Londres accueillait jeudi une conférence internationale sur la Somalie. Dévasté par 20 ans de guerre civile, les représentants politiques présents ont loué les progrès politiques et militaires enregistrés dans le pays contre la piraterie, la corruption, et les victoires islamistes. Autant de fléaux dont les puissances occidentales sont pour certains largement responsables par leur contribution au démantèlement politique du pays.
A l’heure même où David Cameron ouvrait jeudi à Londres la conférence de la dernière chance pour la Somalie, le très sérieux site américain « Bureau of Investigative Journalism » révélait que depuis 2007, les américains ont procédé à des opérations et dizaines de frappes de drones en territoire somalien provoquant la mort d’au moins 162 personnes, civils et miliciens islamistes. Une « guerre cachée » menée par Le Joint Special Operations Command (JSOC) chargé de diriger et de coordonner les unités des forces spéciales des différentes branches de l'armée américaine.
Seule l’AMISOM (African union Mission in Somalia) forte de 12.000 hommes, et bientôt de 18.000, aidée financièrement et conseillée par des militaires américains était censée croiser le fer avec avec les islamistes.
Le site rapporte qu’à partir de 2003 de petites équipes des forces spéciales américaines ont mené en Somalie certaines de leurs missions les plus dangereuses depuis les attentats du 11 septembre 2001. Baptisée Task Force Orange et composée d’agents de la CIA et de tireurs d’élites, ces missions visaient à la collecte de renseignements humains et se sont rapidement transformées en mission de démantèlement des forces affiliées à Al-Qaïda dans la Corne de l’Afrique.
Les troupes d'élite du JSOC se sont régulièrement déployées sur le terrain pour des missions de surveillance, reconnaissance, opérations de capture. A partir de juin 2011, les États-Unis ont également commencé à multiplier les frappes de drones en Somalie.
Seule l’AMISOM (African union Mission in Somalia) forte de 12.000 hommes, et bientôt de 18.000, aidée financièrement et conseillée par des militaires américains était censée croiser le fer avec avec les islamistes.
Le site rapporte qu’à partir de 2003 de petites équipes des forces spéciales américaines ont mené en Somalie certaines de leurs missions les plus dangereuses depuis les attentats du 11 septembre 2001. Baptisée Task Force Orange et composée d’agents de la CIA et de tireurs d’élites, ces missions visaient à la collecte de renseignements humains et se sont rapidement transformées en mission de démantèlement des forces affiliées à Al-Qaïda dans la Corne de l’Afrique.
Les troupes d'élite du JSOC se sont régulièrement déployées sur le terrain pour des missions de surveillance, reconnaissance, opérations de capture. A partir de juin 2011, les États-Unis ont également commencé à multiplier les frappes de drones en Somalie.
La balkanisation de la Somalie
Officiellement, hors de question de parachuter un GI en terre somalienne, compte tenu du souvenir laissé par les américains après l’opération militaro-humanitaire Restore Hope en 1992. La première invasion militaire déclenchée au nom de l’ingérence humanitaire a été un fiasco. Diplomate d’origine éthiopienne et spécialiste des mouvements islamiques, Mohammed Hassan estime que « depuis lors, la politique des Etats-Unis a été de maintenir la Somalie sans véritable gouvernement, voire de la balkaniser ».
Les injonctions d’Hillary Clinton à la Somalie de se doter d’un Etat stable assorties d’aides financières ne feront pas illusion très longtemps. Les américains ont beaucoup plus participé à l’effondrement de l’Etat somalien qu’à sa reconstruction. Même la lutte contre la piraterie est une préoccupation relativement récente, d’autant qu’elle permet aux forces de l’OTAN de positionner sa marine militaire dans l’océan indien. Un positionnement stratégique qui pourrait s’avérer très utile dans les années qui viennent.
La cible principale des Etats-Unis en Somalie se nomme al Shabaab, un groupe islamiste soupçonné d’être à l’origine de nombreux attentats au Kenya et de proximité avec Al-Qaïda qui contrôle une grande partie du sud du pays. Dans les faits, la comparaison avec Al-Qaïda est hors-sujet, la coalition qui a subi d'importantes défaites ces derniers temps est beaucoup plus hétéroclite sur un plan idéologique que ce que les américains veulent bien en laisser paraître et ne s'est jamais inscrite dans une logique de terrorisme international.
Présent à la Conférence Internationale de Londres, Alain Juppé a insisté sur les « défis immenses » que représentent « le rétablissement de la paix et la sécurité dans tout le pays » : « Les shebab doivent déposer les armes et renoncer à la violence et il faut mettre fin définitivement à la scandaleuse impunité des pirates », a-t-il dit.
