Plusieurs centaines de soldats éthiopiens lourdement armés et circulant à bord de véhicules blindés se sont déployés dans la nuit du 29 janvier dans le sud-ouest de la Somalie. Les troupes éthiopiennes déjà présentes dans le pays depuis le mois de novembre 2011 se trouvent renforcées. Cependant, cette incursion éthiopienne, qui se place dans le cadre d’une offensive contre les rebelles shebabs, n’obéit à aucun mandat international et n’opère pas non plus au sein de la Mission militaire de l’Union africaine (Amison).
« Des centaines de soldats éthiopiens sont entrés dans le district de Luq (dans le sud-ouest de la Somalie) la nuit dernière après avoir traversé la ville frontalière de Dolow, ils sont armés d’armes lourdes et équipés de chars », a déclaré à l’AFP un chef coutumier local. L’information a été confirmée par un commandant des rebelles islamistes somaliens shebabs qui controlent une large part du sud et du centre du pays. Il assure que les « combattants moudjahidines sont prêts à défendre leur sol face à l’ennemi envahisseur ».
Pression militaire accrue contre les shebabs
C’est d’abord le Kenya qui a pris l’initiative, le 14 octobre dernier, en envoyant des troupes, des blindés, des hélicoptères et des avions en terre somalienne, par le sud. Soutenu par les Etats-Unis, le Kenya a justifié son opération militaire en invoquant l’enlèvement de cinq Européens et un Kényan, sur son territoire, par des groupes armés somaliens qui se sont ensuite repliés avec leurs otages en Somalie. Pour le Kenya, il s’agissait de sécuriser la frontière entre les deux pays et surtout, d’en finir avec les milices islamistes shebabs.
Face à cette incursion, le gouvernement somalien fédéral de transition (GFT) a d’abord jugé l’intervention armée de son voisin « inappropriée et inacceptable », mais une semaine plus tard le gouvernement somalien soutenait l’activité des forces kényanes dans son combat contre « la menace posée par les shebabs ».
A son tour, l’armée éthiopienne est intervenue un mois après l’intervention kényane, le 20 novembre dernier. Dans un premier temps, l’annonce a été démentie par le ministère des Affaires étrangères éthiopien ; c’est seulement vendredi dernier que le Premier ministre éthiopien Meles Zenawi a admis publiquement cette offensive contre les shebabs. Il a alors indiqué que ses troupes se retireraient « dès que possible ».
Depuis un an, les shebabs subissent un harcèlement grandissant de la part des forces du gouvernement fédéral de transition, soutenues par quelque 10 000 soldats de l’Union africaine à Mogadiscio. Ils doivent aussi combattre l’offensive de l’armée kényane dans le sud du pays et, à partir de maintenant, une offensive éthiopienne.
Le port de Kismayo, convoitise du Kenya et de l’Ethiopie
Moins officiel, l’objectif de ces incursions pour tenter de déloger les milices shebabs, pourrait être le contrôle du port de Kismayo. Fief des insurgés, celui-ci est aussi bien convoité par le Kenya que par l’Ethiopie. En y installant un gouvernement régional autonome qui sécuriserait la ville et ses environs, en le développant en concomitance avec le port voisin de Lamu, au Kenya, le port de Kismayo pourrait ainsi devenir le grand port de la région, offrant un débouché pour le pétrole du Soudan du Sud qui dépend entièrement du Soudan voisin qui lui est plutôt hostile.
Le port de Kismayo permettrait aussi un accès à la mer sécurisé pour l’Ethiopie qui n’a plus de port depuis l’indépendance de l’Erythrée, en 1991.
Cette offensive militaire de l’Ethiopie en Somalie n’est pas la première. En 2006, elle y avait envoyé 30 000 soldats pour tenter de renverser un mouvement islamiste qui régnait déjà dans le sud du pays. Cette invasion s’était soldée par un échec. En effet, trois ans plus tard, les troupes éthiopiennes se retireraient sans avoir pu rétablir, en Somalie, un ordre durable ni un gouvernement viable, créant même les conditions d’émergence des shebabs.
Publié sur RFI (http://www.rfi.fr)
Pression militaire accrue contre les shebabs
C’est d’abord le Kenya qui a pris l’initiative, le 14 octobre dernier, en envoyant des troupes, des blindés, des hélicoptères et des avions en terre somalienne, par le sud. Soutenu par les Etats-Unis, le Kenya a justifié son opération militaire en invoquant l’enlèvement de cinq Européens et un Kényan, sur son territoire, par des groupes armés somaliens qui se sont ensuite repliés avec leurs otages en Somalie. Pour le Kenya, il s’agissait de sécuriser la frontière entre les deux pays et surtout, d’en finir avec les milices islamistes shebabs.
Face à cette incursion, le gouvernement somalien fédéral de transition (GFT) a d’abord jugé l’intervention armée de son voisin « inappropriée et inacceptable », mais une semaine plus tard le gouvernement somalien soutenait l’activité des forces kényanes dans son combat contre « la menace posée par les shebabs ».
A son tour, l’armée éthiopienne est intervenue un mois après l’intervention kényane, le 20 novembre dernier. Dans un premier temps, l’annonce a été démentie par le ministère des Affaires étrangères éthiopien ; c’est seulement vendredi dernier que le Premier ministre éthiopien Meles Zenawi a admis publiquement cette offensive contre les shebabs. Il a alors indiqué que ses troupes se retireraient « dès que possible ».
Depuis un an, les shebabs subissent un harcèlement grandissant de la part des forces du gouvernement fédéral de transition, soutenues par quelque 10 000 soldats de l’Union africaine à Mogadiscio. Ils doivent aussi combattre l’offensive de l’armée kényane dans le sud du pays et, à partir de maintenant, une offensive éthiopienne.
Le port de Kismayo, convoitise du Kenya et de l’Ethiopie
Moins officiel, l’objectif de ces incursions pour tenter de déloger les milices shebabs, pourrait être le contrôle du port de Kismayo. Fief des insurgés, celui-ci est aussi bien convoité par le Kenya que par l’Ethiopie. En y installant un gouvernement régional autonome qui sécuriserait la ville et ses environs, en le développant en concomitance avec le port voisin de Lamu, au Kenya, le port de Kismayo pourrait ainsi devenir le grand port de la région, offrant un débouché pour le pétrole du Soudan du Sud qui dépend entièrement du Soudan voisin qui lui est plutôt hostile.
Le port de Kismayo permettrait aussi un accès à la mer sécurisé pour l’Ethiopie qui n’a plus de port depuis l’indépendance de l’Erythrée, en 1991.
Cette offensive militaire de l’Ethiopie en Somalie n’est pas la première. En 2006, elle y avait envoyé 30 000 soldats pour tenter de renverser un mouvement islamiste qui régnait déjà dans le sud du pays. Cette invasion s’était soldée par un échec. En effet, trois ans plus tard, les troupes éthiopiennes se retireraient sans avoir pu rétablir, en Somalie, un ordre durable ni un gouvernement viable, créant même les conditions d’émergence des shebabs.
Publié sur RFI (http://www.rfi.fr)
Des soldats du Burundi membres de l'AMISOM, la mission de l'Union africaine en Somalie, patrouillent dans le disctrict de Deynile, le long de la cote au nord de Mogadiscio, le 18 novembre 2011.
Reuters
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