La seule solution militaire ne sera pas suffisante en Somalie Photo: Kate Holt/IRIN |
LONDRES, 26 février 2012 (IRIN) - La Conférence de Londres sur la Somalie s’est conclue par l’adoption d’un plan en sept points visant à renforcer l’aide humanitaire et le soutien aux soldats de l’Union africaine (UA), et à prendre des mesures plus strictes contre la piraterie, mais elle « n’a pas fait état des mesures requises pour remédier aux risques auxquels les civils sont confrontés », a indiqué Amnesty International.
« La récente recrudescence des opérations militaires accroît la vulnérabilité des civils face aux attaques et au déplacement, tandis que le nombre d’armes se multiplie, dans un pays déjà envahi par les armes », a dit Bénédicte Goderiaux, chercheuse sur la Somalie à Amnesty International.
« C’est une combinaison mortelle qui pourrait alimenter de nouvelles atteintes aux droits humains. Lors de cette conférence, nous espérions voir se déployer des efforts plus soutenus afin de renforcer la sécurité de la population somalienne ».
Le Secrétaire général des Nations Unies Ban Ki-moon, la Secrétaire d’État américaine Hillary Clinton, l’Union africaine et la Ligue des États arabes, des Présidents des pays de la région, une délégation de représentants somaliens, notamment le Président, le Premier ministre et le président du Gouvernement fédéral de transition (GFT) – ainsi que de nouveaux acteurs, comme le Qatar et la Turquie – ont participé à la Conférence du 23 février.
Les intervenants qui se sont succédé à la tribune ont exhorté le Gouvernement fédéral de transition (GFT) somalien à résoudre la situation politique, rapidement. Mme Clinton a dit : « Le temps presse et notre position est claire, la communauté internationale ne soutiendra aucune prorogation du mandat du GFT au-delà de la date fixée par la feuille de route, soit le 20 août ... Il est temps – il est plus que temps – de s’atteler à la tâche et de faire ce qu’il faut pour ramener la stabilité en Somalie pour la première fois dans la vie de nombreux habitants ... Les tentatives d’empêcher les avancées et de maintenir le statu quo ne seront pas tolérées ».
La Turquie joue un rôle de plus en plus important dans le dossier somalien, et son ministre des Affaires étrangères, Ahmet Davutoglu, a appelé ses confrères à faire preuve de davantage d’audace. « Nous devons être visibles et présents sur le terrain. Nous ne pouvons pas nous contenter de participer à des conférences organisées loin de la Somalie. Nous devons être sur le terrain ... Nous appelons donc les pays participants à ouvrir des ambassades. D’un point de vue psychologique, il est très important de donner l’impression que la situation va se normaliser en Somalie ».
Discuter avec Al-Shabab ?
Le ministre Qatari, Dr Khalid bin Mohammed al Attiyah, a appelé à la participation d’Al-Shabab au processus de renforcement de la confiance et à l’inclusion de toutes les parties somaliennes. « À cette étape du processus, l’exclusion de toute partie retardera ces efforts », a-t-il dit, « et rendra toute discussion sur la sécurité et la stabilité irréaliste et incohérente avec les réalités du terrain en Somalie ».
Mme Clinton « s’est fermement opposée » à tout engagement avec Al-Shabab, mais des signes ont montré que certains partenaires européens des États-Unis ne seraient pas aussi catégoriques. Le ministre des Affaires étrangères italien, Giuliomaria Terzi, a souligné que les insurgés contrôlaient toujours plus d’un tiers de la Somalie et a ajouté, « Leur capacité à contrôler ce territoire ne réside pas seulement dans l’utilisation de la coercition ».
Lors de la conférence, l’accent a surtout été mis sur les solutions militaires, ce qui inquiète les organisations humanitaires qui tentent de travailler des deux côtés de la ligne de front dans le sud et le centre du pays. Le Premier ministre du GFT, Abdiweli Mohamed Ali, a apporté son soutien à la possibilité de frappes aériennes ciblées contre ceux qu’il considère comme des membres d’Al Qaïda.
Mandat de l’AMISOM
La résolution du Conseil de sécurité a été généralement bien accueillie : elle prévoit la prorogation du mandat de la Mission de l’Union africaine en Somalie (AMISOM), un financement plus stable, la fourniture d’équipements supplémentaires et l’envoi de troupes supplémentaires. Les Kényans, qui sont déjà présents en Somalie (les soldats éthiopiens ne sont pas concernés) ne seront pas « transférés » au sein des forces de l’AMISOM.
Le président kényan Mwai Kibaki et le Premier ministre éthiopien Meles Zenawi se sont félicités des succès rencontrés par leurs troupes ces derniers jours, notamment la prise de Baïdoa et l’extension de ce qu’ils considèrent être les zones libérées du sud. L’hôte de la conférence, le Premier ministre britannique David Cameron, a annoncé la création d’un fonds de stabilité pour les zones qui sont à nouveau sous le contrôle du gouvernement de transition. Ce fonds recevrait les contributions de la Grande Bretagne, des Pays-Bas, de la Norvège, du Danemark et des Émirats Arabes Unis.
« Il est absolument nécessaire », a dit M. Cameron, « d’aider les populations des zones reprises à Al-Shabab à construire des zones plus sûres et mieux gouvernées, et de montrer aux populations des zones qui sont toujours sous le contrôle d’Al-Shabab qu’il y a une meilleure alternative ».
Aide aux réfugiés
Ces zones sont également surveillées par le Kenya, qui plie sous le poids du grand camp de réfugiés de Dadaab, situé à proximité de la frontière orientale avec la Somalie. M. Kibaki a dit : « Le Kenya espère que cette conférence permettra d’élaborer des solutions fermes et durables, y compris le retour de ces populations vers leur pays d’origine ... Les acteurs humanitaires devraient maintenant installer ces populations dans les zones libérées d’Al-Shabab. Il s’agit d’une question extrêmement urgente, car le Kenya ne peut plus supporter le fardeau lié à cette situation ».
Rahma Ahmed, coordinateur du Somali Relief and Development Forum, a toutefois dit à IRIN : « Nous pensons que ni la brutale détérioration de la situation sécuritaire à Dadaab ni l’évolution de la situation en Somalie, qui demeure instable – y compris dans les zones identifiées par le gouvernement du Kenya dans l’optique du rapatriement – ne sont suffisantes pour mettre en œuvre un programme de rapatriement conforme au droit international des réfugiés et au droit international des droits de l’homme ».
La Grande-Bretagne a annoncé un plan triennal d’aide visant à aider les réfugiés – le Kenya devrait recevoir plus de 56 millions de dollars et l’Éthiopie plus de 23 millions de dollars. Un porte-parole du Département du développement international du Royaume-Uni a dit à IRIN que ces sommes n’étaient pas destinées à financer le rapatriement; mais à être utilisées pour les camps de réfugiés, où elles pourraient permettre d’améliorer les conditions de vie.
[Cet article ne reflète pas nécessairement les vues des Nations Unies]
Source : http://www.irinnews.org/fr/ReportFrench.aspx?reportid=94952
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