Pages

Vendredi 8 janvier 1993, Cessez-le-feu, désarmement? Encore des désaccords entre les chefs somaliens

Face aux harcèlements de tireurs somaliens, les troupes américaines ont frappé du poing sur la table hier à l'aube...

Les soldats américains en Somalie ont effectué, jeudi, au petit matin, leur plus importante opération militaire depuis leur débarquement, le 9 décembre: avec des hélicoptères et des chars, ils ont donné l'assaut à deux positions contrôlées par les forces du général Mohamed Farrah Aidid, l'un des deux hommes forts du pays, dans le nord-ouest de Mogadiscio.
Cette opération avait apparemment pour but de lutter contre les actions de tireurs isolés qui, depuis le début de l'opération «Rendre l'espoir», prennent pour cibles les soldats américains.
Mercredi soir, environ 400 soldats ont ainsi encerclé les deux bâtiments d'où étaient venus des tirs ces derniers jours et où les hommes du général Aidid avaient accepté de déposer leurs armes. Pendant la nuit, les Américains ont diffusé par haut-parleurs des messages ordonnant aux occupants de se rendre avant 6 heures du matin. Au petit matin, ils ont donné l'assaut.
Ils ont attaqué avec des hélicoptères Cobra AH-1, des jeeps Humvee équipées de missiles antichars, des chars M1A1 et des véhicules légers. L'assaut a duré 20 minutes et n'a fait officiellement qu'un blessé parmi les troupes américaines, un marine touché par erreur par un de ses camarades. Aucun bilan d'éventuelles victimes somaliennes n'a été publié.

Au moins 13 personnes ont été arrêtées après cet assaut et les Américains ont saisi tout un arsenal, dont des chars, des armes de DCA, des mortiers et une quinzaine de pièces d'artillerie. L'entourage du général Aidid a affirmé que les tirs venant de ces deux endroits avaient été le fait de tireurs isolés, agissant sans contrôle.

Cette démonstration de force des Américains prouve que la situation reste loin d'être satisfaisante en Somalie sur le plan de la sécurité, presque un mois après le début de l'opération «Rendre l'espoir». Les accrochages continuent, soit entre clans rivaux, soit dirigés contre des Occidentaux.

Ainsi, mercredi soir, un briefing des marines tenu dans l'ancienne ambassade américaine avait été interrompu par des tirs entre clans rivaux de l'autre côté de la rue. Jeudi matin, c'est un camion de l'organisation humanitaire Care qui a été mitraillé par des tireurs; ses deux occupants ont été blessés.

La France reste «très préoccupée» par la situation en matière de sécurité, a souligné à Paris le porte-parole du Quai d'Orsay Daniel Bernard. C'est pourquoi nous continuons à dire depuis le début, et nous l'avons constamment répété, qu'il était essentiel qu'il soit procédé au désarmement des différentes factions.

Mais sur le plan politique, il reste encore du chemin à faire: s'ils se sont mis d'accord sur la nécessité d'une conférence de réconciliation nationale en avril, les chefs de guerre somaliens - réunis depuis trois jours à Addis-Abeba - divergent sur d'autres points.
Onze factions somaliennes ont demandé, jeudi, aux troupes étrangères qui participent à l'opération «Rendre espoir», de désarmer toutes les milices du pays. Elles ont lancé leur appel en marge des pourparlers préparatoires à la conférence de réconciliation nationale qui se déroule dans la capitale éthiopienne.

Les signataires de l'appel représentent des factions alignées à des degrés divers sur Ali Mahdi Mohamed, le principal rival de Mohamed Farah Aidid. Le refus de ce dernier d'accepter une date pour une conférence de réconciliation nationale empêche tout progrès substantiel des pourparlers.

Il réclame comme préalable un cessez-le-feu et la pacification de l'ensemble du pays. Ses adversaires estiment qu'un tel délai permettrait à Mohamed Farah Aidid de renforcer son autorité sur les régions qu'il contrôle déjà. L'ONU, sous l'égide de laquelle se tiennent les pourparlers, tient à ce que les 15 factions présentes à Addis-Abeba se mettent d'accord sur la date d'ouverture de la conférence ainsi que sur l'endroit où elle se tiendra. Sans un consensus, tout accord n'aurait aucun impact sur le terrain, fait-elle valoir. Les pourparlers auraient dû s'achever mardi, mais, l'ONU étant bien décidée à obtenir des résultats, il est probable qu'ils se prolongeront jusqu'à vendredi. (D'après AP, Reuter.)

Source: http://archives.lesoir.be/

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire