu quelques étoiles, l'Ethiopie s'y est brisée quelques dents, la mission de la force de maintien de la paix de l’Union africaine en Somalie (généralement appelée Amisom) a été un échec... Et c'est troublant de constater que la Somalie présente tant de ressemblances avec l'Afghanistan, ce hérisson en boule sur lequel le serpent américain s'est acharné jusqu'à en perdre haleine sans rien obtenir de bon en compensation des civils tués et des nombreux soldats ramenés au pays les pieds devant.
Dans ce cas, on peut évaluer les chances de réussite de l'armée kényane. Son adversaire maîtrise mieux le terrain, il est quasiment invisible et agit avec les troupes kényanes comme le boa qui laisse sa proie s'aventurer entre ses anneaux dénoués avant de l'enserrer et de l'étouffer. Sans compter que l'efficacité et le caractère insaisissable des milices islamistes imposent qu'on envisage la possibilité que ces hommes en armes sont entrés dans les bonnes grâces des Somaliens.
A ce rythme, on se demande si la belle campagne kényane, qui a pour noble but de venger la présumée violation de son territoire, ne va pas obéir à un scénario à la Waterloo. Si cela advenait, se vérifierait peut-être l'hypothèse que le seul emploi de la force n'est pas le remède au problème chabab. Et qu'il faudrait penser à autre chose, à une sorte de plan B. Un plan qui suppose d'ailleurs que l'on commence par ne plus voir les chababs comme une menace mais comme une organisation bien huilée, un courant politique avec lequel on pourrait discuter par une autre voie que celle des armes. Mais alors, il faudrait accepter de revenir sur le principe immuable du refus de tout dialogue avec des groupes classés terroristes.
Les Occidentaux, principaux soutiens du gouvernement de transition somalien, verront d'un très mauvais œil tout compromis avec les miliciens qu'ils disent faire ami-ami avec la nébuleuse Al-Qaida, leur peste du XXIe siècle. Mais cette option devra être envisagée comme une solution pour ramener la paix dans ce pays. Ces attaques, opérations et autres interventions contre la milice armée ont montré leurs limites et apparaissent comme des solutions ponctuelles et d'ailleurs non fiables, qui compliquent plus qu'elles ne règlent le problème.
Pour preuve, l'opération kényane Linda Chi [Protéger le pays (en swahili)], risque d'aggraver la plaie au lieu de la résorber. On a beau dénier toute légitimité aux chababs, il faudra se résoudre à traiter avec eux. Du moins s'ils ne sont pas vaincus d'ici là. Mais, avec ce Waterloo kényan qui se profile à l'horizon, rien n'est moins sûr.
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