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VENDREDI 19 FEVRIER 1993, MOINS EXSANGUE ET AFFAMEE QU'AU DEBUT DE RESTORE HOPE LA SOMALIE RESTE IMPREVISIBLE

La Somalie reste imprévisible

Que laissent derrière eux les Américains, qui se préparent à passer la main à l'ONU en Somalie?

Certainement un pays moins exsangue et affamé qu'à leur arrivée, mais où rien n'est réglé, tant en ce qui concerne la sécurité que l'avenir politique du pays.


Marines US engagé dans l'Opération "Restore Hope" au coté d'une patrouille onusienne, composé de soldats de PakBat (Bataillon pakistanais) d'UNOSOM III.
 Les milieux diplomatiques et humanitaires redoutent une nouvelle explosion, une fois que le dispositif américain, principale force de dissuasion de «Restore Hope», se sera retiré, laissant la place à des troupes moins «impressionnantes» pour les factions somaliennes.

Les chefs de guerre ne se sont toujours pas mis d'accord sur les modalités du cessez-le-feu ni sur les critères de participation à retenir pour la conférence de réconciliation nationale prévue le 15 mars à Addis-Abeba, en Éthiopie. Celle-ci doit être précédée d'une réunion sur l'aide à la reconstruction du pays dévasté par deux ans de guerre civile.

Les 14 factions - dont celles des deux principaux chefs de guerre, Mohamed Farah Aïdid, basé dans le sud de Mogadiscio, et Ali Mahdi Mohamed, installé au nord de la capitale - s'étaient mises d'accord en janvier à Addis-Abeba sur les principes d'un désarmement et du cessez-le-feu. Elles n'ont pas été capables de respecter l'ultimatum, fixé au 15 février par les responsables de l'ONU et des forces alliées, pour dresser un état de leurs armements et des effectifs de leurs milices. Lors d'une réunion du Comité sur le cessez-le-feu, à laquelle 12 factions seulement étaient représentées, trois petites factions ont répondu de façon satisfaisante et celle d'Ali Mahdi de façon partielle, selon l'ONU. L'ultimatum a donc été repoussé à la semaine suivante.

Les Marines et l'ambassadeur américain Robert Oakley n'ont pas réussi à réconcilier les deux principaux chefs de guerre qui se disputent le port de Kismayo, dans le sud du pays. Leurs efforts pour réunir les anciens de chacun des deux clans ont échoué cette semaine et les troupes belges et américaines ont dû se déployer pour séparer les adeversaires.

Les armes lourdes des factions, qui auraient dû être cantonnées dans des lieux précis, ont disparu des grands axes et des agglomérations où opèrent les forces internationales. À Mogadiscio, les échanges de coups de feu sont fréquents et les saisies d'armes se poursuivent. Des Somaliens n'ont pas hésité ces derniers jours à tirer sur des soldats de la coalition internationale: des Australiens ont été attaqués à Baidoa, un des principaux centres de distribution de l'aide humanitaire, à 250 km au nord-ouest de Mogadiscio. Près du port de Mogadiscio, ce sont des soldats des Émirats arabes unis qui ont subi des assauts.

Récemment, un médecin somalien de l'Unicef a été tué par des voleurs qui convoitaient sa voiture et le siège de l'Unicef a été attaqué et pillé dans la nuit de lundi à mardi. D'autres véhicules ont été volés au Comité international de la Croix-Rouge qui envisage de diminuer ses déplacements terrestres. Le CICR a perdu plusieurs de ses employés somaliens, tués par une mine dans le Somaliland, au nord-ouest du pays, où renaît la tension. Cette région, qui a autoproclamé son indépendance, refuse le déploiement de forces de l'ONU sur son territoire dans le cadre de l'opération Unosom-2 qui devrait prendre le relais de «Restore Hope» d'ici fin avril, craignant que l'ONU ne le pousse à la réunification avec Mogadiscio.

Les forces internationales, sous la direction des Américains, avaient concentré leurs opérations sur le centre et le sud du pays, mais elles n'étaient intervenues ni dans le Somaliland ni dans la région de Galkayo-Bossasso, au nord-est. (AFP.)

Source : http://archives.lesoir.be/


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