On trouvera ci-après le discours que le Secrétaire général de l’ONU, M. Ban Ki-moon, a prononcé lors du débat du Conseil de sécurité sur la Somalie, le 5 mars:
Je vous remercie de me donner l’occasion d’informer le Conseil de sécurité de l’évolution de la situation en Somalie. Je remercie S. E. M. Henry Bellingham, Sous-Secrétaire d’État parlementaire britannique, de présider la présente séance durant la présidence du Conseil par son pays. Je salue le rôle de chef de file et les efforts du Royaume-Uni dans le but de maintenir l’appui international à la Somalie suite à la conférence de Londres.
Il s’agit d’un moment décisif pour la Somalie. Depuis mon dernier exposé au Conseil, trois faits nouveaux essentiels ont donné un élan considérable au processus de paix en Somalie: premièrement, la deuxième Conférence consultative de Garowe, tenue le mois dernier; deuxièmement, l’adoption de la résolution 2036 (2012) du Conseil de sécurité qui augmente les effectifs de la Mission de l’Union africaine en Somalie (AMISOM) et lui fournit des ressources suffisantes; et, troisièmement, la conférence de Londres, tenue il y a seulement 11 jours.
Ces faits, qui se sont succédé rapidement, en moins d’un mois, offrent au peuple somalien et à la communauté internationale une rare occasion de faire progresser rapidement le processus de paix, même s’il convient de garder un optimisme prudent, et de faire en sorte que la Somalie retrouve pleinement sa place sur la scène internationale. Les Principes de Garowe définissent des mesures claires à prendre pour que la période de transition s’achève d’ici à août prochain et pour mettre en place une nouvelle structure politique. Je me félicite en particulier de l’inclusion d’une disposition exigeant que les femmes occupent au minimum 30 % des sièges à la Commission électorale indépendante, à l’Assemblée constituante et au nouveau Parlement fédéral.
La décision du Conseil de sécurité d’approuver l’augmentation des effectifs de la Mission de l’Union africaine en Somalie fait suite aux gains importants réalisés par l’AMISOM, les forces du Gouvernement fédéral de transition et leurs partenaires dans le cadre des opérations militaires menées contre Al-Chabab. Ce nouvel appui sera décisif pour permettre au Gouvernement fédéral de transition d’étendre son autorité dans toute la région du centre-sud de la Somalie, et de réduire sensiblement la capacité militaire de l’insurrection dans tout le pays. Il faut que les progrès sur le plan militaire soient consolidés par les responsables politiques somaliens, qui doivent continuer d’avancer dans la mise en œuvre de la feuille de route visant à mettre fin à la transition, fondement d’une paix et d’une stabilité durables en Somalie.
La conférence de Londres a réaffirmé la volonté de la communauté internationale d’appuyer fermement la mise en place des nouvelles institutions qui devraient permettre d’achever la transition, de fournir un appui à l’AMISOM qui lui permettra de maintenir le processus politique et d’apporter un appui international soutenu au relèvement et au développement du pays. La conférence de Londres a également renforcé la détermination de la communauté internationale à défendre les droits de l’homme et à accroître l’aide humanitaire.
La conférence de Londres s’est tenue durant une période de répit dans la crise humanitaire en Somalie. L’aide humanitaire importante qui continue d’être fournie ainsi que des récoltes exceptionnelles ont permis d’améliorer la situation. Néanmoins, ces progrès sont extrêmement fragiles et ont toute chance de s’effacer au cours des prochains mois, à l’approche de la période de vaches maigres et avant la prochaine période de récoltes la plus importante, en août. La Somalie n’est pas hors de danger.
À Londres, j’ai tenu de nombreuses réunions, y compris avec le Président Cheikh Charif Cheikh Ahmed, les principales parties prenantes et des dirigeants de la région. Mes interlocuteurs ont remercié l’ONU, ont appelé à une aide soutenue et se sont félicités de la décision du Conseil d’appuyer l’AMISOM. Il m’a été assuré que la garde militaire, telle qu’autorisée par le Conseil, serait déployée. Bien entendu, j’attends avec impatience le jour où les forces somaliennes pourront assurer elles-mêmes la sécurité, rendant cette force inutile. J’ai également abordé le problème de la piraterie en Somalie avec M. Koji Sekimizu, Secrétaire général de l’Organisation maritime internationale. Nous avons convenu non seulement que la sécurité, la dissuasion et les poursuites en justice sont nécessaires, mais que l’éducation et l’emploi sont tout aussi importants.
Suite à l’annonce que j’ai faite en décembre lors de ma visite à Mogadiscio, j’ai le plaisir d’informer le Conseil que mon Représentant spécial exerce désormais ses fonctions dans la capitale. Les activités principales du Bureau politique des Nations Unies pour la Somalie (UNPOS) sont transférées en premier. Il s’agit notamment de mener des activités de bons offices auprès des acteurs somaliens les plus influents sur la scène politique et sur le plan de la sécurité à Mogadiscio, y compris le Comité mixte de sécurité; d’aider à la mise en œuvre de la feuille de route; d’assurer une coordination avec l’AMISOM, l’Autorité intergouvernementale pour le développement, l’équipe de pays des Nations Unies et la communauté internationale à Mogadiscio; de fournir en temps voulu des informations et une analyse fiables sur des questions politiques; et de mettre en œuvre les priorités essentielles de la Mission et les tâches confiées dans les circonscriptions clefs. D’autres membres du personnel seront déployés à mesure que des logements et d’autres installations logistiques deviennent disponibles. Nous avons l’intention de transférer du personnel supplémentaire de Nairobi à la Somalie dans les semaines à venir.
Il est essentiel de maintenir cet élan. Je remercie la Turquie d’avoir accepté d’accueillir à Istanbul la deuxième conférence internationale, dont j’attends la tenue avec intérêt. J’encourage d’autres acteurs à y participer au plus haut niveau. S’il souhaite que les Somaliens continuent d’être mobilisés et responsables, le Conseil de sécurité doit s’engager sur le long terme et fournir un appui soutenu au processus politique et aux activités liées à la sécurité et au relèvement.
Je demande au Conseil de sécurité d’encourager tous les participants à la conférence de Londres et l’ensemble de la communauté internationale à appuyer la mise en œuvre du communiqué de Londres. En ce qui concerne l’UNPOS en particulier, il faudra fournir immédiatement les ressources humaines et financières nécessaires pour mettre en place les processus et structures qui permettront de terminer la période de transition de manière satisfaisante dans un délai très court. Mon Représentant spécial reviendra plus en détail sur ces points et d’autres faits nouveaux, ainsi que sur les plans pour le reste de la période de transition.
Comme je l’ai souligné à la conférence de Londres, en particulier auprès des responsables somaliens, une nouvelle possibilité d’établir la paix et la stabilité est offerte. Mais pas pour longtemps. Nous ne pouvons pas nous permettre de la laisser passer.
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