Pirates dont la multiplication des attaques et l’impunité sont précisément le résultat de l’absence d’état. CQFD. Si les patrouilles maritimes ont réussi ces derniers mois à faire baisser l’activité des pirates, ces activités de police ne font que déplacer le problème.
Les injonctions d’Hillary Clinton à la Somalie de se doter d’un Etat stable assorties d’aides financières ne feront pas illusion très longtemps. Les américains ont beaucoup plus participé à l’effondrement de l’Etat somalien qu’à sa reconstruction. Même la lutte contre la piraterie est une préoccupation relativement récente, d’autant qu’elle permet aux forces de l’OTAN de positionner sa marine militaire dans l’océan indien. Un positionnement stratégique qui pourrait s’avérer très utile dans les années qui viennent.
La cible principale des Etats-Unis en Somalie se nomme al Shabaab, un groupe islamiste soupçonné d’être à l’origine de nombreux attentats au Kenya et de proximité avec Al-Qaïda qui contrôle une grande partie du sud du pays. Dans les faits, la comparaison avec Al-Qaïda est hors-sujet, la coalition qui a subi d'importantes défaites ces derniers temps est beaucoup plus hétéroclite sur un plan idéologique que ce que les américains veulent bien en laisser paraître et ne s'est jamais inscrite dans une logique de terrorisme international.
Présent à la Conférence Internationale de Londres, Alain Juppé a insisté sur les « défis immenses » que représentent « le rétablissement de la paix et la sécurité dans tout le pays » : « Les shebab doivent déposer les armes et renoncer à la violence et il faut mettre fin définitivement à la scandaleuse impunité des pirates », a-t-il dit.
Pirates dont la multiplication des attaques et l’impunité sont précisément le résultat de l’absence d’état. CQFD. Si les patrouilles maritimes ont réussi ces derniers mois à faire baisser l’activité des pirates, ces activités de police ne font que déplacer le problème.
Un manque de stratégie politique à long terme
Jeudi à Londres, les participants à la conférence ont loué les récents progrès politique et militaire enregistrés dans le pays dévasté par 20 ans de guerre civile, en alliant aides et pressions pour éliminer les fléaux de la corruption, la piraterie et « la menace terroriste ».
Malgré cette lueur d’espoir, en privé selon l’AFP, nombre de diplomates ont souligné la fragilité du processus politique, après l'accord-cadre signé par les parties somaliennes samedi dernier, qui prévoit la mise en place d'une assemblée constituante chargée de définir les contours d'un futur Etat fédéral, et de préparer des élections à une date indéterminée. Cela fait désormais plus de 20 ans que le Somaliland a proclamé son indépendance. Pas sûr qu'une réunion de 5 heures ne suffise à recoller les morceaux.
Chercheur au CERI et spécialiste de la Somalie, Roland Marchal avait identifié les faiblesses de l’approche occidentale : « La coalition occidentale ne se concentre que sur l’aspect humanitaire, quant au reste elle envoie ses drones et ses Forces spéciales. C’est une vision militaire sans réelle stratégie politique à long terme. Or, on sait très bien que, comme en Afghanistan par exemple, la solution pour la Somalie, si elle comporte un aspect militaire, est d’abord et avant tout politique, et doit prendre en compte toutes les sensibilités, y compris Shebab ».
Malgré cette lueur d’espoir, en privé selon l’AFP, nombre de diplomates ont souligné la fragilité du processus politique, après l'accord-cadre signé par les parties somaliennes samedi dernier, qui prévoit la mise en place d'une assemblée constituante chargée de définir les contours d'un futur Etat fédéral, et de préparer des élections à une date indéterminée. Cela fait désormais plus de 20 ans que le Somaliland a proclamé son indépendance. Pas sûr qu'une réunion de 5 heures ne suffise à recoller les morceaux.
Chercheur au CERI et spécialiste de la Somalie, Roland Marchal avait identifié les faiblesses de l’approche occidentale : « La coalition occidentale ne se concentre que sur l’aspect humanitaire, quant au reste elle envoie ses drones et ses Forces spéciales. C’est une vision militaire sans réelle stratégie politique à long terme. Or, on sait très bien que, comme en Afghanistan par exemple, la solution pour la Somalie, si elle comporte un aspect militaire, est d’abord et avant tout politique, et doit prendre en compte toutes les sensibilités, y compris Shebab ».
Source : http://www.marianne2.fr
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire