"Les gens reconstruisent leurs maisons," confirme le porte-parole du gouvernement Abdurahman Omar Osman. "La diaspora somalienne revient pour aider (...) Les commerces rouvrent." |
En 1991, Siad Barre allait prendre la fuite sans détruire la capitale somalienne. Mais les décennies de guerre civile et de chaos politique qui allaient suivre feraient le travail, défigurant l'élégante ville du bord de mer et son héritage architectural colonial italien.
Aujourd'hui, 21 ans plus tard et huit mois après l'abandon par les insurgés islamistes shebab de leurs principales positions en ville, la vie reprend pourtant peu à peu son cours à Mogadiscio, et l'immobilier est en plein boom.
Dans les rues de la capitale, qui servaient l'an dernier encore de ligne de front entre les shebab et l'armée somalienne soutenue par la force de l'Union africaine dans le pays (Amisom), la sécurité reste un problème, reconnaît un promoteur, Ahmed Cheick Gure.
Mais "les gens ont décidé qu'ils voulaient reprendre une vie normale," poursuit-il. "Les gens reconstruisent leurs immeubles en ruine," affirme-t-il en montrant un chantier de construction.
Les cicatrices des années de guerre restent visibles. Des centaines de milliers de personnes, déplacées, vivent encore à Mogadiscio dans des abris de fortune, souvent faits de branchages et bouts de plastiques.
Certains ont trouvé refuge dans des carcasses de bâtiment, comme dans la symbolique cathédrale de Mogadiscio, construite du temps de la colonisation italienne et utilisée par les shebab comme champ d'entraînement au tir.
Mais dans le marché de Bakara, célèbre pour avoir abrité la ligne de front et coeur économique de Mogadiscio, les traces des affrontements peu à peu s'estompent.
"Les gens reconstruisent leurs maisons," confirme le porte-parole du gouvernement Abdurahman Omar Osman. "La diaspora somalienne revient pour aider (...) Les commerces rouvrent."
Un peintre en bâtiment, Adan Sharif, le confirme: "nous ne chômons pas ces jours-ci". "Toutes les quatre ou cinq semaines, nous sommes appelés pour un nouveau chantier," dit-il.
La reconstruction coûte cher, mais ceux qui peuvent se le permettre repeignent, comblent les impacts de balles, de grenades.
Spéculation
"Vous ne pouvez pas imaginer combien nous avons dû dépenser," renchérit Abdulkadir Saleban, un épicier, en regardant des ouvriers réparer son magasin. Mais impossible, dit-il, d'obtenir la moindre compensation financière pour les dégâts subis.
La question financière est d'autant plus problématique qu'une spéculation, déjà, s'est installée. "Acheter des terrains est très difficile ces jours-ci, en raison de la hausse des prix," avance un autre promoteur, Abdukadir Bashir.
Le dilemme commence à être le même à la location.
"Les maisons sont devenues très, très chères -- une chambre qui se louait 10 dollars (par mois) (...) se loue aujourd'hui dans les 40 dollars," explique un agent immobilier, Mohamed Abdullahi.
Acheter un bout de terre n'est donc pas simple, et reste un pari sur l'avenir : personne ne peut prédire la situation sécuritaire dans Mogadiscio dans les prochains mois.
Pris en étau dans tout le centre et le sud somaliens par une offensive militaire régionale -- les armées kényane et éthiopienne y interviennent contre eux depuis fin 2011 --, les shebab nient tout affaiblissement.
Ils affirment avoir en fait revu leur stratégie et continuent de mener des attaques de type guérilla, comme des attentats au véhicule piégé, à Mogadiscio notamment.
"Ce qu'on construit aujourd'hui peut facilement être détruit demain", admet ainsi M. Bashir.
URL Source : http://www.lepoint.fr/monde/apres-des-decennies-de-guerre-mogadiscio-en-plein-boom-de-la-construction-04-06-2012-1469016_24.php
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