François Hollande l'a confirmé ce mercredi : l'agent de la DSGE retenu en otage en Somalie est mort lors de l'opération menée la semaine dernière pour le libérer. Thierry Jouan, ancien membre du "Service Action" de la DGSE et auteur de "Une vie dans l'ombre" (éditions du Rocher), explique les difficultés de cette intervention, pourtant nécessaire.
Denis Allex sur une vidéo diffusée par les shebab en juin 2010 (AP/SIPA)
En tant qu'ancien officier, je ne veux pas parler d'échec ou de fiasco de l'opération de sauvetage de Denis Allex car nous sommes en guerre contre le terrorisme international et cette opération, quel que soit son résultat, est une pierre de plus dans l'édifice vers la victoire contre le terrorisme.
La mission devait être faite, elle s'est faite et elle n'est toujours pas officiellement terminée.
La Somalie, ce n'est pas l'Auvergne
Je pense d'abord aux deux soldats morts au combat qui, comme ceux de la DGSE engagés dans l'assaut sur la grotte d'Ouvéa en Nouvelle-Calédonie, en 1988, étaient issus du CPIS de Perpignan, la "Force Spéciale" du Service Action. Ils savent agir vite, fort, bien, avec discrétion. Mais une opération d'extraction est toujours très compliquée. Et la Somalie, ce n'est pas l'Auvergne. Le renseignement de type humain est très difficile à obtenir sur place.
Denis Allex était le plus ancien otage français détenu à l'étranger. Certains s'interrogent : aurait-on dû ou pu le libérer plus tôt ? Dès le lendemain de sa capture à Mogadiscio le 14 juillet 2009, une cellule de crise a été créée à la DGSE pour préparer son extradition. Mais, je le répète, c'est extrêmement difficile d'obtenir des renseignements fiables, recoupés, d'autant plus que les terroristes déplacent leurs otages.
J'ai certainement croisé Denis Allex lors d'opérations
J'ai moi-même été retenu en captivité pendant un mois, quelque part en "Indochine", comme je le raconte dans mon livre. Même si c'était difficile, c'était sans commune mesure avec le cauchemar qu'a vécu Denis Allex. Et je pense d'autant plus à lui que j'ai dû le croiser, sur des zones de saut ou lors de certains entraînements.
La menace actuelle n'est pas celle que j'ai connue à l'époque où je servais au "Service Action" de la DGSE. Il est clair que désormais elle est d'ordre terroriste et qu'une des méthodes de ces terroristes est la prise d'otage avec demande de rançon pour acheter des armes. Cela est pris en compte aujourd'hui dans la formation des agents.
Au final, je tiens à saluer la position courageuse du gouvernement et de l'état-major des armées d'avoir mené concomitamment les opérations en Somalie et au Mali. La guerre contre le terrorisme est une guerre de longue haleine.
Propos recueillis par Olivier Mauraisin.
Source : http://leplus.nouvelobs.com
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